NOTES MAISONS CANONIALES LISIEUX



NOTES les MAISONS CANONIALES de LISIEUX
Michel COTTIN 1992-1993

Les études en cours un peu partout en France sur les quartiers canoniaux, nous amènent à rechercher dans quelle mesure la Normandie n’aurait pas conservé de tels ensembles architecturaux dignes d’intérêt. Si la plupart des villes normandes sièges d’évêché: Rouen, Sées, Bayeux, ont dans l’ensemble conservé un patrimoine important autour de leur cathédrale, d’autres telles Evreux, Lisieux, Coutances et Avranches ont eu beaucoup à souffrir des destructions de la guerre de 1939-1945 qui vit leur centre disparaître sous les bombardements. Pour toutes, curieusement leurs maisons canoniales ont en grande partie fait l’objet de transformations radicales, parfois depuis très longtemps, c’est le cas de Bayeux où les plans les plus anciens laissent difficilement à reconnaître un regroupement cohérent et d’Evreux où tout le quartier de la cathédrale fut reconstruit au XIX e siècle. Restent les villes épiscopales de Sées qui a elle seule mériterait une étude en raison de la cohésion de son quartier canonial et de la conservation d’une bonne partie de son cadastre ancien, de Lisieux et de Coutances dont quelques éléments épars, généralement oubliés, subsistent cependant.

HISTORIQUE

On désignait à Lisieux, sous le nom de maisons canoniales, certaines maisons ou groupes de maisons attribuées à quelques chanoines prébendés de l’ancien chapitre canonial de la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux.

Les enclos canoniaux

Originairement, la règle [1] impliquait une communauté de vie entre l’évêque et ses clercs dans la maison de l’évêque mais au fil des ans cette règle connut des aménagements et tout particulièrement après 947, dans la France du Nord, les chanoines ne sont plus tenus de vivre en communauté. et si certains exercices continuèrent à se pratiquer en commun, chacun conquit sa liberté d’habitation. Leurs maisons étaient situées à proximité de la Cathédrale, dans la rue Porte de la Chaussée, sur la place Canoniale ou Friche aux Chanoines [2], dans la rue aux Chanoines[3], l’impasse Cardin-Martin [4], la rue au Cerf[5], la Grand’Rue [6] et la rue du Pont-Mortain.

En beaucoup d’endroits [7]ces maisons, regroupées, étaient entourées d’une enceinte.

Les nombreuses transformations du quartier du Friche aux Chanoines depuis la guerre de Cent Ans et la construction de la nouvelle enceinte dans les premières années du XV e siècle, ne permettent plus de se faire une idée précise du mode de groupement de ces maisons antérieurement à cette époque. Aucune trace, ni archéologique ni documentaire ne permettent de savoir si les maisons canoniales de cette partie de la ville, étaient encloses. Détaillant les différents groupes de maisons canoniales, Formeville les désigne sous le nom de pourpris [8]ce qui introduit une notion d’espace bien délimité qui, à la rigueur, pourrait convenir à celles du nord, mais ne signifie plus rien pour certains autres groupes enclavés dans le tissu laïc urbain. Seule subsiste la certitude qu’à partir du XV e siècle, l’enceinte nouvelle enfermait le quartier canonial de la Chaussée au nord et à l’Ouest tandis qu’à l’est un certain nombre de maisons étaient bornées par l’Impasse Cardin-Martin, elle-même jouxtant le Palais épiscopal. Cet ensemble resta le plus cohérent jusqu’à la Révolution puisque
depuis l’impasse au Friche aux Chanoines et de celui-ci à la Porte de la Chaussée, la totalité de l’espace était occupé par les maisons canoniales, ce qui, ajouté au Palais et à la demeure du Doyen représentait une part non négligeable de la surface enclose.

Il semblerait, à l’examen des maçonneries arrières de la Maison Sainte-Catherine 2 e portion et de la Maison Saint-Leu sur lesquelles s’appuient des constructions en pans de bois – disposition assez rare à Lisieux – que celles-ci pouvaient constituer une protection légère. Sans être encloses dans une même enceinte, chacune d’elle pouvait constituer une petite unité « fortifiée ».

Topographie du quartier

La muraille antique ayant été éventrée au droit de la nouvelle cathédrale par l’évêque Herbert (1026-1049), l’expansion de la ville commença probablement, par le front nord-ouest, au-delà des limites de la « cité »[9]terme sous lequel on désignait aux XII e – XIII e siècles la partie encore enclose dans les limites de l’ancien castrum.

Peu d’années plus tard, l’évêque Jean I er (1107-1141) entreprit de relever les murailles de la ville, ouvrant peut-être son programme en bordure de la Touques[10]par la Porte de Caen dont les deux tours carrées – en grande partie masquées par des enduits ou des bardages donc peu visibles et partant, difficilement datables – subsistent encore de nos jours. Les destructions du XIX e siècle et de 1944 ont fait disparaître toutes les autres traces de constructions qui s’élevaient dans ce quartier. En premier lieu celles de l’Hôtel-Dieu, construit au bas de la Grande-Rue. La tradition à laquelle se référait Louis DU BOIS[11] et une mention relevée par VASSEUR situaient la fondation de cet établissement entre 1160 et 1165. Le Père RIQUET dans une conférence de 1961 lors des fêtes du Huitième Centenaire, ouvrait la fourchette entre 1160 et 1182/1183; enfin, dans sa maîtrise, Olivier BUON relève que le premier texte en faisant mention remonte à 1182-83 et propose de fixer sa création autour des années 1180[12] C’est l’époque à laquelle apparaît également le nom de la rue du Bouteiller – la via Pincerna – en souvenir dit-on d’un échanson du roi Henri II – de l’édification du palais épiscopal – qui consacre la disparition du front nord-ouest du mur du castrum des manoirs de l’abbaye du Bec-Hellouin[13] et de l’abbaye du Val-Richer.[14] En se rapprochant de la cathédrale, on trouve la salle basse de l’ancienne maison Sainte-Barbe – actuel presbytère Saint-Pierre – qui remonte au début du XIII e siècle: tous ces témoins, disparus ou encore visibles, nous offrent quelques jalons auxquels il faut ajouter deux textes mentionnant très précisément une maison appartenant au Chapitre dans la Rue de la Chaussée et une autre proche de l’église Saint-Germain[15]laissant à supposer que l’une et l’autre existaient depuis un certain temps.

C’est dans ce quartier de la Porte de la Chaussée, borné à l’est par les jardins de l’évêque, avoisinant au nord et à l’ouest les murailles de l’enceinte élevée à partir du XV e siècle, que l’on trouve le groupement canonial, de loin le plus important et le plus homogène.

Le type même des concessions faites aux chanoines rend difficile la reconstitution de la liste des différents occupants et plus encore de repérer les maîtres d’ouvrages auxquels on doit ce monument. Etienne DEVILLE, dans ses nombreux dépouillements du tabellionnage lexovien avait exhumé un acte susceptible de concerner cette maison; mais, cependant malgré sa bonne connaissance de la topographie lexovienne, il n’avait proposé cette identification qu’avec la plus extrême prudence[16].

Cadastralement parlant, ces maisons ne sont pas implantées sur des terrains épousant les normes habituelles des parcelles sur lesquelles l’évêque prélève son droit de masurage.

Les chanoines dans la cité

Les premières mentions d’un évêché à Lisieux remontent au VI e siècle et beaucoup d’ombre règne encore sur son histoire la plus ancienne. Une cathédrale, fut sans doute construite peu de temps à l’emplacement d’un grand monument gallo-romain dont les substructions furent retrouvées à plusieurs reprises et firent l’objet d’un rapport important en 1919/1920. Autour de cette cathédrale fut sans doute également édifié un groupe cathédral comprenant les églises et chapelles secondaires ainsi que des bâtiments destinés à abriter l’évêque et son clergé, ces clercs auxquels la règle imposait originairement[17] une communauté de vie avec l’évêque L’un des plus anciens textes concernant cet usage concerne précisément l’évêque de Lisieux Aethérius: « Le repas terminé, raconte Grégoire de Tours, il (l’évêque) se reposa sur sa couche, il avait autour de son lit beaucoup de petits lits pour ses clercs ».[18]. Au fil des ans cette règle connut de nombreuses vicissitudes. A Orléans par exemple, après 947, les chanoines ne vivent plus en communauté tandis qu’en d’autres lieux la réforme grégorienne est à l’origine d’une nouvelle vie canoniale commune [19] ce qui ne paraît pas être le cas à Lisieux où les textes du XIIe siècles font mentions de nombreux conflits avec l’évêque Arnoul[20].

Les maisons canoniales lexoviennes

Ces immeubles appartenaient au chapitre de l’ancienne cathédrale Saint-Pierre de Lisieux. Dix-huit d’entre elles, appelées aussi appelés aussi maisons tournaires étaient attribuées aux chanoines au fur et à mesure de leur disponibilité, mais n’étaient pas attachées à une prébende particulière. A l’opposé, d’autres chanoines, tels le Doyen, le Théologal, le Pénitencier, le prébendé de la Chapelle-Hareng [21]disposaient, en raison de leur fonction, de manoirs spécifiques. Elles étaient situées proche de la Cathédrale, dans la rue Porte de la Chaussée[2], sur la place du Friche aux chanoines[3], dans la rue aux Chanoines[4]l’impasse Cardin-Martin[5] la rue au Cerf[6]la Grand’Rue[7] et la rue du Pont-Mortain.

Le type même des concessions faites aux chanoines rend difficile la reconstitution de la liste des différents occupants et plus encore de repérer les maîtres d’ouvrages auxquels nous devons ces monuments. Certaines, construites ou achetées par des chanoines furent offertes au chapitre [28]tandis que d’autres furent sans doute élevées avec les deniers du chapitre et mises à la dispositions des chanoines. Etienne DEVILLE, dans ses nombreux dépouillements du tabellionnage lexovien avait exhumé un acte susceptible de concerner la Maison Saint-Laurent; cependant, malgré sa bonne connaissance de la topographie lexovienne, il n’avait proposé cette identification qu’avec la plus extrême prudence car ce texte qui concerne un différent de voisinage ne permet pas de préjuger de la qualité des intervenants [29].

A la Révolution ces maisons furent saisies avec les autres biens du clergé et vendues à des particuliers. Certaines cependant, la Maison Sainte-Barbe et les terrains sur lesquelles s’élevaient les Maisons sont revenues dans le domaine ecclésiastique, la première comme presbytère de la paroisse Saint-Pierre et sur l’emplacement des dernières fut construit un orphelinat devenu de nos jours l’Institution Frémont.

Lors du sinistre de 1944, un grand nombre de ces demeures ont disparu, seules subsistent de nos jours:

1.- Maison Saint-Laurent
2.- Maison Saint Georges
3.- Maison Saint-Leu
4.- Maison Sainte-Catherine 2 ème portion
5.- Maison Sainte-Catherine 1 ère portion
6.- Maison de la Juridiction
7.- Maison Sainte-Barbe

Nous proposons ici une première étude de quelques unes d’entres elles, certaines pour lesquelles nous ne disposant pas d’une documentation copieuse, ne faisant l’objet que d’une très courte notice.

1.- MAISON SAINT-LAURENT

A l’entrée de la rue Paul-Banaston, venant de la place Le Hennuyer, on remarque, sur la gauche, un ensemble de constructions de pierre et de bois d’un type exceptionnel dans la région lexovienne qui se prolonge en retour et en arrière par deux autres bâtiments à pans de bois.

A.- HISTORIQUE

Situé en arrière de la Place Le Hennuyer, l’ancien Friche aux Chanoines, cette maison a une longue histoire liée au passé religieux de la ville, à son évêché, à ses chanoines. Ce qui reste de cette maison faisait partie, avant 1789, d’un ensemble plus important désigné alors sous le nom de Maison Saint-Laurent [30] connu aussi sous le nom de Maison de la Tour[31].

Aujourd’hui propriété de la Ville de Lisieux, une partie a été mise à la disposition de la Société Historique de Lisieux pour la conservation et l’étude de ses archives.

B.- DESCRIPTION

L’examen du plan de distribution des maisons canoniales publié par l’abbé Piel dans son préambule des Insinuations ecclésiastiques le montre à l’évidence, à l’origine le manoir Saint-Laurent s’étendait jusqu’à l’angle de la place Le Hennuyer, à l’emplacement de l’actuelle salle des Ventes, nous ignorons par contre tout de la nature des immeubles ayant pu s’élever à cet endroit.

Si la décision d’entreprendre sa restauration fut l’occasion d’une approche archéologique et historique préalable, le déroulement des travaux amena la découverte d’éléments insoupçonnés apportant une vivions nouvelle de l’évolution architecturale de ce monument en particulier, mais aussi de la construction en général à cette époque [32] et il nous est plus facile maintenant de répondre à des questions quand à sa datation ou à sa destination.

Actuellement, la Maison Saint-Laurent comporte donc trois parties bien distinctes et d’époque différentes: le bâtiment sur rue, lui-même fortement remanié, au nord une aile en retour et, à l’ouest, une grande demeure s’élevant sur quatre niveaux.

Bâtiment sur rue

C’est la partie la plus ancienne parvenue jusqu’à nous et tous les auteurs, avant même les destructions de 1944, s’accordaient à y voir la doyenne des constructions civiles lexoviennes.

De plan rectangulaire, l’examen superficiel de ses maçonneries, permet de discerner au moins quatre campagnes de travaux.

A la première se rattachent, partant du pignon sud, les deux premières travées et l’amorce de la troisième du rez-de-chaussée. ainsi que le premier étage. Cette campagne se distingue tout particulièrement par l’emploi systématique de pierres de moyen appareil en calcaire corallien pour les sommiers des arcades aveugles, les tailloirs recevant ces arcades en encorbellement[33]Ce type d’arcades surbaissées en encorbellement se remarque également au château de Creully [34] les retombées en tas de charge. Cet encorbellement pourrait aussi être assimilé à un arc de décharge couvrant des baies géminées dont la trace serait perdue[35]. Le reste des murs est composé d’un blocage de moellons de pierres dures sommairement taillées.

Une destruction ayant amputé le bâtiment vers le nord, un mur fut reconstruit légèrement en retrait du parement primitif, mais le départ de l’arc de la troisième travée fut conservé.

Vers la même époque, au-dessus de ce soubassement de pierre, fut dressée une façade à pan de bois d’une technique inhabituelle à Lisieux. En effet, généralement, les charpentiers locaux utilisaient exclusivement le mode d’encorbellement sur sommiers dans lequel l’étage supérieur repose sur les extrémités de poutres puissantes, espacées les unes des autres d’environ 2.50 m et perpendiculaires à la façade. Ici l’on trouve un encorbellement sur solives, technique commune à l’Angleterre de l’Est, à l’ancien domaine continental anglais et à la Bretagne. Deux autres maisons lexoviennes, aujourd’hui disparues, présentaient le même type de charpente: le « Manoir Formeville », 33 rue aux Fèvres, et la « Maison Plantefort » [36] à l’angle est de la rue du Paradis et de la rue Henry-Chéron, démontée en 1899 avant d’être remontée à Etretat. L’une et l’autre étaient construites à proximité immédiate des fortifications existantes à la fin du XIV e siècle. La première s’élevait à l’ouest de l’Orbiquet qui baignait le pied des murailles du castrum du Bas-Empire remis en service lors des hostilités de la guerre de Cent ans [37]. La « Maison Plantefort » avoisinait, pour sa part, le front sud du Fort L’Evêque, élevé autour de la cathédrale et du palais épiscopal vers 1357-1360. Vraisemblable ment, des nécessités militaires amenèrent la destruction des parties hautes de ces immeubles dont les rez-de-chaussée subsistèrent cependant. Au début du XV e siècle, lorsque la ville commença à s’envelopper dans une nouvelle enceinte, que le Fort L’Evêque devenu inutile fut rasé et que les vieux murs du castrum furent abandonnés, on reconstruisit les étages supérieurs selon une mode étrangère à la région, mode qui ne perdura pas au-delà de l’occupation anglaise alors qu’elle était encore florissante en Poitou, en Angoumois et dans nombre de bastides du sud-ouest un siècle plus tard.

Cette partie de la Maison Saint Laurent présente donc un pan de bois très simple, à encorbellement sur solives aux extrémités dégagées d’une goutte d’eau; les colombes verticales sont raidies d’une traverse à hauteur d’appui encastrée dans les poteaux terminaux. Au centre, la croisée à deux meneaux et croisillons restituée, éclairait un vaste pièce d’étage. La charpente couvrant cette partie a été souvent reprise et ne paraît pas remonter à la même époque.

Enfin, dans une quatrième campagne, fut élevée, au sud, au-dessus du premier étage existant, une tour sur plan carré, débordante sur l’arrière, elle devait contenir, à l’origine, un petit escalier à vis. Construite en calcaire cénomanien de moyen appareil, elle a perdu son couronnement primitif et nous est parvenue tronquée d’environ un demi étage. Les passages d’étage, entre le deuxième et le troisième niveau, le troisième et le quatrième, sont soulignés d’un larmier prismatique.

Les ouvertures de la partie basse sur rue avaient subi de nombreuses modifications, car, si à l’origine, le rez-de-chaussée devait être utilisé comme cellier, sa transformation en habitation avait amené la création de baies assez disparates. La restauration en cours a permis, à partir de témoins restés en place, de restituer leur disposition originale. Entre des tablettes de pierre d’une dizaine de centimètres d’épaisseur, posées horizontalement sont disposée verticalement des meneaux à arêtes à chanfreins arrêtés, semble-t-il très légèrement ébrasés vers l’intérieur. Ce mode de fermeture est à rapprocher de modèles anglais (?) survivants à Jersey [38]] Quant au mur de blocage observable sur la cour, il est difficile de déterminer s’il appartient à la première ou à la seconde tranche de travaux.

La présence des arcades en encorbellement sur rue a conduit quelques observateurs à penser qu’il s’agissait là de passages fermés ultérieurement. L’état de désordre des murs existants sous ces arcades n’apportant pas un éclairage suffisant, reste l’examen de leur structure. La faible hauteur des éléments, l’absence de clef ne paraissent pas induire un passage libre, d’autant que les piles recevant les décharges sont elles-mêmes particulièrement faibles eut égard à la charge.

L’intérieur a été profondément bouleversé et autour d’un escalier à volées droites et palier de repos les espaces intérieurs ont été remodelés, là où les contraintes architecturales le permettaient. De nouvelles ouvertures ont remplacé les étroites fenêtres primitives et l’édification de cloisons a conduit à de nouveaux percements.

Sur le plan du confort, chacune des pièces nouvellement créées a reçu une cheminée de pierre qui a été conservée lors du dernier réaménagement. Sans être d’une grande facture, elles sont représentatives de l’école de sculpture lexovienne, un peu rigide, de la fin du XVIII e siècle.

Aile nord

L’aile nord comporte un étage en pan de bois s’élevant sur un soubassement de pierre et brique; La composition de l’étage, avec ses croix de saint André imbriquées en panneaux d’allège, peut remonter au début du XVII e siècle, le rez-de-chaussée repris en sous-œuvre paraît être du XVIII e siècle.

Dans la charpente très hétérogène, de cette partie, on remarque un certain nombre de pièces de réemploi et tout particulièrement un poteau vertical portant un renflement à hauteur de traverse d’allège et sur le chant des feuillures destinées à recevoir des châssis coulissants, deux détails caractéristiques de l’école lexovienne de charpenterie observables en face, dans l’étage d’encorbellement de la Maison Sainte-Catherine. On peut supposer qu’il s’agit là d’éléments provenant de l’ancienne façade.

Bâtiment ouest

Ce bâtiment ouest, de quatre niveaux, le plus important, devait servir d’habitation principal. Voici près d’un demi-siècle, François COTTIN écrivait: « Cette demeure très pittoresque vue de la voie publique ne l’est pas moins, tout au contraire, vue de la cour intérieure qui est garnie sur trois côtés de logis anciens. A remarquer celui qui fait face à la maison canoniale (malheureusement recouvert de ciment) et dont les sommiers au rez-de-chaussée, sont soutenus par des colonnes aux chapiteaux composites dans le goût du XVII e siècle. Ces colonnes proviendraient d’une ancienne église qui se trouvait autrefois sur la place Thiers et démolie sous la Révolution: c’était l’église paroissiale Saint-Germain. [39]. Depuis, les choses ont changé, en bien et en moins bien. La façade de ce logis a été débarrassée de sa gangue de ciment et l’on a pu ainsi voir réapparaître, à l’étage, une partie de son pan de bois. Dans la même campagne de transformation, on a éventré le rez-de-chaussée pour dégager les colonnes composites en créant ainsi, en arrière, une galerie de circulation. Si le bâtiment en a gagné au plan de la fonctionnalité, on peut s’interroger sur les raisons esthétiques qui ont conduit à adopter ce parti [40].

L’intérieur, transformé pour recevoir le Centre Communal d’Action Sociale a perdu ses cheminées et de ses boiseries.

Enfin, un étroit bâtiment, style « normand balnéaire », visible de la rue, a été élevé face au passage ménagé au sud de la tour.

C.- DATATION

Les éléments en notre possession pour dater ces constructions sont à rechercher dans l’environnement proche, les rares caractères stylistiques discernables, la comparaison avec les monuments environnants et les études en cours, à la fois sur les enclos canoniaux et l’architecture médiévale urbaine.

En premier lieu, nous l’avons vu en retraçant l’historique de ce quartier, la présence de monuments remontant au XII e siècle est assurée dans cette zone: tous les paramètres permettent d’entrée de fixer un ante quem plausible assez haut, entre 1160 et 1220/1230

En second lieu, la distance au sol, anormalement basse, des tailloirs recevant les arcades, révèle un exhaussement important des terres dans ce quartier[41] dont il faut rechercher les niveaux d’origine à la même profondeur que ceux de la « salle basse » de la Maison Sainte-Marie, situés, approximativement, entre 0.80 m et 1.00 m. au-dessous du sol moderne.

La présence d’arcs surbaissés simplement chanfreinés permet de rattacher la construction à la fin du XIII e siècle ou au XIV e siècle, époque où l’on voit tout particulièrement abonder ce type d’arc.

On peut également faire un rapprochement entre les maçonneries les plus anciennes et celles des tours de la porte de Caen qui, selon un croquis de Raymond Bordeaux, étaient percées d’étroites lancettes romanes.

Enfin, il faut souligner la découverte de deux fragments de colonnettes – diamètre 120 mm. environ – en réemploi dans les maçonneries. Ce type d’élément, caractéristique de la décoration monumentale, du XII e ou XIV e siècle provient à n’en pas douter du monument lui-même ou d’un monument proche.

La conjonction de ces critères conduit à replacer cet édifice de pierre, soigné, parmi ces demeures ecclésiastiques qui, nous en avons chaque jour un peu plus la preuve, s’élevèrent un peu partout entre la fin du XII e siècle et le milieu du XIV e siècle. Peut-être nous trouvons-nous devant l’une de ces maisons dans lesquelles, au-dessus d’un rez-de-chaussée de service s’élevait un étage d’habitation comportant à l’origine des baies cantonnées de colonnettes, telles celles de Cluny, de l’ancien évêché de Bayeux [42] de Cernay [43]etc.

Il nous faut cependant avancer avec beaucoup de prudence, car de tous ces témoins, aucun n’est vraiment probant et en dehors de tout sondage archéologique, il faut nous en tenir à cette large fourchette.

La datation des autres campagnes offre moins d’incertitudes. La destruction et la reconstruction de la partie en pierre signalées ci-dessus, doivent correspondre aux premières invasions anglaises; la partie en pan de bois peut remonter, en raison des critères développés et de la stylistique des meneaux, à la première moitié du XV e siècle. Quant à la tour de pierre, elle se rattache par son matériau et sa modénature aux monuments de la seconde moitié du XV e siècle, sans qu’il soit possible d’avancer une datation plus précise.

Longtemps victime de transformations conduites sans aucun respect des structures d’origine ou de réparations maladroites, la campagne de restauration qui vient de s’achever restitue au patrimoine lexovien un de ses fleurons. Les travaux furent menés de bout en bout sous la surveillance de l’Architecte des Bâtiments de France auquel les historiens locaux ont pu fournir dès le départ une analyse historique et archéologique qui s’est affinée au fil des mois. De ce fait des détails architecturaux, inconnus ou peu visibles jusqu’à présent, ont été réintégrés au fur et à mesure de leur réapparition dans une véritable démarche « archéologique »,

2.- MAISON SAINT-GEORGES

L’ancienne Maison canoniale Saint-Georges, située rue Paul-Banaston, à la suite de la Maison Saint-Laurent, est occupée de nos jours par l’Institution Frémont. A notre connaissance, nul ne s’est jamais intéressé à ces constructions qui, extérieurement, n’offrent pas de caractère spécial mais donnent un volume et accompagnent agréablement leur voisine, ajoutant à son pittoresque. Ce que l’on peut en voir de la rue, par les larges manques de son enduit de plâtre, montre une structure très composite de maçonneries de pierres et de brique mal ordonnées. Voici quelques années encore, cet ensemble était recouvert d’un vaste toit de tuile remplacé de nos jours par une couverture en ardoise.

Mais, une visite rapide à l’intérieur nous a révélé l’existence de deux maisons très anciennes et du plus haut intérêt pour l’histoire monumentale et topographique de notre ville ce qui nous a incité à entamer une recherche succincte.

Ayant eu l’occasion à plusieurs reprises d’étudier l’histoire et l’architecture de la Maison Saint-Laurent, nous avons été conduit à rechercher l’origine de l’occupation de ce quartier par les chanoines du chapitre cathédral et celle de ces maisons canoniales [44] ; nous ne reviendrons pas ici sur cette question, nous limitant à renvoyer le lecteur à ce travail [45].

A.- HISTORIQUE

Le texte le plus ancien que nous avons retrouvé concernant cette maison canoniale Saint-Georges, est le procès verbal de l’assemblée capitulaire du 2 juillet 1549 à laquelle assistent les chanoines suivants: Michel Labbe, Capicerius [46]; Pierre Dumont, Scolasticus [47]; Philippe Denocy, Archidiacre; Jean Osmont, Richard de Nocy, Robert Tyrel, Etienne Dandie, Jean Du Rouyl, Richard Trinite, Jean Blosset, Robert Blosset, Jacques Labbé, Michel Delaporte, Jean Thyboult, Guillaume Hellot, Foulques Costard, Robert Bonenfant, Jean Grippère, François Labbé, Nicolas de Tillières et Christophe de Nocy, tous prêtres et chanoines [48] .

Elle est ainsi décrite dans ce document:  » Sanctus Georgus : Domus quam in habitat Mag. Nicolaus de Tillieres, site juxta porte Calceye » et elle paie une rente de six livres.

L’abbé Piel, utilisant les notes du chanoines Lerat nous donne les renseignements complémentaires suivants: « Cette maison se trouvait au côté occidental de la rue, près du rempart de la ville, et touchait au midi la maison Saint-Laurent. Au moment où les biens du clergé furent confisqués, en 1789, elle était habitée par Mre Alexis-Toussaint Nicolas, chanoine prébendé de la 2 e portion de Deauville. Elle fut vendue le 25 juillet 1791 [49].

B. DESCRIPTION

Les maisons canoniales s’alignant sur ce côte de la rue dessinent un grand arc de cercle plat et la Maison Saint-Georges pour sa part comprend trois éléments distincts que pour la facilité de l’explication, nous désignerons les par les lettres A, B et C.

Bâtiment A

Le premier, le bâtiment A est très étroit et se façade sur la rue est entièrement masquée par un enduit de plâtre. A l’opposé, sur la cour [50] on aperçoit à l’étage une façade en pan de bois fort altérée reposant sur un rez-de-chaussée de maçonnerie enduit de ciment. Si le parement d’origine reste invisible de ce côté, l’on trouve à l’intérieur [51] une maçonnerie de moellon percée d’une large ouverture aveuglée, encadrée de pierres de moyen appareil, fortement ébrasée, couverte par un arc surbaissé.

La façade en pan de bois, de deux travées, donnant sur la cour et toute la structure, est assis sur des sommiers, dont l’un au moins, mal épuré, ayant gardé de larges morceaux d’écorce, paraît moderne (XVII e – XVIII e siècle ?). Ces sommiers reposent donc sur une maçonnerie légèrement en retrait de l’aplomb du pan de bois et l’intervalle entre la sablière de chambrée et cette maçonnerie est comblé par une entretoise chanfreinée sur toute son épaisseur.

L’entre colombage est fortement altéré mais un premier examen laisse apercevoir une façade rythmée de potelets verticaux distants d’environ 0.50 m. reliés par une traverse d’allège. Il semble par contre que les colombes d’allèges aient disparu.

Cette construction est mitoyenne au sud avec la Maison Saint-Laurent et pourrait être contemporaine de l’aile nord sur cour, sur laquelle elle s’appuie. Au nord elle est mitoyenne avec le bâtiment B.

Bâtiment B.

Nous l’avons dit les maçonneries sur rue de ce long bâtiment – environ 18 m. de long – peu visibles paraissent n’avoir aucune cohérence. Il en est de même apparemment du mur goutterot sur cour mais, cela pas exclu, certaines maçonneries anciennes subsistent peut-être sur cette façade. Le mur pignon sud, pour sa part a été en partie conservé. Il est percé, à cheval entre le premier et le second étage d’une ouverture en arc brisé garnie de son remplage et de ses claveaux chanfreinés vers l’extérieur.

La charpente du comble est conservée partiellement. Les quatre travées, espacées de 2.60 environ, comportent des fermes avec entrait retroussé et sous-faîtage étrésillonné entre chaque ferme de deux croix de Saint-André. On a tout lieu de penser que le reste de l’étage était couvert de même mais l’édification d’une croupe droite a du faire disparaître les deux dernières travées.

Les bois sont bien choisis et finement dolés. On remarque beaucoup de remplacements dans les pannes et le chevronnage.

Bâtiment C.

L’extrémité du bâtiment B est prolongé d’une travée par une adjonction formant rupture de plan. Les quelques lambeaux de maçonnerie visibles, très remaniées, interdisent toute attribution d’époque et d’utilisation.

CONCLUSION

Ces observations, s’ajoutant à notre étude sur la Maison Saint-Laurent, permettent de connaître un peu mieux l’organisation de ce quartier canonial jusqu’ici peu étudié et d’avancer quelques hypothèses quant à sa topographie ancienne.

Faute d’avoir trouvé des traces certaines de l’existence d’un enclos canonial tout au moins aperçoit-on au vu de l’existence d’ouverture sur le pignon sud du bâtiment B, l’existence d’un passage entre la maison Saint-Georges proprement dite et la Maison Saint-Laurent. Peut-être avons-nous là l’emplacement du chemin de deux toises – soit environ 3.80/4.00 situé le long du palais épiscopal et joignant la maison du doyen aux maisons des chanoines signalé à plusieurs reprises dans les textes anciens [52] ce qui semblerait indiquer qu’à une époque antérieure à l’édification du bâtiment A ce chemin aurait pu relier les maisons canoniales de ce quartier à la cathédrale, sans emprunter la rue aux chanoines, desservir d’autres maisons canoniales situées en arrière et rejoindre l’Ile Saint-Dominique.

Cette découverte venant après la remise en état de la Maison Sainte-Catherine avec ses abords et de la restauration de la Maison Saint-Laurent augmente l’intérêt de ce quartiers et mériterait que l’on réfléchisse aux moyens de remettre en valeur ce qui peut l’être et de dégager les témoins de cette architecture civile des XIII e – XV e siècles dont nous sommes si démunis. C’est à ce prix que l’on permettra à notre ville de revenir dans le groupe des villes d’Art qu’elle occupait autrefois si brillamment.

3.- MAISON SAINT-LEU
4.- MAISON SAINTE-CATHERINE 2 ème portion
5.- MAISON SAINTE-CATHERINE 1 ère portion
6.- MAISON de la JURIDICTION
7.- MAISON SAINTE-BARBE

Cette maison canoniale, de nos jours presbytère de la paroisse Saint-Pierre-Saint-Jacques, fut réédifiée pour l’essentiel au XVII e siècle. Si la façade sur rue, enduite d’un triste ciment est sans intérêt, la façade sur cour, malgré sa division conserve une certaine allure avec ses lucarnes à fronton triangulaires ou cintrés. Du manoir d’origine subsiste une « salle basse » malheureusement en grande partie comblée. Avant le dernier conflit, notre ville en comptait au moins quatre autres qui ont disparu dans les travaux de la Reconstruction. C’est donc la seule de ce type encore conservée.

Ces salles basses, que l’on rencontre un peu partout en Normandie, à Bayeux, Conches, Rouen, etc., n’ont malheureusement jamais fait l’objet d’un recensement [53].

ANNEXE 1
Pièces justificatives

BUON XII1198-1222

Robert Silvain, chanoine de Lisieux, donne au chapitre une maison sise à Lisieux avec diverses appartenances, que le chapitre a fieffe a un certain Henri, moyennant une rente.

Carta R[oberti] Silvani, canonici, super donationem domorum ipsius usque ad portum Calceye

Universis Christi fidelibus ad quos presens scriptum pervenerit, Robertus Silvanus, canonicus Lexoviensis, salutem in Domino. Noverit universitas vestra quod ego, mentis compos, dedi et concessi, pro salute anime mee, capitulo Lexoviensi domum meam cum virgulto et omnibus areis quas habebam apud Lexovias usque ad portum Calceye et cum duabus acris prati in pratoria episcopi et cum una libra piperis quam dominus W., decanus Lexoviensis, reddebat michi annuatim de quadam parte virgulti mei, quam ei vendidi, quam scilicet domum cum virgulto et areis et prato emi solenniter ab heredibus Symonis quondam canonicis Lexoviensis, retenta tamen domo que sita est inter domum Ricardi Belot et predictum virgultum, quam ego cum porprisio secundum latitudinem ejusdem domus usque ad fluvium posterius labentem, dedi Waltero, servienti meo, pro servicio suo, jure hereditario tenendam de capitulo Lexoviensi per annuum redditum sex denariorum, in anniversario meo reddendorum; supradictam autem domum meam cum virgulto et areis et prato et libra piperis concessit et tradidit capitulum Lexoviense precibus [meis] Henrico alumno meo, tenenda[m] de ipso capitulo, quamdiu idem Henricus vixerit, per annuum redditum decem solidorum turonensium, eis qui anniversario meo intererunt similiter reddendorum; prefato vero Henrico cedente vel decedente, omnia supradicta libere et quiete in manu canonicorum ad faciendum meum anniversarium devolventur ita ut totus redditus domorum et aliarum rerum canonicis qui anniversario meo intererunt distribuantur. Hanc itaque donationem meam presentis scripti et sigilli mei munimine confirmavi.

= René-Norbert SAUVAGE, nø XXIII

BUON XIII 1198-1222

Guillaume, doyen, et le chapitre de Lisieux cèdent à Jean d’Alençon, archidiacre d’Auge, et à Nicolas, clerc de choeur, des maisons devant l’église Saint-Germain, contre une rente obituaire pour les parents de Jean.

Universis XPI fidelibus ad quos presens scriptum pervenerit, Willelmus decanus et capitulum Lexov., salutem in Domino. Noverit universitas vestra nos communi assensu concessisse dilecto concanonico nostro Johanni de Alenchon archidiacono Algie et Nicholao clerico de choro nostro, domos nostras que sunt ante ecclesiam Sancti Germani, quas possedit Ricardus Barre predecessor ejusdem Johannis cum omnibus appendiciis et pertinentiis, tenendas de nobis per annum redditum quadraginta solidos Turon. vel usualis monete nobis reddendorum in festo Beati Paulini in anniversario scilicet Odonis patris ejusdem Johannis et Alpe matris ejus. Nos vero volumus et concedimus quod altero eorum quoquomodo cedente vel decedente superstes predictas domos teneat et possideat cum appendiciis suis per predictum redditum. Preterea ad petitionem predicti Johannis ipso superstite sublato de medio concessimus quod omnes redditus quos de domibus predictis habere poterimus nobis in predicto anniversario dividantur. Ut igitur quod tam sollempniter actum est nequeat infirmari presenti scripto et sigillo capituli nostri duximus confirmandum.

Scellé d’un sceau disparu.
= AD 14. Chapitre, G318 et HUARD, p. 38

BUON LXXXI 1261 décembre

Guillaume de Moiad, clerc, vend à Nicolas Sotin, chanoine, la rente que celui-ci lui devait pour une place, entre le perrin de feu Gilbert L’Abbesse d’un côté, et le fournil de Guillaume de l’autre.

Sciant omnes presentes et futuri quod ego, Willelmus dictus de Moiad clericus Lexov., vendidi et concessi et omnino dereliqui Nicholao dicto Sotin canonico Lexov. octo solidos annui redditus quos tenebatur michi facere singulis annis de quadam platea sita apud Lexov., inter petrinum quod fuit Gilleberti dicti Abbatisse quondam avunculi mei ex una parte et fornillum meum ex altera, et de quadam parte domus sue a parte butti dicti fornilli, pro quatuor libras Turon. quas michi premanibus numeravit, tenendos et jure hereditario possidendos eidem Nicholao et heredibus suis, libere, pacifice et quiete, absque ulla reclamatione mei vel heredum meorum de cetero facienda. Et ut hec mea venditio firma sit in futurum, eam presenti scripto et sigilli mei testimonio confirmavi. Actum mense decembre anno Domini mø ccø lxø primo.

Scellé d’un sceau disparu.
= A.D. 14. Chapitre de Lisieux, G207

BUON C 1279 août

Raoul Gouhier prend à fief du doyen Guillaume de Pont-de-l’Arche une pièce de terre appelée la Couture, au Mesnil-Asselin. Il donne en gage sa maison et sa terre de la Chaussée .

Universis presentes litteras inspecturis, Radulfus Gouherii, salutem in Domino. Noveritis quod ego et heredes mei tenemur reddere annuatim viro venerabilo et discreto magistro Guillermo de Ponte Arche decano Lexov. et successoribus suis, quadraginta solidos usualis monete hiis terminis, videlicet ad feriam Prati Lexov. viginti solidos, et ad feriam Sacrorum Cynerium Lexov. viginti solidos, ratione cujusdam pecie terre que vocatur Cultura quam mihi feodavit pro redditu supradicto, que sita est in decanatu suo apud Mesnillum Ascelini in parrochia Sancti Germani Lexov., videlicet inter terram Michaeli Le Potier ex una parte et feodum Pyellorum ex altera, prout extenditur in longum a serianteria Rogeri Le Potier usque ad feodum Aurifabrorum, ita tamen quod si ego vel heredes mei in solutione dicti redditus statutis terminis defecerimus, licebit dicto decano et successoribus suis seu eorum mandato in dicta pecia terre suam plenariam justiciam exercere necnon, et in tota domo mea et fundo terre ejusdem quam habeo et possideo in dicta parrochia apud Calceiam Lexov., sita inter unam de domibus Guillermi Parquarii clerici que fuit quondam Hamonis Carpentarii ex uno latere et domum Johannis de Spersis Fontibus ex altero, prout extenditur in longum a via publica usque ad aquam currentem, quam domum cum fundo terre quo ad hoc pro me et heredibus meis dicto decano in contraplegium tradidi et etiam obligavi, ita quod si dictum feodamentum aliqua causa dimiserimus dictam domum cum fundo terre una cum dicto feodamento dimittemus dictis decano et ejus successoribus, libere et pacifice possidendam, salvo jure alieno, sine reclamatione aliqua mei vel heredum meorum facienda, quam quidem domum non poterimus de cetero alienare quoquemodo quin dictum contraplegium in eodem semper sit salvum. In cujus rei testimonium presentes litteras sigillo meo proprio sigillavi. Actum anno Domini mø ccø lxxmo nono, mense augusti. Teste parrochia supradicta nominata.

Scellé d’un sceau disparu.
= A.D. 14. Fonds du Chapitre de Lisieux, G 333

1460 18 novembre – Lisieux

« M. Etienne Deville a lu et commenté le texte d’un appointement survenu le 18 novembre 1460, entre Guillaume Inger, chanoine de Lisieux, et Etienne de la Rivière, prêtre, à propos d’une construction en pierre, entreprise par ce dernier, rue de la Chaussée, près du manoir canonial de Guillaume Inger. Il est assez difficile de préciser la nature du différent survenu entre les deux personnages, simple question d’alignement ou d’abornement, objet d’une clameur de haro. Toujours est-il que la construction entreprise par Etienne de la Rue, fut édifiée en partie, et il ne serait peut-être pas hors de propos de la rapprocher de la tour carrée qui s’élève encore aujourd’hui à l’entrée de cette voie, actuellement rue Paul-Banaston. ».

= Etienne DEVILLE  » Appointement pour la construction d’une maison de pierre – Rue de la Chaussée – 1460″, BSHL Nø 23, 1918, pp. 9-10.

c 1549 – Lisieux
Ce manuscrit contient:

fol. 1 : Les armes en couleur du chanoine Chouart
( les coutumes de l’église de Lisieux)

fø6 : Sequntur pensiones domorum canonicum.
Sanctus Georgus : Domus quam in habitat Mag. Nicolaus de Tillieres, site juxta porte Calceye VI #
Sanctus Advenus Domus quam in habitat Mag. Robertus de Bonenfant sita ad opositum predicte domux VI #
Sancta Maria Domus quam in habitat Mag. Johannes Blosset sita anta Domum turris VIII #
Sanctus Laurentius Domus quam in habitat Mag. Johannes Thyboult, Dicta Domus turris VI #s
Sanctus Lupus, Domus quam in habitat Mag. Robertus Blosset, Sita ab uni latere cantore ad VI #
Sanctus Paulus, Domus quam in habitat Mag. Richardus Denocy. Sita ab alio latere cantori de ite juxta porte Calceye XII #
Sanctus Michael, Domus quam in habitat Mag. Robertus de Bouquetot, Sita in angulo cici aux boutilliers ad VII #
Sanctus Yvi Domus quam in habitat Mag. Robertus Thyrel sita juxta domum equi albi………. VI #
Sancta Katerina Domus quam in habitat Mag. Philippus de Nocy. Sita in Introitu frichei ad XII #
Sanctus Ursunus Domus quam in habitat Mag. Guillelmus DeVieupont. Sita in buto ecclesie Sancti Germani ad VIII #
Sanctus Martinus Domus quam in habitat Mag. Joannes Osmont. Sita in magno vico ad IV #
Sanctus Nicolaus Domus quam in habitat Mag. Ricardus Trinite. Sita juxta pontum Mortanie ad VII #
Sanctus Petrus Domus quam in habitat Mag. Michael Deporta. Sita de alio latere juxta dictum pontem
Sanctus Sebastianus Domus quam in habitat Mag. Petrus Dumont. Ante cymeterium Sancti Germani.
Sancta Barbara Domus quam in habitat Mag. Fulco Castard. Sita juxta predictam domum.
Sanctus Romanus Domus quam inhabitat Mag. Marinus Labbe. Sita in vico pressiorum que jam pridem spectabat ad domum Poillevillain dum viveret canonicas.

fol. 9 : Procès verbal d’une assemblée capitulaire du 2 juillet 1549. Les noms des chanoines sont: Michel Labbe, capicerius; Pierre Dumont, Scolasticus; Philippe Denocy, archidiacre; Jean Osmont, Richard de Nocy, Robert Tyrel, Etienne Dandie, Jean Du Rouyl, Richard Trinite, Jean Blosset, Robert Blosset, Jacques Labbé, Michel Delaporte, Jean Thyboult, Guillaume Hellot, Foulques Costard, Robert Bonenfant, Jean Grippère, François Labbé, Nicolas de Tillières et Christophe de Nocy, tous prêtres et chanoines.
Beaucoup de blancs dans le cours du volume.
Reliure veau antique, filets, fleurons et médaillons sur les plats. Papier, 113 ff.
Sur le premier plat intérieur de la reliure, ex libris manuscrit de Jacques de Setz, chanoine de Lisieux. Titres ne rouge. Initiales à la plume rehaussées de jaune ».

= Arch. Nat. Ms. nouv. acq. lat. 1778. Description et analyse Et. DEVILLE. Arch. SHL. 9 FB 2. Dossier Cathédrale.

1555 24 mars

Trois lettres et mémoriaux faisant mention comme Richart Fouques donne mandement pour faire les criées d’une place assise près les murs du Palleys (palais), pour bailler à fieffe les autres; comme Thomas Godet prit et fieffa es assises de Lisieux icelle place par 30 sols de rente et droits de ville. – Entre la tour Saint-Laurent et les prisons chemin entre l’Evêque et le Chapitre.

= Bibl. mun. de Lisieux. Cartulaire de Thomas Basin, nø 33, fø 92.
÷ FORMEVILLE, 1873, II, p. 327.

ANNEXE BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE

Les Rues de Lisieux Lisieux-Accueil, 1982, pp. 5-6:

 » De l’actuelle Place Le Hennuyer à la Porte de la Chaussée .- Au XV e siècle Rue de la Cauchie [54]. On y voit le Manoir Saint-Laurent avec sa tour de guet. Paul Banaston était né à Livarot. Il fit ses études au Collège de Lisieux et son droit à Caen. Il mourut en 1892, Conseiller à la Cour de cassation. Il fut conseiller municipal de Lisieux, adjoint au maire, Conseiller d’arrondissement, Conseiller général et 1 er président de l’Amicale des Anciens élèves du Collège Gambier ».

ARLAUD 1993
ARLAUD Catherine, « Lyon, archéologie du bâti civil sur les deux rives de la Saône », Les Nouvelles de l’Archéologie, Nø 53-54, Automne-Hiver 1993, pp. 7-11, ill.
Le changement de niveau des circulations. La parcelle et le bâti dans la parcelle. La densification du bâti dans la parcelle. Les moyens de confort: « … cheminées, du simple foyer sans évacuation de la fumée à la cheminée à foyer arrondi, puis à la cheminée monumentale au XVI e siècle, au poêle en passant par la cheminée traditionnelle du XVII e siècle jusqu’à la cheminée à charbon.. Le puits est systématiquement présent dans al cour; de nombreux éléments témoignent de l’utilisation de l’eau à chaque étage: dalle d’évier, conque (pierre évidée comme la dalle d’évier mais située au sol); l’évacuation des eaux usées se fait par un simple conduit dans le mur de façade qui se prolonge d’environ trente centimètres au-delà du parement, soit par une conduite formée d’un empilement de pierres évidées, liées au mortier hydraulique, et pris dans l’épaisseur du mur.
« De nombreux autres indices nous renseignent sur la vie à l’intérieur de ces maisons (glacières, dépotoirs, latrines situées dans les cours, décors sculptés et peints, etc.) »

Autun – Augustodunum: capitale des Eduens. Catalogue de l’exposition tenue à Autun, 1985, Autun, Musée Rollin, s.d. (1987). 411 p.

BECQUET 1989
BECQUET Jean, L’évolution des chapitres cathédraux: réglarisations et sécularisations dans M. H. VICAIRE dir., Le Monde des chanoines (XI e-XIV es.), 1989, pp. 19-39

BERTRAND 1976
BERTRAND Simone et LECARPENTIER Marc, Bayeux monumental, Bayeux, Heimdal, 1976. 23.5 x 31.5, ill.

CAUMONT 1867
CAUMONT Arcisse de, Statistique monumentale du Calvados t. V. p.271:
 » La maison que l’on peut, à bon droit, regarder comme la plus ancienne de Lisieux est la tour de pierre ci-contre ».( pas de gravure ).

 » Les baies primitives ont disparu, mais l’ordonnance générale des lignes, la nature des matériaux, les détails permettent de fixer sa construction au commencement du XIVème siècle. Une tourelle carrée, contenant l’escalier, flanque la face qui regarde le couchant, du côté de la cour, sise à l’angle du Friche-aux-Chanoines et de la rue de la Chaussée . C’est un ancien manoir canonial « .

COTTIN 1946
COTTIN François, Lisieux. Une promenade à travers le Vieux Lisieux LISIEUX, Morière, 1946, in-8ø, 14 p. ill. couv. ill.; p. 7, ill. p. 8.:

« Descendons vers la place Le Hennuyer, dite autre fois « Le friche aux Chanoines ». A droite, rue Paul Banaston, dans laquelle nous remarquons, sur notre gauche, une construction dont une partie semble une tour carrée: c’était autrefois une maison canoniale; les écrivains et les archéologues locaux ont toujours admis que cette habitation remontait au XIV e siècle, ce qui est bien probable; mis elle a sûrement subi des modification ou des réparations importantes au cours des ans. Cette demeure très pittoresque vue de la voie publique ne l’est pas moins, tout au contraire, vue de la cour intérieure qui est garnie sur trois côtés de logis anciens. A remarquer celui qui fait face à la maison canoniale (malheureusement recouvert de ciment) et dont les sommiers au rez-de-chaussée, sont soutenus par des colonnes aux chapiteaux composites dans le goût du XVII e siècle. Ces colonnes proviendraient d’une ancienne église qui se trouvait autrefois sur la place Thiers et démolie sous la Révolution: c’était l’église paroissiale Saint-Germain. »

DEVILLE 1918
DEVILLE Etienne. « Appointement pour la construction d’une maison de pierre – Rue de la Chaussée – 1460 », BSHL Nø 23, 1918, pp. 9-10.

ERLANDE-BRANDEBURG 1990
ERLANDE-BRANDENBURG Alain, L’espace construit dans Jean FAVIER dir., La France médiévale pp. 405-419, ill.

ERLANDE-BRANDEBURG 1989
ERLANDE-BRANDENBURG Alain, La Cathédrale Paris, Fayard, s.d. (1989), 160×240, 418 p. ill. couv. ill.

ESQUIEU 1988
ESQUIEU Yves, Evolution d’un quartier cathédral au Moyen Age et dans les temps modernes dans Viviers, cité épiscopale Lyon, DARA, 1988, pp. 31-42

ESQUIEU 1992
ESQUIEU Yves, Autour de nos cathédrales. Quartiers canoniaux du sillon rhodanien et du littoral méditerranéen, Paris, CNRS, 1992, 22 x 28, 355 p., ill. plans
cf. c.r.: Pierre GARRIGOU-GRANDCHAMP, BM, 151-IV, 1993, pp. 624-626. A revoir sur la définition des maisons canoniales. !!!

FORMEVILLE 1873
FORMEVILLE Henry de, Histoire de l’ancien évêché-comté de Lisieux – comprend: Introduction à l’Histoire de l’Evêché-Comté de Lisieux – Les Mémoires de Noël Deshays – Les Huguenots et la Saint-Barthélemy à Lisieux – Quatre appendices comprenant la Table du Cartulaire de l’Evêché, les Rôles des Fiefs de la Vicomté d’Auge, de Pont-Authou et Pont-Audemer, d’Orbec, etc., Lisieux, E. Piel, 1873, 2 vol., In-4, 11-dcliii et 419 p.

GANE 1994
GANE Robert, Un groupe social à Paris au XIV e siècle: le chapitre canonial de Notre-Dame-de-Paris dans Villes et sociétés urbaines au Moyen Age. Hommage à M. le Professeur Jacques Heers, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1994, pp. 234-240

GARRIGOU 1991
GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, Les maisons canoniales de Saint-Quiriace à Provins dans Provins et sa région Nø 145, 1991, pp. 65-116

GARRIGOU 1993.1
GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, Demeures médiévales. Coeur de la cité, Paris, Ed. REMPART, Desclée de Brouwer, 1992, 15 x 21, 127 p., ill.
= cf. c.r.: Jean MESQUI, BM, 151-II, 1993, pp. 431-432

GARRIGOU 1993.2.
GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, « Le plafond armorié du doyenné de Brioude », Bull. mon. 151, 1993, pp. 426-427
c.r. de: Emanuel de BOOS, «  »Le plafond armorié du doyenné de Brioude », Cahiers de la Haute-Loire 1991, pp. 125-172

Guide du voyageur dans la ville de Lisieux illustré de nombreuses gravures et suivi de plusieurs itinéraires avec l’indication des plus intéressants monuments (Eglises, Châteaux, Manoirs, etc.) de l’arrondissement de Lisieux. Propriété de l’éditeur LISIEUX, Piel, 1870, in-12, X-117, 14 pl. h.t.
 » La maison que l’on peut regarder comme la plus ancienne de Lisieux (commencement du XIV e siècle) est située à l’angle du Friche-aux-Chanoines et de la rue de la Chaussée. Une tourelle carrée, contenant l’escalier, flanque la face qui regarde le couchant, du côté de la cour. C’est un ancien manoir canonial. »

HUARD 1934
HUARD Georges, Etude de topographie lexovienne – La Maison canoniale du titre Saint-Martin, le Manoir de l’Image Notre-Dame et la Maison de Marin Bourgeoys Paris, Jouve, 1934, In-8ø, 92 p., 6 pl. h.t., ill.

LERAT 1901
LERAT abbé L., « Mémoire concernant les Maisons Canoniales de Lisieux avec notes inédites de M. l’abbé PIEL », BSHL., Nø 13, 1901, pp. 24-46

Maison du titre de Saint-Laurent

 » Cette importante maison situé rue e la Chaussée a conservé une grande partie de sa physionomie, elle était bornée au nord par la maison Saint-Georges, au levant par la rue, au midi par le Friche aux Chanoines et vers l’est par la maison Saint-Leu. M. de Caumont dans la Statistique monumentale consacre une étude à cette construction fort ancienne.
 » Cette maison était habitée (en 1790) par Mre Charles-Louis Fontaine, chanoine prébendé de Verson [2 e portion].
 » Cette maison payait 6 livres de pension ancienne et 18 livres de pension nouvelle. Au moment de la spoliation des biens du Chapitre, elle fut vendue le 20 avril 1791 12.100 livres payables en 12 annuités 12.826 livres. »

LEMARIGNIER 1962
LEMARIGNIER Jean-François, Les institutions ecclésiastiques en France de la fin du Xème au milieu du XII ème siècle in Ferdinand LOT et Robert FAWTIER, III.- Institutions ecclésiastiques Paris, 1962; p. 19 sq.

LESQUIER 1928
LESQUIER Jean, Les fortifications de Lisieux au XV e siècle dans Etudes lexoviennes III, 1928, p. 219.

MESQUI 1993
MESQUI Jean, BELLOT Marcel et GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, « Le palais des comtes de Champagne à Provins (XII e-XIII e siècles) », BM 151, 1993, pp. 321-355, ill.

NAPOLEONE 1993
NAPOLEONE Anne-Laure, « Les maisons médiévales de Figeac », CAF 147, Quercy 1989, pp. 291-306, ill.

PIEL 1891
PIEL abbé E., Inventaire historique des actes transcrits aux insinuations Ecclésiastiques de l’ancien Diocèse de Lisieux ou Documents officiels analysés pour servir à l’histoire du personnel de l’évêché, de la cathédrale, des collégiales, des abbayes et prieurés, des paroisses et des chapelles. 1692-1790, Lisieux, Lerebour, 5 vol. in-4ø, ill.; pp. xlix-l:

3.- Maisons canoniales [55]

« Le Chapitre de Lisieux possédait dans la ville dix-huit maisons qui servaient au logement des chanoines. Les chanoines distributifs qui n’étaient pas dans les ordres sacrés et les chanoines non-distributifs n’y avaient pas droit.

 » On appelait ces maisons canoniales. On les désignait aussi sous le non de Maisons tournaires parce qu’elles n’étaient pas attachées à telle ou telle prébende en particulier et que les chanoines en jouissaient lorsqu’arrivait leur tour de les posséder; car il n’y en avait pas assez pour tous les chanoines distributifs. Il est vrai que sur trente-et-un chanoines il y en avait quatre qui n’y avaient pas droit. C’était d’abord le haut-doyen qui avait un manoir attaché à sa dignité; ensuite le théologal et le pénitencier qui avaient aussi l’un et l’autre une maison attachée à leur prébende; et enfin la prébende de la Chapelle-Hareng qui logeait au séminaire et n’avait jamais joui des maisons canoniales.

 » Lorsque la dignité du grand chanoine était dévolue à un chanoine ayant une prébende distributive, il était également exclu des maisons tournaires « comme ayant un manoir considérable attaché à sa dignité (Rapport de M. Lerat en 1789).

 » Les deux semi-prébendes sous-chantre avaient aussi chacune une maison .

 » Les maisons canoniales ne comprenaient pas seulement la maison d’habitation mais encore toutes les dépendances que nous désignons sous le nom de communs et les jardins qui entouraient l’habitation. Ces maisons étaient vastes et souvent des chanoines en cédaient une partie à des locataires, ce qui fut toutefois défendu par un arrêt de 1673.

 » Toutes ces maisons étaient désignées sous des noms de saints. Elles étaient situées aux environs de la cathédrale, dans la rue Porte de la Chaussée [56], sur la place du Friche aux chanoines [2], dans la rue aux Chanoines [58], l’impasse Cardin-Martin [5], la rue au Cerf [6], la Grand’Rue et la rue du Pont-Mortain.

DANS LA RUE DE LA CHAUSSEE ET SUR LE FRICHE
… voir l’article plus étendu : Bulletin Socièté Historique de Lisieux n°13, 1901.

PLAISSE 1978
PLAISSE André et Sylvie, La vie municipale à Evreux pendant la guerre de Cent Ans, Evreux, Société Libre de l’Eure, 1978 (Revue Connaissance de l’Eure, hors série Nø 2.), 300 p., ill.

SAINT-JEAN-VITUS 1990
SAINT-JEAN-VITUS Benjamin, « Caractères et transformations du parcellaire dijonnais aux XV e et XVI e siècles: contribution à m’étude de l’habitat et de la ville », Annales de Bourgogne, t. LXII,

SAPIN 1993
SAPIN Christian, « Etude archéologique/Etude du bâti: Autun, un quartier épiscopal et canonial », Les Nouvelles de l’Archéologie, Nø 53-54, Automne-Hiver 1993, pp. 13-18, ill.
Limite des méthodes traditionnelles dans la morphogénèse de la ville – L’archéologie du bâti dans son contexte – Le bâti – Ni identification, ni typologie: de la pertinence de l’ilot comme unité de réflexion.

SAPIN 1983
SAPIN Christian, « Archéologie médiévale et maisons urbaines: à propos de découvertes récentes rue des Forges à Dijon », Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, t. 53.

SERBAT 1926
SERBAT Louis, Lisieux PARIS, Laurens, 1926, in-16, 127 p., ill.; p. 114:
« Un manoir qui par exception, est tout en pierre se trouve rue Paul Banaston, non loin de la cathédrale. Il consiste principalement en un pavillon rectangulaire, du XV e siècle, auquel de larges encorbellements en anse de panier donnent une apparence tant soit peu militaire… »

[1] Voir entre autres: LEMARIGNIER 1962,p.19.
[2] Aujourd’hui rue Paul Banaston partie sud.
[3] Aujourd’hui Place Le Hennuyer.
[4] Rue longeant l’Hôtel des Postes et la Banque de France, joignant le parvis de la Cathédrale à la Place Canoniale.
[5] Rue Condorcet dans la partie longeant la partie ancienne de la Poste – correspondant à la partie inaugurée en 1907.
[6] Partie occidentale de la grande place, depuis la rue aux Chanoines jusqu’à la Grand’Rue – du cabinet notarial à la pharmacie.
[7] Sur ce petit groupe, voir entre autres: HUARD 1934.
[8] Voir en bibliographie les travaux de ERLANDE-BRANDEBURG, ESQUIEU et GARRIGOU-GRANDCAMP.
[9] FORMEVILLE 1873, cccclxxxij-cccclxxxiij.
[10] Voir à ce sujet la communication d’Olivier BUON, SHL, octobre 1993 – à paraître.
[11] Voir sur ce point notre article: Michel COTTIN, Le Site du Centre Hospitalier de Lisieux du XV e au XX e siècle Décembre 199O dans Le square des Thermes de l’Hôpital de Lisieux s.l.s.d. (1992), pp. 17-21; BSHL Nø 31, 1990-1991 (1992), 1 er fascicule, pp. 37-43 et notre note: Communication SHL, octobre 1993, à paraître.
[12] Louis DU BOIS Histoire de Lisieux Lisieux, 1845, II, p. 191 sq.
[13] Olivier BUON, Lisieux du début du XIII e siècle au milieu du XIV e siècle. Notes d’histoire urbaine Maîtrise d’Histoire, Caen 1993, p. 14.
[14] André POREE, Histoire de l’abbaye du Bec-Hellouin I, p. 596. et de l’abbaye du Val-Richer.
[15] Louis DU BOIS (1845), t.II, p.118, d’après Gallia Christiana IX. .
[16] Etienne DEVILLE, Voir aux pièces justificatives 1460. le texte d’un appointement survenu le 18 novembre 1460, entre Guillaume Inger, chanoine de Lisieux, et Etienne de la Rivière, prêtre, à propos d’une construction en pierre, entreprise par ce dernier, rue de la Chaussée, près du manoir canonial de Guillaume Inger. Il est assez difficile de préciser la nature du différent survenu entre les deux personnages, simple question d’alignement ou d’abornement, objet d’une clameur de haro. Toujours est-il que la construction entreprise par Etienne de la Rue, fut édifiée en partie, et il ne serait peut-être pas hors de propos de la rapprocher de la tour carrée qui s’élève encore aujourd’hui à l’entrée de cette voie, actuellement rue Paul-Banaston. » .
[17] Voir entre autres: LEMARIGNIER 1962, les travaux récents d’Alain ERLANDE-BRANDENBURG, d’Yves ESQUIEU, de Pierre GARRIGOU-GRANDCAMP et le nø 25 des Cahiers de Fanjeaux consacré au Monde des chanoines.
[18] Grégoire de TOURS, Histoire des Francs Traduction Robert LATOUCHE, Paris, Les Belles Lettres, 1979, t. II, p. 57.
[19] BECQUET 1989.
[20] Ceci n’est d’ailleurs pas limité à Lisieux. Cf. entre autres: GARRIGOU 93.2. ou MESQUI 1993. .
[3] Place Le Hennuyer. ,
[21] Sur ce sujet voir ci-dessous les travaux de PIEL (reprenant ceux de l’abbé LERAT) d’Henry de FORMEVILLE
[24] Rue joignant le parvis de la Cathédrale à la place Le Hennuyer, longeant l’Hôtel des Postes et la Banque de France .
[25] Rue Condorcet dans la partie longeant la partie ancienne de la Poste – correspondant à la partie inaugurée en 1907.
[26] Partie occidentale de la grande place, depuis la rue aux Chanoines jusqu’à la Grand’Rue – du cabinet notarial à la pharmacie.
[27] Sur ce petit groupe, voir entre autres: Georges HUARD.
[28] Voir les actes cités ci-dessus.
[29] DEVILLE op. cit. Il est assez difficile de préciser la nature du différent survenu entre les deux personnages, simple question d’alignement ou d’abornement, objet d’une clameur
de haro. Toujours est-il que la construction entreprise par Etienne de la Rue, fut édifiée en partie, et il ne serait peut-être pas hors de propos de la rapprocher de la tour carrée qui s’élève encore aujourd’hui à l’entrée de cette voie, actuellement rue Paul-Banaston ». Voir ce texte aux pièces justificatives. .
[30] Elle est généralement désignée de nos jours Tour Saint-Laurent. Nous n’avons pu retrouver l’origine de cette tradition, mis une tour faisant partie tour de l’ancien Pont-l’Evêque ou des fortifications du XV e siècle ayant porté ce nom – voir entre autres un acte de mars 1555 et LESQUIER 1928, p. 119 – il nous paraît bon de revenir ici à l’ancienne appellation.
[31] Voir Bibl.Nat. Ms. Nouv. acq. lat. 1778. Ce manuscrit contient fø 6, une liste des maisons canoniales avec le nom de leur titulaire et fø 9, le procès verbal d’une assemblée capitulaire du 2 juillet 1549 dans laquelle nous retrouvons cités les mêmes chanoines.
[32] L’étude toute particulière des construction de pierre lexoviennes, les perrins n’ayant jamais été tentée, nous renvoyons à la courte note insérée en ANNEXE II, extraite d’une communication à la SHL . Travaillant toujours sur ce sujet nous nous proposons de développer ce point ultérieurement.
[33] Philippe SEYDOUX, Châteaux du Pays d’Auge et du Bessin s.l. (Paris), Edit. de la Morande, s.d.(1985), p. 35, ill.
[34] et sur une maison à étage – ancienne Mairie – place de la Révolution, à Cherbourg; Cf. photographie dans Art de Basse-Normandie nø 24, Hiver 1961-1962, p. 16.
[35] Voir par exemple le cloître de Ganagôbie (Basses-Alpes) reproduit par Camille ENLART, ENLART Camille, Manuel d’archéologie française… Deuxième partie. I. Paris, Picard, 1929, p. 21. .
[36] Arcisse de CAUMONT, Statistique monumentale du Calvados t. V. p.273; Raymond QUENEDEY, Les provinces de l’ancienne France. La Normandie. Recueil de documents d’architecture civile de l’époque médiévale au XVIIIème siècle. I.- Généralités, milieu, climat, sol, conditions humaines. Seine-Inférieure . II-III.- Calvados. IV.- Eure. V.- Manche et Orne PARIS, F. Contet, 1927-1931, 5 vol. 2 e série, 1927, pl. 51: maison du Cirier (Plantefor).
[37] Voir à ce sujet Charles ENGELHARD, « Le Manoir Formeville », Congrès des Sociétés des Beaux- Arts des Départements 1911 et t. à p.: Paris, Plon-Nourrit, 1911. Dans cet article, l’auteur avance un certain nombre d’hypothèses qui doivent être vérifiées.
[38] Cf. Joan STEVENS, Old Jersey houses and those who lived in them Jersey, Société Jersiaise, 1965; rééd. 1966; Rééd. 1972, 253 p. = add., ill.; voir pp. 66.
[39] Sur la destruction de cette église, voir: Jacques HENRY, Notes sur la disparition de la paroisse Saint-Germain, Communication S.H.Lx. 23 mai 1961.
[40] Dans un autre contexte, quelques maisons rouennaises du XVI e siècle présentaient une telle disposition – voir entre autres l’article de A. LAQUERRIERE, L’aître Saint-Maclou et les anciens charniers dans Eglises, hôtels, vieilles maisons Amis des Monuments Rouennais, 1886-1986, pp. 323-330, ill. – mais les supports étaient accompagnés de bases et d’entablements appropriés.
[41] L’origine de cet exhaussement nous est inconnue et ne concerne pas également tout le quartier, mais il doit être mis en relation avec la disparition des « Coutures » et leur transformation en zone d’habitation dont on décèle les premières manifestations vers 1150/1180. Au-delà du XV e siècle ce phénomène n’apparaît plus. Dans la partie haute de la ville, et tout particulièrement aux alentours de la cathédrale, il fut considérable, car, selon toutes vraisemblance, les « salles basses » que nous avons connues entièrement enterrées, étaient, à l’origine, des rez-de-chaussée, comme l’avait si justement remarqué, entre autres, Henri MOISY. Dans ce cas précis, si nous suivons cet auteur, il s’agissait d’un apport de terre destiné à obvier aux désordres causés aux fondations de la cathédrale par le creusement des fossés du Fort L’Evêque.
[42] Arcisse de CAUMONT, Abécédaire d’archéologie. Architecture civile p. 150, 152, 169, 182, etc.
[43] Arcisse de CAUMONT, Statistique monumentale du Calvados Caen, Hardel, 1867, t. V, p. 803.
[44] Ce sujet, et plus largement l’architecture civile font l’objet actuellement de très nombreuses recherches dans toute la France où, à la suite des chercheurs anglais, nous redécouvrons un patrimoine considérable totalement oublié depuis les publications de VERDIER et CATTOIS.
[45] COTTIN 1993.
[46] Le chèvecier était chargé de garder les lieux saints, de veiller à l’approvisionnement de l’église, etc. Voir FORMEVILLE 1873, I, p. ccv-ccvj.
[47] L’écolâtre avait en charge les écoles de la ville et de la banlieue. Idø, pp. ccvj-ccvij.
[48] Voir en ANNEXE I texte de 1549. .
[49] PIEL 1891, I, p. L. « .
[50] Voir point 1 sur le plan.
[51] Point 2 du plan.
[52] Voir les actes du 30 novembre 1433 cité par ENGELHARD et du 25 mars 1555 analysé par FORMEVILLE – En annexe.
[53] Les Nouvelles de l’Eure Nø 9, p. 46, ill. .
[54] Cartulaire pp. 324,325, 327 .
[55] Ce paragraphe a été rédigé avec les notes tirées 1ème des délibérations du Chapitre; 2ème d’un mémoire écrit en 1789 par L. Lerat, chanoine; 3ème du registre sommier de la vente des biens nationaux du district de Lisieux, année 1791 et 1792. Ces manuscrits appartiennent aujourd’hui à l’église Saint-Pierre de Lisieux et à M. l’abbé Loir. Nous avons sous les yeux les noms des acquéreurs des maisons canoniales; mais nous ne les citerons pas par égard pour les familles encore existantes. Du reste, ces biens ecclésiastiques furent comme une malédiction jetée sur ceux qui en devinrent possesseurs. La plupart ne les gardèrent pas longtemps et cette acquisition fut le commencement de leur ruine. Quant à ceux qui les gardèrent, nous en connaissons dont les enfants payent encore aujourd’hui le crime de leurs grands pères.
[56] Aujourd’hui.[1891] rue de la Chaussée.
[58] La rue qui va du parvis de la Cathédrale au Friche aux chanoines.