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CROISILLES




Martine Leclercq-Poupons.



CROISILLES

Croisilles, l’histoire d’un petit village ornais.
Croisilles, notre commune se situe, dans l’Orne à l’extrémité du pays d’Auge. Habitant l’ancien presbytère depuis plus de quarante ans, l’étude de son histoire m’a amenée à consulter les archives départementales de l’Orne. J’ai pu découvrir les fonds historiques concernant notre village, les délibérations du conseil municipal depuis la Révolution et les actes d’état civil des familles (depuis 1610).
Intéressée, j’ai ensuite lu les écrits et témoignages des historiens, localement nous avons les bulletins religieux retraçant l’histoire des communes du canton, les ouvrages de Xavier Rousseau, les publications des Sociétés Historiques et Archéologiques de l’Orne et de Normandie. J’ai donc proposé au conseil municipal de regrouper les éléments trouvés, de les expliquer parfois et d’en faire un recueil sur la vie de notre commune avec l’aide et les témoignages des habitants. J’ai aussi pensé que ce livre pouvait être pour les générations futures, un témoin, de l’époque que nous vivons, en sollicitant les actuels élus.

Bulletin ShL n° 88



Sommaire du numéro 88- Deuxième semestre 2019

Nos prochaines activités
Nos amis ont publié

– Compte-rendu des animations de notre 150e anniversaire.
Daniel Dehayes
– 1869 – Une année pleine de promesse.
Dominique Hiblot
– Géographie de Lisieux en 1869.
Jeanne Gonçavès – Laurent Ridel
-Le personnel politique lexovien en 1869.
Dominique Guérin
– Patrons et ouvriers des industries textiles lexoviennes vers 1869.
Jeanne Goncalvès
– La culture en pointillé.
Benoît Noël
– Florilège des chroniques du Palais.
Alain Corblin
– Faits insolites glanés dans la presse en 1869
Laurent Ridel
– Le spiritisme à Lisieux dans les années 1860 et 1880.
Patrice Lajoye
– Publicités et en-têtes de lettres 1860-1869.
Françoise Dutour
– Un certain regard sur le sport à Lisieux en 1869.
Pierre Viquesnel
– Les relations très amicales de Charles Gounod avec les de Beaucourt propriétaires du château de Morainville au Mesnil-sur-Blangy
Daniel Deshayes

Ouvrage à retirer:

Le Mercredi de 15h00 à 18h00 au siège de la
Société Historique de Lisieux
1, rue Paul Banaston
Tour Saint Laurent
14100 Lisieux
17 euros.

Disponible:
– Librairie les grands chemins 24 Place de la République, 14100 Lisieux.
– Maison de la Presse 51 Rue Pont Mortain, 14100 Lisieux.

Envoi postal :
Commander : Adresse ci-dessus de la ShL
Règlement par chèque à l’ordre de « Société historique de Lisieux »
22,70 (17 + 5,70 euros pour frais d’envoi).

MISSION 107




Thierry Marchand

MISSION 107
Les bombardiers du 7 août 1944 – Lisieux – Normandie

Cette brochure est réalisée dans le cadre du 75e anniversaire de la chute de trois bombardiers américains de la 9th Air Force, 3944th Bombardment
Group, 585th Bombardment Squadron, aux environs de Lisieux (Calvados), en tout début d’après-midi, le 7 août 1944. Ces trois appareils de type B-26 Marauder sont abattus par la Flak en seulement quelques minutes. Un appareil chute en feu à Saint-Pierre-des-Ifs (un seul survivant fait
prisonnier). Un autre appareil tombe à La Boissière(aucun survivant) et un troisième avion chute à Saint-Martin-de-1a-Lieue (quatre aviateurs survivants, sauvés et cachés par la résistance locale, deux autres aviateurs sont décédés). Un autre bombardier, de la même mission, se pose en Normandie pour secourir un membre d’équipage gravement blessé. Les parcours d’autres aviateurs, tombés pendant la journée du 7 août 1944 autour de Lisieux, sont également évoqués dans ces pages d’histoire. Cette brochure leur rend aussi hommage.


Thierry Marchand, diplômé de I’EHESS, mention
histoire et civilisations, a publié en 2018: Des Ailes pour
la Liberté, Aviateurs alliés sauvés par la Résistance
(Normandie – été 1944) aux Editions Corlet. Il est
également l’auteur de For Liberty, From Eagle Squadron
to Normandy, Donald W. Mcleod story (1914-1946),
livre en Anglais publié en 2019.

Généalogie Maison de PRIE

HISTOIRE GÉNÉALOGIQUE de la MAISON de PRIE
Auteur : Société historique et archéologique de l’Orne. Auteur du texte.sur Gallica.fr

La famille de Prie tient sa célébrité de la trop fameuse maîtresse du duc de Bourbon, Agnès Berthelot de Pleneuf, épouse de Louis, marquis de Prie. En dehors de cette femme douée, d’une intelligence remarquable, mais profondément immorale, cette illustre maison dont le. nom est aujourd’hui éteint et dont il ne reste de descendants que par les femmes, a tenu dans l’histoire une place si importante qu’il m’a paru intéressant d’en rappeler le souvenir. Les fonctions dont ses membres ont été chargés, les fiefs qu’ils ont possédés, les brillantes alliances qu’ils ont contractées les ont toujours mis à la tête de la. Noblesse.
Le Père Anselme, dans son Histoire des Grands Officiers de la Couronne, a consacré à la famille de Prie une très longue notice à laquelle j’ai fait de nombreux emprunts. J’ai consulté en outre des actes de partages, inventaires, contrats de mariage etc. que possède mon père, M. de la Garanderie, les mémoires, les récits des différentes époques, des ouvrages spéciaux sur les provinces où les de Prie ont vécu, de façon à faire de cette étude autre chose qu’un simple tableau généalogique, mais à en augmenter l’intérêt par quelques anecdotes prises çà et là, au cours de l’histoire. Je tiens aussi à remercier pour les renseignements qu’ils m’ont donnés, MM. le Baron Auvray, de Brébisson et le Commandeur Le Court.

La famille de Prie tire son nom de la terre de Prye dans le Nivernais, fief dépendant de la châtellenie de Nevers, que les de Prie possédaient, dès le XII° siècle et qu’ils ont conservé jusqu’au XV° siècle, époque où Antoine de Prie le vendit, à Imbert de la Plattière, seigneur de Bourdillon. M. Georges de Soultrait dans le Dictionnaire topographique de l’ancienne France, cite différents auteurs qui ont fait mention de ce fief à des époques très reculées : Le Cartulaire de Saint-Cyr de Nevers (eh. 3), indique en 970 la villa Privaco (ch. 2), en 1029 villa quoe vocatur Privaco . Les auteurs de la Gallia Christiano citent (ch. XII, col. 380) en 980 villa Pruvia , etc.
L’histoire de la famille de Prie n’intéresse pas seulement la Normandie. Originaire du Nivernais, cette famille s’étendit en Bourgogne, où l’on voit dans une chapelle de l’église de Beaujeu – sur – Saône, une épitaphe où sont représentées les armes de Beaujeu et autour celles des de Prie, de la Baume – Montrevell, ( D’Hozier, Armoriai général, I, 55). etc. ; en Berry, où elle posséda de nombreuses seigneuries entre autres celles de Montpoupon, Molins ou Moulins, Buzançais ; en Touraine. Ce fut seulement au début du XVII° siècle qu’elle s’établit en Normandie par le mariage d’Aymard de Prie avec Louise de Hautemer, dame de Fervacques, fille du fameux maréchal de Hautemer, protestant farouche, dont, les cruautés sont restées légendaires.
Les biens des de Prie ne firent qu’augmenter jusqu’au jour où Louis XV érigea en marquisat les seigneuries de Plasnes et de Courbépine au profit de Louis de Prie, mari d’Agnès Berthelot de Pléneuf. Après sa mort, ses biens passèrent à son neveu, Louis, qui fut ruiné en grande partie par les abus de confiance dont se rendit coupable son homme d’affaires, le sieur Duclos – Lange.
Les armoiries de la famille de Prie sont : de gueules à trois trèfles d’or renversés et sans queue posés 2 et 1.
Leur devise était : non degener ortu et ils avaient adopté comme cri de guerre : Prie à chant d’oiseaux , où le mot Prie est l’impératif du verbe prier . Ce jeu de mots signifie donc : Prie dès le matin au chant des oiseaux.

Le premier personnage du nom de Prie que l’on rencontre est Geoffroy, sire de Prie, qui fut présent avec Renaud de Chatillon, Hugues de la Tournelle et autres à une donation faite par Ide, comtesse de Nevers, en 1178, aux religieuses de la Ferté – sur – L’Iseure.

I. Au siècle suivant, nous voyons Jean 1 de Prie, damoiseau, seigneur de Buzançais, faire en 1250 un accord avec les religieux de l’abbaye du Landais et en 1253 conclure un acte avec Archambaud seigneur d’Argy. Dans une transaction conclue en mai 1257, avec l’abbé et les religieux du Candais, et qu’il promit de faire ratifier par sa femme Isabelle, il est qualifié chevalier, héritier de défunt Raoul seigneur de Busançois . Le sceau dont est scellé cet acte est en cire verte, dit le Père Anselme, sur des cordons de soie rouge et représente un écu chargé de trois tierces feuilles, blason des de Prie et au contre sceau est un aigle à deux têtes, blason de la seigneurie de Busançais. Un titre de l’abbaye de Miseray mentionne un don de 8 sols de rente en échange d’autres revenus qu’il fit en janvier 1261 au chapitre de Cloué. Il accompagna saint Louis dans sa dernière croisade ; étant au royaume de Thunis outre mer, il fit donation pour le remède de son âme le vendredy après la Nativité de Notre – Dame 1270 , à l’abbaye de Villeloin en Touraine du pâturage et herbage dans ses bois d’Oigues. Jean de Prie ne mourut pas à Tunis, car en mars 1271, il faisait son testament et demandait qu’on l’ensevelisse dans l’abbaye du Landais, de l’ordre de Citeaux. Il mourut en avril 1271, le jeudi avant la Saint-Georges, ainsi que le constate le Vidimus de son testament par Guillaume de Saint – Germain, archidiacre de Busançais, en l’église de Bourges.
Jean de Prie laissa plusieurs enfants, ainsi qu’en témoigne le testament de son fils Jean. Ce furent :

    1. Philippe, mentionné dans le testament.
    2. Jean, qui suit.
    3. Robert, qui viendra après son frère.
    4. N.(?) Prieure de Jarzé *
    5. Agnès dans le testament de
    6. Isabelle.

[* 4,5 et 6 mentionnées toutes les trois dans le testament de leur frère]

II– Jean II, seigneur de Prie, Busançais et Molins [Ou Moulins en Berry entre Bourges et la Charité.] etc., chevalier, fit serment dans le cœur de l’église Saint – Silvain de Levroux, le mardi après la Madeleine 1276 de garder les privilèges et immunités que ses prédécesseurs avaient accordé à cette église, à la maison du Porche de ce lieu et de Busançais . Le jeudi après la Pentecôte 1287, il amortit ce que les religieux de l’abbaye du Landais avaient acquis ou reçu en aumône en ses terres fiefs et arrière – fiefs. En 1312, il fit son testament choisissant pour sépulture l’église du Landais, près du tombeau de son père, et faisant des legs à ses trois sœurs: N… Prieure de Jarzé, Agnès et Isabelle de Prie, et à Isabelle, sa fille religieuse à Jàrzé. Il laissait en outre 200 1. pour le secours de la Terre Sainte, ordonnant que cette somme avec le legs de 400 1. que jadis M. son père avait fait en la même intention serait portée par l’un de ses fils, Jean ou Geoffroy ou par deux chevaliers qu’ils enverraient. Il nommait entre autres exécuteurs testamentaires ses frères Robert et Philippe. L’obituaire des Cordeliers de Châteauroux indique 1317 comme date de sa mort. Il fut inhumé dans l’abbaye de Landais. Il eut trois enfants :

    1. Jean de Prie
    2. Geoffroy de Prie [1 et 2 que l’ on verra plus loin.]
    3. Isabelle de Prie, religieuse à Jarzé.

Robert de Prie, fils de Jean I, mentionné dans le testament de son frère, chevalier, seigneur de la Charnaye, épousa Alix de Gondrecourt [écartelé aux 1 et 4 d’azur à la fasce d’argent, ace. en chef de deux éperviers d’or et en pointe d’une molette de même ; aux 2 et 3 d’azur à S anneaux d’argent 2 en chef et 1 en pointe] (La Chesnaye – des – Bois), laquelle Alix de Gondrecourt légua du consentement de son mari, par testament du lundi après l’Assomption 1315 au monastère de Notre – Dame de la Charité – sur – Loire trois livres de rentes annuelles et perpétuelles à prendre sur les prés de la Charnaye en la paroisse d’Argenvières pour célébrer un anniversaire pour le repos de son âme. Elle ne vivait plus en 1323. Le Père Anselme dit qu’ils peuvent avoir pour fils :

Jean de Prie, chevalier seigneur de la Charnaye, qui s’étant rendu à la semonce du Roi en son ost de Flandres obtint par lettre du 29 août 1328 don des sommes que ses hommes, sujets et justiciables devaient payer pour cet ost. Le même Jean de Prie dit le Rousseau, chevalier seigneur de la Charnaye, servit dans l’ost de Bouvines, où il est employé comme enclos à Tournay avec 4 écuyers, suivant le compte de Barthélémy du Drach trésorier des guerres de l’an 1340. Il est nommé Roussel de Prie dans une quittance scellée d’un sceau sur lequel figure une tierce feuille accompagnée de trois P, deux en chef et un.en pointe, qu’il donna à Jean Chauvel, trésorier des guerres, quittance datée de Saint – Jean – d’Angély, le 8 septembre 1351. Il donna aveu et dénombrement à cause d’Isabeau de Chasteaux, sa femme à Mgr le duc d’Athènes, seigneur de Chastel Chignon , de ses honnîmes et biens des lieux d’Arenges, de Paluz, d’Yonne, du Bois de Charnaye et de Corency, le dimanche jour de Saint Jean – Baptiste 1352 ; de même au comte de Flandres, de Nevers et de Rethel de la troisième partie de la justice du château de Prie, dépendant du comté de Nevers. Il reçut un aveu à cause dû château de Prie de Guillaume Rochen, damoiseau, le mardi jour de la Trinité 1354 et légua en 1360 au monastère de la Charité sur Loire 3 1. de rente pour être enterré dans l’église de ce monastère, auprès de sa mère, ordonnant que le corps de son père enterré à Saint – Jean de Nevers fût apporté dans cette église pour être mis sous la même tombe que lui. Isabelle de Chasteaux, d’après les Mémoires de Dom Dolet, bénédictin, était veuve en 1376, lorsqu’elle fonda au même monastère 5 1. de rente à la condition de dire deux anniversaires pour elle, deux pour ses père et mère, et un pour feu son mari et feu Guillaume son fils.

En 1335 – 1349 et 1354, Guillaume de Prie, fils des précédents, chevalier, rendit aveu au comte de Nevers avec Mahaut d’Arablay [de gueules à deux fasces d’or], veuve de Miles d’Auxerre pour la terre de Brèves dont ils possédaient chacun la moitié. Guillaume de Prie, chevalier, est employé avec trois écuyers dans le compte de Nicolas Odde, trésorier des guerres des années 1360 et 1361. De son mariage avec Marguerite de Troussebois (or au lion de sable armé, lampassé et couronné de gueules), il semble bien qu’il n’eut pas d’enfants.

III – Nous avons vu précédemment que Jean II de Prie, d’après son testament, eut trois enfants : Jean III qui continue la descendance. Geoffroy dont nous allons parler maintenant et Isabelle. Geoffroy de Prie, sire de la Charnoye, se rendit à Niort avec deux chevaliers, huit écuyers pour servir le roi en Guyenne, suivant le compte de Jean le Flament des années 1387 et 1388. Il rendit aveu avec Jeanne de Bourbon (Bourbon Roussillon : d’azur à 3 fleurs de lys d’or au bâton noueux brochant sur le tout) sa femme, au comte de Nevers, du lieu dit La Motte – sur Loire en 1405 et ils achetèrent eh 1412 des bois dans les paroisses de Saint – Germain – des – Bois, de Serreuil, de Saint – Lienaiffe et de Contres, relevant de Bruyères – sur – Cher. Jean Garnier, citoyen de Nevers, le qualifie seigneur de la Charnoye et de Prie dans un dénombrement qu’il lui donne en 1421 à cause de la terre de Prie.
Jean III de Prie frère de Geoffroy, qualifié chevalier, sire de Brèves, fils aîné de noble homme messire Jean de Prie, seigneur de Buzànçais, Molins (Moulins), dans un acte passé entre en 1309 avec les religieux de l’abbaye du Landais. Il comparut avec dix hommes d’armes au ban et arrière – ban du Berry en 1317. Il est qualifié seigneur de Buzançais, chevalier, dans un dénombrement qu’il donna de la 3e partie de la terre et seigneurie de Prie au comte de Flandres et de Nevers, le 19 avril 1323. Le 22 juillet 1323, il fit un accord avec les religieux du Landais et en 1326, donna aveu de son fief et de la maison de Themillon au comte du Bar, seigneur de Puisaye (d’azur semé de croix d’or recroisettées au pied fiché, Vécu chargé de deux bars – d’or adossés). Le 14 août 1329, il amortit une rente de 15 1. que sa femme avait léguée aux religieux du Landais. C’est probablement ce Jean de Prie qui servit les rois Philippe ,1e Bel et Philippe le Long dans leurs guerres contre les Flamands et qui épousa : 1° Gillette N., dont la maison est inconnue et qui suivant la Thaumassiè [La Thaumassière : Histoire du Berry, in – f°.] et vivait encore en 1302 – 2° N. de Brosse, fille unique et héritière de Hélie de Brosse, seigneur de Chateauclos. Du premier lit naquirent :

    1. Philippe, seigneur de Prie, qu’on verra plus loin.
    2. Robert de Prie, seigneur de Delouze [Près Gondrecourt Meuse] et de Seilles en 1333.
    3. Gautier de Prie, seigneur de Demenges [Près Gondrecourt Meuse] donna en février 1332 aveu au comte de Bar de cette terre et de tout ce qu’y possédait Pierre de Beauffremont. Il eut de Mahaut sa femme, une fille, Marguerite, alliée à Jean d’Arentières.
      Du second lit vinrent :

        1. Jean de. Prie, chevalier, seigneur de Chateauclos qui, à cause de ses services, obtint de Charles d’Espagne, connétable de France, des lettres de rémission accordées au nom du roi et datées de Saint – Jean – d’Angély, le 30 août 1351, lettres confirmées par le roi Jean en janvier 1353. Il donna quittance à Bourges le 15 août 1356 à Jean l’Empereur, trésorier des guerres pour ses gages, en qualité de bachelier et pour 3 chevaliers bacheliers, 24 écuyers et 3 archers de sa compagnie servant avec lui sous M. Héron de Mail, chevalier, capitaine souverain en Limousin. Il épousa Jeanne d’Amboise (Pallê d’or et de gueules de 6 pièces), fille de Jean d’Amboise, seigneur de Chaumont et de Saint – Verain et de Jeanne de Beaumont.
        2. Helliotte de Prie, dame de Chateauclos, épousa :
        3. Pierre de Naillac, seigneur de Gargilesse et du Boschet (d’azur à deux lions léopardés d’or l’un sur l’autre), sans enfants :
        4. Artaud d’Usel à qui elle apporta le château du Boschet, mais dont ils furent chassés tous les deux après s’être alliés aux Anglais. Elle mourut en 1365, chez un de ses parents, Louis de Maleval, chez qui elle s’était retirée après la mort de son mari, et à qui elle laissa tous ses biens.

IV – Avec Philippe de Prie, premier du nom, chevalier, seigneur de Prie, de Busançais, de Montpoupon et de Moulins, fils de Jean III de Brie et de Gillette N…., la généalogie de la famille de Prie est établie par le Père Anselme sur des documents très sérieux et avec une certitude absolue En 1319, Philippe de Prie servait avec 3 écuyers sous Henri, sire de Sully. Il était en 1328 au siège d’Ypres et le 9 septembre obtenait du Roi, Philippe VI, par lettres données au camp devant Y près, exemption du subside ordonné pour la guerre de Flandres sur ses hommes de serve condition et taillables . En 1338, il était sénéchal de Beaucaire et de Nismes , dignité qui n’était accordée qu’aux gens de la plus haute naissance, et reçut en cette qualité trois quittances (de Bérenger seigneur d’Uzès, chevalier, de Raymond d’Arpajon, damoiseau et de Pierre d’Ampus, damoiseau viguier royal de Nîmes). En 1339, il donna à Geoffroy le Flament pour ses gages et ceux de sa compagnie une quittance de 3.820 L., scellée de son sceau sur lequel figure un écu chargé de trois tierces feuilles avec une bordure et où, d’après le Père Anselme, il est qualifié chevalier banneret sénéchal de Beaucaire. En 1340, du 11 au 20 mai, Philippe de Prie était présent en l’ost de Bouvines ; de. là il alla en la compagnie du roi de Navarre et ensuite avec Louis d’Espagne, où il se trouva avec son parent Jean de Prie, seigneur de la Charnoye, ainsi qu’en témoigne un compte de Barthélémy de Drach, trésorier des guerres. Il était parti de Chateauregnaud, le jour de la fête du Saint Sacrement 1341 ou 1342 pour aller en Bretagne avec Archambault.de Cravant ( Cravant, près Auxerre.) (écartelé d’argent et d’azur) chevalier, son compagnon et aussi son parent par son mariage avec Colette de Prie, et dix écuyers et avait mis vingt – huit jours à faire ce voyage. Il était mort en 1347, laissant plusieurs enfants de son mariage avec Isabeau de Sainte – Maure, dame de Bellefontaine (d’argent à la fasce de gueules), fille de Guillaume II seigneur de Sainte – Maure et de Marcillac et de Jeanne de Rançon.

    1. Philippe de Prie dit le Borgne, sire de Moulins, qui suit.
    2. Jean de Prie qualifié N. H. Jehannet de Prie, damoiseau, fils de Mre Philippe de Prie dans un accord passé en 1355 avec les chanoines de Levroux. C’est probablement lui qu’un compte de Jean Chauvel, trésorier des guerres de l’an 1353, signale comme ayant servi avec un écuyer, avec le Borgne de Prie son frère, dans l’armée du Roi en Poitou du 19 septembre au 31 octobre 1353. Il était un des trente huit écuyers de la compagnie de Renaud, sire de Pons, qui fit montre à Pons, le 7 mars 1354 et donna quittance datée de Serlande le 28 septembre 1355 pour ses gages et ceux de quatre écuyers, présents avec lui dans la Compagnie de Regnaud de Gouillons, sous Jean de Clermont, sire de Chantilly, au dire du Père Anselme, scellée de son sceau en cire rouge : 3 tierces feuilles et une bordure.
    3. Agnès de Prie, épouse de Guillaume de Brais donne aveu en 1347 au comte de Nevers de ce qu’elle avait en la terre de Prie. Veuve en 1349 selon un autre aveu au comte de Nevers, elle se remaria à Hugues de Chauffet, écuyer, qualifié à cause d’elle seigneur de Prie dans deux aveux de 1352 à 1354.
    4. Jeanne de Prie épouse Geoffroy de Palluau (d’or au chevron de gueules chargé de 3 roses d’argent accompagné de 3 bleuets d’azur, tiges de sinople), chevalier, seigneur de la Motte Palluau.
    5. André, Andri ou Andrieu de Prie, écuyer est mis au nombre des enfants de Philippe de Prie par le Père Anselme (édition de 1712), Moreri et la Thaumassière. Il reçut le 10 décembre 1358 une somme sur ses gages et ceux de huit écuyers pour avoir servi sous les ordres de Renaud de Gouillons aux environs de Paris. Après le meurtre des maréchaux de Champagne et de Normandie par les bourgeois de Paris, la noblesse profondément irritée contre les rebelles commandés par Etienne Marcel, avait offert au Dauphin ses services ; c’est sans doute dans ces circonstances que servit André de Prie, ainsi qu’en témoigne un compte-rendu par Michel Payen de 1360 à 1361, où il est dit qu’il fut auparavant avec deux chevaliers et cinq écuyers sous les ordres du comte de Tancarville. Il reçut hommage à cause de sa maison de Prie sur Seurre, de Gaut de Billy, damoiseau au nom de Jeanne Challemarde, sa femme, en février 1369. Un compte de Jean le Mercier, de 1369 à 1370 le mentionne avec un chevalier et huit écuyers ; et il était un. des neuf chevaliers présents à la revue de Robert de Sancerre le 1er mai 1371. Il n’eut pas d’enfants de son mariage avec Marguerite de Rochechouart, fille d’Aimery de Rochechouart, seigneur de Mortemart (fascé, enté de six pièces d’argent et de gueules. Sur la 2e fasce une belette d’argent pour brisure) et d’Ayde de Pierre Buflière ( Pierre Buflière -Vienne).(de sable au lion d’or).

V – Philippe de Prie dit le Borgne, chevalier, sire de Moulins, est compris dans l’état des seigneurs de la livrée du roi de Navarre en 1341. Maître d’hôtel du duc de Normandie en 1342, quand Philippe VI lui fit don de 500 1. par lettres datées de Châteauneuf – sur – Loire ; il est mentionné avec les mêmes noms et qualités dans une quittance datée de Limoges, le 10 octobre 1345, qu’il donna à Jean Chauvel, trésorier des guerres pour les gages de deux écuyers de sa compagnie servant sous le même duc de Normandie. La Chronique de Jean le Bel raconte que le roi Philippe envoya en 1346 son fils Jean, duc de Normandie, pour reprendre les places et châteaux dont les Anglais s’étaient emparés ; et dom Vaissette, dans son Histoire du Languedoc, dit que, dès le 6 janvier 1346, le duc de Normandie envoya de Loches son maître d’hôtel, Philippe de Prie, dans les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne pour faire conduire l’artillerie qui se trouvait à Toulouse, où il fit la semonce de son armée le 3 février suivant. Une quittance du 10 février 1351, où le surnom de le Borgne n’est pas indiqué, est scellée d’un sceau représentant trois tierces feuilles avec une bordure chargée en chef d’un lion passant. Vers 1347, Johannet de Rede, écuyer, lui rendait aveu de tout ce qu’il tenait en fief dans la terre de Rede mouvante de celle de Migerant (Selon un extrait fait en 1740 sur un original conservé au château de Rede et cité par d’Hozier. Armoriai général, III, 812.).
Le 27 juin 1351, il servait sous les ordres de M. de Craon avec trois écuyers, d’après une quittance scellée de son sceau : 3 tierces feuilles et une bordure. Du 23 juillet au 31 octobre 1355, il était en Saintonge et en Poitou sous Aimery de Rochechouart. Une fois congédiées, les troupes quittèrent Niort pour aller à Angerville, dans le bailliage d’Orléans, avec Jean de Prie, un autre écuyer, Jean, fils du sire de Prie, et deux autres écuyers de sa compagnie d’après un compte de Jean Chauvel, trésorier des guerres. Une quittance conservée dans la collection Clairambault (Coll. Clairambault, R. 789 P. 7187 n° 7469 de l’Inventaire) scellée d’un sceau rond de 20 millimètres et dont l’écu porte 3 tierces feuilles et une bordure et datée de Bourges le 25 juin 1356 S. PH. D… IE reconnaît un don du comte de Poitiers de deux cents deniers d’or à l’écu. Capitaine souverain et général de par le roi au bailliage de Bourges, ainsi que de 50 hommes d’armes de sa compagnie selon sa montre du 6 janvier 1357, il eut un ordre de Charles, fils aîné du Roi et son lieutenant, pour être payé de ses gages et de ceux de 50 hommes d’armes de sa compagnie, le 7 août 1357, ordre dont il donna reconnaissance le 12 août (même sceau que le précédent). Arnaud de Cervolt, Philippe de Prie, seigneur de Molins et Paon de Prie, seigneur d’Audonville, jurèrent et promirent, au nom des Français, de tenir et accomplir les articles du traité fait à Rully avec les Anglais en 1359, pour la reddition de la place de Busençais que les Anglais possédaient. Le 13 juin 1362, le roi lui accordait des lettres de pardon et de rémission datées de l’abbaye de Royal Lieu apud regalem locum , près Compiègne pour des excès qu’il avait commis envers deffunt Pierre de Moustiers, chevalier, à cause des services qu’il lui avait rendus ainsi qu’à son fils, le duc de Berry. L’année précédente, il défendait le château de Sancerre que les ennemis assiégeaient après s’être emparés de la ville. Ses enfants furent : •
Paon de Prie, seigneur d’Audeville.
Jannet de Prie, chevalier auquel Paon, son frère succéda, suivant des registres du Parlement de 1392 où il est dit avoir été marié.

VI – Paon de Prie, seigneur d’Audeville (Audeville, près Pithiviers), chevalier, capitaine de la Rochelle, alias Jean IV, seigneur de Prie. Busançais, Chateauclos, Gargilesse et Thesmillon, chevalier banneret fut, dit – on, appelé Paon à cause de sa magnificence. Il se distingua toute sa vie par sa fidélité envers le roi Jean et après la bataille de Poitiers, envers le Dauphin, le futur Charles V. Il défendit le Berry contre le prince de Galles, et comme on l’a vu, fut avec son père un des signataires du traité conclu avec les Anglais dont l’un des articles portait qu’après le paiement de l’indemnité et la remise
des otages exigés, les Anglais quitteraient la place de Busançais et la remettraient entre les mains de Mons. Paon de Prie . Monoton de Cazalis le qualifie seigneur de Busançais dans un hommage qu’il lui rendait le lundi avant la Madeleine 1361. Jean Maugeis varlet seigneur de la Barre lui rendait aveu en cette qualité le samedi après la Saint – Martin d’Eté 1362. Il se qualifie sire de Prie et de Busançais dans une quittance du .17 août 1363 donnée à Philippon de S. Père pour 225 1. reçues pour ses gages et ceux d’un chevalier, 22 écuyers et 6 archers de sa compagnie qui avaient contribué avec lui à la garde et à la défense du Maine et de l’Anjou. Son sceau en cire rouge représente 3 tierces feuilles, l’écu penché avec un timbre couronné, d’où sort un cygne dans un vol banneret. Supports un griffon et un léopard ( Père Anselme : Histoire des Grands Officiers de la Couronne.)
Paon de Prie épousa Philippe Courault, de la maison de Saint – Gaultier en Berry: elle était décédée en 1393, ainsi que l’indique la ratification d’une clause de son testament faite par Jean seigneur de Prie et de Busançais son fils.

De ce mariage naquirent trois enfants :

    1. Jean de Prie, seigneur de Busançais, qui suit.
    2. Paonnet de Prie, écuyer, appartenait à la Compagnie de Louis de Sancerre, maréchal de France, dont la montre fut faite à Poitiers, le 15 août 1386. Le roi de France, Charles VI, projetait alors une expédition contre l’Angleterre et avait préparé une descente dans le Royaume – Uni : 1.400 vaisseaux dorés, blasonnés devaient faire un pont de Calais à Douvres. Malheureusement, le duc de Berry, peu partisan de l’entreprise, arriva trop tard pendant que le Roi rongeait son frein en l’attendant. Les vents ne permirent pas aux vaisseaux de s’avancer à plus de deux milles du rivage, et les obligèrent à regagner le port. Paonnet de Prie devait faire partie de l’expédition et fut reçu à Gergeau le 16 septembre 1386, avec deux chevaliers, dix – sept écuyers, d’après l’état de la dépense pour le passage en Angleterre.Il était au Bourg – Dieu, le 1er août 1387 et à Taillebourg, le 2 octobre, suivant le compte de Jean le Flament, de 1387 à 1388, chambellan du Roi en 1399, d’après le compte de Jamet de Nesson, valet de chambre du Roi et garde de ses coffres en 1400 , il donne en cette qualité en 1405, à Jacques l’Empereur trois quittances, dont l’une du 1er juillet 1405 est mentionnée dans l’inventaire de la collection Clairambault sous le n° 7468 (Clair. R 89, p. 7039).
      . AONNET DE PRIE
      Le sceau représente une sauvagesse nue, tenant de la main droite son timbre avec le cimier ordinaire de sa maison, et de sa main gauche son écu aux armes de Prie brisé d’une bordure. Le compte du trésor de l’an 1406 mentionne un don qui lui fut fait en considération de ses services, de 80 1. par an à prendre sur l’abonage de la terre de Fontenay – l’Abatre. Par lettres du 22 septembre 1410, le roi lui accorda 400 francs d’or pour l’aider à se monter, armer, équiper pour le servir en son armée, et il donna quittance de la moitié le 8 juillet 1411. En 1414, le samedi après la Saint – Mathieu, il fit une donation aux religieux de Notre – Dame du Landais, tant pour le remède et salut de son âme que de Mre Jean, sire de Prie, chevalier et de tous ses parents et amis successivement seigneurs du dit Moulins et afin d’être inhumé dans leur église devant l’autel de Saint Nicolas où sont leurs prédécesseurs ( Père Anselme : Histoire des Grands Officiers de la Couronne)..
    3. arrazine de Prie, épouse Eschivard, seigneur de Preuilly, mourut le 23 janvier 1426, et fut inhumée près de son mari, à l’abbaye de la Mercy – Dieu. Sa fille Louise de Preuilly, épousa Geoffroy Chasteigner, seigneur de Saint-Georges de Rexe ( Voir : du Chesne, Histoire de la Maison de Chasteigner.).

VII – Jean V, seigneur de Prie, de Busançais, de Gargilesse, chevalier, conseiller et chambellan du Roi, confirma en 1366 une donation faite en faveur de l’abbaye de Miseray et reçut le samedi après la Saint – Barthélémy 1380 un aveu de Jean de Rechignevoin, varlet , seigneur de la Morandière. Il est qualifié sire de Prie et de Busançais dans un accord qu’il fit le 26 octobre 1381, avec les chanoines de Levroux. Reçu avec deux autres chevaliers et sept écuyers de la Chambre à Orléans, le 6 août 1383, suivant le troisième compte de Guillaume d’Enfernet. trésorier des guerres de cette année, il donna quittance le 25 août 1383 de 65 livres tournois en prêt sur ses gages pour servir le Roi en Flandres contre les Anglais. Cette quittance mentionnée dans l’inventaire de la collection Clairambault, sous le n° 7464 est scellée d’un sceau rond de 26 millimètres. Ecu portant 3 tierces feuilles timbré d’un heaume couronné et cime d’un col de cygne dans un vol, supporté par un lion et un griffon, avec la mention (Clair. 84, p. 6599).
SIEBA. IRE CES
Il plaidait en 1384 au Parlement contre les enfants de Pierre d’Aradour et de Huguette de Sens, sa veuve ; en 1388, il donnait aveu et dénombrement de sa maison de Thémillon relevant du Chastel de la Perreuse , au comte, de Bar ; en 1392, il plaidait au Parlement contre Jeanne du Montier qui agissait tant en son nom que comme aïeule et ayant la garde d’André son petit – fils. Le registre qui contient le procès, d’après le Père Anselme, articule que Philippe de Prie eut deux enfants, Paon et Jannet, que Paon fut seul héritier par la mort de son frère et qu’à M. Paon avaient succédé les deux enfants, scavoir Jean et Paon ; en qualité d’exécuteur de feue noble dame Philippes Couraude, dame de Prie et de Busançais, sa très chère dame et mère , il ratifia la donation qu’elle avait faite par son testament d’un hôtel au Plessis de Chievres, paroisse de Monesteicol (Monestier Allier)., en faveur de Jeanne de la Vigne. Cet acte est daté de la ville de Busances, le samedy après la Pentecôte dernier may 1393 et scellé de son grand sceau où il est représenté à cheval, armé de toutes pièces, le timbre en tête couronné avec la tête et le col d’un cygne dans un vol, ayant l’épée haute et son écu devant lui aux armes de Prie qui sont aussi sur le caparaçon de son cheval 1 . Il est qualifié chambellan du Roi, dans des lettres de rémission du 19 avril 1395 et seigneur de Gargilesse, dans un échange qu’il fit avec Pierre Savary sire de Lancosme par acte du 5 août. 1399. Une quittance mentionnée dans l’inventaire de la collection Clairambault, sous le n° 7465 indique qu’il prit part, aux guerres de Guyenne. Elle est datée de Poitiers, le 4 septembre 1386 et porte l’inscription (2. 89, p. 7039)
DE ZDE
De son mariage avec Isabeau de Chanac (parti de gueules et d’azur), il eut six enfants :

    1. Jean, seigneur de Prie, baron de Busançais, servit avec fidélité le roi de France, et par son dévouement mérita d’être élevé à la dignité de grand panetier de France. En 1410, plusieurs seigneurs s’étant révoltés, il servit dans l’armée royale chargée de réprimer cette révolte et fut reçu devant Paris, le 18 septembre 1410, avec neuf écuyers de sa compagnie. Le 13 décembre 1418, il était avec un chevalier et dix – sept écuyers sous les ordres du comte de Vertus et prenait part au siège de Tours par le Dauphin (Charles VII). Il fut retenu avec soixante hommes d’armes par lettres du 22 mai 1423 et recevait 400 livres par mois pour ses gages suivant le compte de Macé Héron. Dans les luttes entre Armagnacs et Bourguignons, dans les querelles des seigneurs contre le Roi et dans la guerre contre les Anglais, Jean de Prie fut toujours du parti du roi de France. Aussi, le 23 septembre 1423, le roi d’Angleterre lui confisqua sa terre de Prie pour la donner à Guillaume de Dangeuil. Mais Charles VII rendit plus tard à ses héritiers, ce que le roi d’Angleterre lui avait pris. Il fonda le 22 janvier 1418, le couvent des religieuses de Sainte – Croix de Busançais. Tué d’un coup de vireton, en défendant la grosse tour de Bourges, dont il était, capitaine (1427) ( La chronique d’Arthur de Richement. Publié par la Société de l’Histoire de France.) il n’eut pas d’enfants de son mariage avec Marguerite de Linières (d’azur au chef vairé de deux traits d’argent et d’azur, au lion de gueules, couronné d’or brochant sur le tout). En 1440 et 1441, Marguerite de Linières plaidait contre les héritiers de son mari pour un douaire assis primitivement sur la terre de Cors, ensuite sur celle de Gargilesse.
    2. Antoine de Prie, seigneur de Busançais, grand queux de France qu’on verra plus loin.
    3. Paviot de Prie, donna quittance le 17 juillet 1413 à Regnaud de Longueil, trésorier des guerres, de 150 1. sur ses gages et ceux de neuf écuyers de sa compagnie qui avaient servi avec lui contre les Anglais sous Guichard Dauphin. Elle est scellée de son sceau en cire rouge chargé de 3 tierces feuilles avec une bordure engrêlée. Cimier un cygne dans un vol.( Père Anselme : Histoire des Grands Officiers de la Couronne.).
    4. Jeanne de Prie, dame de Cors, mariée le 6 mai 1422 à Guyon de Sully, seigneur de la Chapelette de Vouillon et de Brailher, à qui elle porta la terre de Cors, était veuve lorsque en 1426, elle rendit foi et hommage de la Chapelette comme ayant la garde noble de ses enfants (Le fils de Jeanne de Prie, Guillaume de Sully, seigneur de Vouillon, épousa Marie ou Marguerite de Beaujeu. Dans l’église de Beaujeu – sur – Saône en Bourgogne, on voit dans une chapelle ayant appartenu à l’église de Beaujeu, une épitaphe où figurent autour des armes de Beaujeu, celles des de Prie, de la Baume – Montrevel, etc. (D’Hozier, Arm. Général, I, 55).
    5. Marguerite de Prie, religieuse au Prieuré de la Ferté sur – Prie, dit le Prieuré de la Ferté – aux – Nonains.
    6. Isabeau de Prie, dame de Gargilesse, était veuve en 1469 de Jean de Castelnau ou de Châteauneuf ( La Thaumassière : Histoire du Berry), seigneur de Lucay, et avait eu en mariage la terre de Gargilesse.

VIII – Antoine de Prie avait été obligé par son frère Jean d’entrer dans les ordres, il devint d’abord religieux de l’abbaye de Deols, puis passa dans l’ordre de Saint – Jean de Jérusalem. Jean de Prie étant mort en 1427, il obtint en 1432 une sentence apostolique qui le déclara capable de succéder à son frère ; il devint chevalier, seigneur de Busançais, de Montpoupon et de Moulins, conseiller et chambellan du roi et du Dauphin et enfin grand queux de France. En avril et mai 1429, il servit au siège d’Orléans où il conduisit, des vivres. C’est lui sans doute qui est mentionné dans le procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc ( Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, publié par Quicheral (Publications de la Société de l’Histoire de France)).
On y voit en effet, un sire de Prie qui partit de Gien et accompagna Charles VII et Jeanne d’Arc à Reims pour le sacre ; ensuite il alla à Sens trouver le Roi avec sa compagnie ; de là il passa en Saintonge, Poitou, Aunis où il était en 1431 à faire la guerre contre les Anglais. C’est à cette époque qu’il fut chargé de l’office de grand queux de France et depuis il est mentionné dans la plupart des comptes de toutes finances. – Dans les luttes qui s’élevèrent entre Charles VII et son fils, il prit fait et cause pour le dauphin, entraînant avec lui son beau – frère Chaumont ( D’après le Jouvencel, par Jean de Bueil et la Chronique d’Enguerrand de Monstrelet (publications de la, Société de l’Histoire de France)).. Un complot s’organisa pour mettre le roi en tutelle et donner le gouvernement au futur Louis XI. Quelques temps après, la réconciliation eut lieu entre le père et le fils ; et de Prie, de La Trémoille et de Chaumont accompagnaient le Dauphin pour l’entrevue qui devait avoir lieu avec son père. Le roi refusa de recevoir les seigneurs de la suite du Dauphin, préférant voir son fils s’éloigner que de pardonner à ses amis leur trahison. Aucune prière ne put faire revenir Charles VII sur sa décision. Quand plus tard, Louis XI eut succédé à son père, il continua son amitié au sire de Prie, lui faisant don en 1465 d’une somme de 20.000 écus pour lui aider à marier une de ses filles.
Le duc d’Alençon mécontent de ne pas trouver dans Charles VII la reconnaissance qu’il en attendait pour ses nombreux services, encouragé en outre par son entourage, envoya vers le Roy d’Angleterre luy faire ouverture de retourner en Normandye et offres de le secourir et assister à la reconquérir. ( Bart des Boulais.)
Le Roi d’Angleterre accepta la proposition et promit au duc d’Alençon de grandes récompenses. Le duc se confia à son aumônier, maître Thomas Gillet. Mais celui – ci s’entendit avec un de ses parents, Pierre Fortin (Les Fortin de la Hoguette, par R. de Brébisson.), qui porta au roi de France les lettres destinées au roi d’Angleterre. Le duc d’Alençon, arrêté en 1455, fut jugé par un conseil réuni à Vendôme, condamné à mort, mais ne fut pas exécuté. Parmi ses juges, figurait Antoine de Prie, assis à la droite sur la même ligne que le haut banc des ducs et comtes, pairs de France. Il eut avec Pierre de Brillac, seigneur d’Argy, au sujet du titre de premier baron de Touraine qu’il prenait, un procès où il alléguait les services qu’il avait rendus au roi dès sa jeunesse, les emplois dont on l’avait chargé, l’office de grand queux de France, l’un des principaux de l’hôtel. Le procès durait encore en 1469 ; mais les violences dont il s’était rendu coupable, le firent condamner à de grosses amendes et Brillac et ses successeurs furent déchargés de la foi et des hommages qu’ils lui devaient. Il vivait encore en 1481.
Il [Par acte du 2 juillet 1479, Antoine de Prie donna aux religieuses de Sainte – Croix de Busançais cent écus pour se faire construire un cloître. Il ordonna par son testament qu’après son décès, il serait distribué annuellement et à perpétuité à trente personnes trente deniers tous les dimanches de Pâques – fleuries en l’honneur et mémoire du divin Rédempteur qui a été vendu même prix. (Communiqué par M. le Baron Auvray) vendit la seigneurie de Prie à Imbert de la Plattière, seigneur de Bourdillon, dont les descendants en étaient encore possesseurs au milieu du XVII° siècle. Sa femme, Madeleine d’Amboise (fille de Hugues d’Amboise, qui fut tué à Azincourt, et tante du cardinal d’Amboise, le favori de Louis XII, dont l’influence fut très grande sur l’avenir de René de Prie), figure dans plusieurs actes. Elle donna quittance, le 31 août 1449, de 500 livres que le Roi lui a – ait données à prendre sur le grenier à sel de Busançais. Le 1er juillet 1450, elle fit un accord avec Thomas Guillart, en son nom et au nom de son mari ; le 3 septembre 1461 elle acquit avec Antoine de Prie quelques prés dé Jacques de la Valserre, seigneur de Biard et dans des arrentements d’héritage qu’elle fit en 1482 et 1488, elle est qualifiée dame de Prie, de Busançais, de Montpoupon et de Lezillé.

Plusieurs enfants naquirent du mariage d’Antoine de Prie et de Madeleine d’Amboise (pallé d’or et de gueules de six pièces). Ce furent :

    1. Louis de Prie, seigneur de Busançais, grand queux de France, qui suit :
    2. René de Prie, cardinal, qui fera l’objet d’un chapitre spécial.
    3. Aymard de Prie, seigneur de Monpoupon, grand maître des arbalétriers de France auteur de la branche de Toucy, dont la postérité sera rapportée plus loin.
    4. Anne de Prie, religieuse de la Ferté – aux – Nonains en 1453 et 1461. Elle mourut abbesse de la Trinité de Poitiers en 1500. Moreri l’appelle Radegonde et la fait mourir religieuse à Poissy en 1501.
    5. Catherine de Prie épousa en 1455 Louis du Puy (d’or au lion d’azur armé, lampassé et couronné de gueules). seigneur du Coudray en Berry, Monin, Vaux, Chantemilan, etc. Baron de Bellefoy, Chambellan de Charles VII et de Louis XI, sénéchal de la Marche, seigneur de Châtellerault. Le duc d’Angoulême donna à cette occasion à Catherine de Prie mie robe de velours, suivant le premier compte de Robert Bassart, receveur général des finances de ce prince (octobre 1455).
    6. Charlotte de Prie, demoiselle d’honneur de la reine Marie d’Anjou, femme de Charles VII, en 1457 et 1460, épousa Geoffroy de Chabannes (de gueules au lio?i hermine, armé, lampassé et couronné d’or), seigneur de Charlus, la Palice, Chastel Perron etc., conseiller et chambellan du duc de Bourgogne. Elle fut la mère de Jacques de Chabannes, seigneur de la Palice, le célèbre M. de la Palice.

IX – Louis de Prie [Le 14 octobre 1491, Louis de Prie fit son testament dans lequel on remarquait cette disposition : Je veux qu’à mes obsèques, il y ait quinze pucelles couvertes de robes blanches et de couvre – chefs, ayant une torche au poing et que l’on donne à chacune un petit écu d’or valant vingt – six sols six deniers. (Communiqué par M. le Baron Auvray).] baron de Busançais, seigneur de Thémillon, de Montpoupon, succéda à son père comme grand queux de France. Le 18 août 1481, il plaidait, contre Jean de Crevant et obtenait, le 12 décembre 1482, une lettre de rémission. Le 9 mai 1484, il rendait hommage de la baronnie de Busançais et de la seigneurie de Montpoupon et en 1490, partageait les biens de son père. Après sa mort, la charge de grand queux de France fut abolie et les fonctions réunies à celles de grand maître de l’hôtel du Roi. Il épousa Jeanne de Salazart (Ecartelé au 1 et 4 de gueules à cinq étoiles d’or posées 2,1 et 2, au 2 et 3, d’or à cinq panelles de sable 2, 1 et 2), fille de Jean de Salazart et de Marie de La Trémoille. Elle était veuve en 1497 lorsque fut rendue, en présence de René de Prie et d’Aymar de Prie, oncles de ses enfants mineurs dont elle était tutrice, une sentence arbitrale sur ses différends avec les religieux de l’abbaye de Miseray. Le 20 mars 1500, elle signa avec les religieux de l’abbaye du Landais une transaction qui fut ratifiée par son fils, Edmond de Prie, le 17 octobre 1502 ; le 2 avril 1503, elle fonda trois messes dans la chapelle de la Chaume qu’elle avait fait bâtir à Busançais.
De ce mariage, naquirent plusieurs enfants :

    1. – Edmond de Prie, seigneur et baron de Busançais, qui suit.
    2. – René de Prie, protonotaire du Saint – Siège apostolique, abbé comandataire de Saint – Pierre et comte de Laigny, le 3 mai 1507.
    3. – Priam de Prie céda conjointement avec le cardinal de Prie, son oncle, une maison aux religieux de Sainte-Croix de Busançais en 1512. Dans son testament daté du 30 septembre 1513, où il est qualifié protonotaire du Saint-Siège apostolique, il choisissait pour sépulture l’église de Sainte – Croix de Busançais et laissait tous ses biens à ses neveux, Gabriel et René de Prie, recommandant le premier au cardinal de Prie, son oncle. Il mourut dans le courant d’octobre 1513, à l’âge de 21 ans.
    4. – Anne de Prie, était auprès de la Reine Anne de Bretagne 1505.

X – Edmond de Prie, seigneur et baron de Busançais, etc. employé en qualité d’enfant d’honneur dans l’état des officiers domestiques de la maison du Roi Charles VIII (1484), était l’un des gentilshommes de l’hôtel du Roi de 1498 à 1505. Comme nous l’avons vu précédemment, il ratifia en 1502 la transaction passée en 1500 entre Jeanne de Salazart sa mère, et les religieuses du Landais. Il fit hommage le 24 juin 1505 comme le comte de Dampmartin, à cause de sa seconde femme Avaye de Chabannes, comtesse de Dampmartin, de sa seigneurie de Saint – Maurice – sur-Laverons. Le 27 mai et le 2 décembre 1506, il augmenta la fondation faite par sa mère en faveur de la chapelle de la Chaume et le 27 février 1507, il reçut hommage de Jacques de Balatier seigneur de Tigny, pour la terre de Cerilly. relevant de son château de Courtenay. Le 22 novembre 1509 une transaction avait lieu entre Edmond de Prie, Avaye de Chabannes sa femme et Guillaume du Deffends. Edmond de Prie épousa en premières noces Jeanna de Beauvau (d’argent à quatre lions de gueules armés lampassés et couronnés d’or posés 2 et 2), dont il eut deux enfants qui seront rapportés ci – après, et en secondes noces Avaye de Chabannes, comtesse de. Dampmartin, fille de Jean de Chabannes et de Suzanne de Bourbon – Roussillon (d’azur aux 3 fleurs de lys d’or, au bâton noueux en barre brochant sur le tout). Ce mariage eut lieu en 1504 et le roi, à cette occasion, donna à Edmond de Prie les droits seigneuriaux du comté de Dampmartin dont il rendit foi et hommage, le 24 juin 1505.
De son premier mariage Edmond de Prie eut deux fils, qui furent :

    1. 1° Gabriel de Prie, seigneur et baron de Busançais et de Précigny, Larcay, etc., avait pour tuteur, ainsi que son frère, le cardinal de Prie, leur oncle, en 1512. Il servait en qualité d’homme d’armes dans la compagnie d’Aymard de Prie,, grand – maître des Arbalétriers, son oncle, après avoir été en 1518, un des enfants d’honneur de François Ier. Il fut tué à Pavie en 1524, suivant les Lettres Royaux , obtenues par son frère, le 22 décembre 1525. Il n’eut pas d’enfants de son mariage avec Jacqueline des Marets.
    2. 2° René de Prie obtint des lettres royaux contre Aymard son oncle, pour le compte de sa curatelle et celle de son frère qu’Aymard avait eue dès 1516. Il ratifia des échanges faits entre Honoré Savary, seigneur de Lancosme et le seigneur de la Morandière, le 15 décembre 1526. Il fut fait panetier du Roi, le 1er avril 1527, à la place du seigneur de Beauchamp et mourut de la peste, devant Naples, en juillet 1528 1 (peut – être même en 1527). Avec lui finit la branche aînée de la famille de Prie. Une autre branche, connue sous le nom de branche de Toucy, sortie d’Aymard de Prie, grand maître des arbalétriers, continue la descendance. Nous en verrons la filiation après quelques pages consacrées au cardinal de Prie, évêque de Bayeux, qui fut le premier des de Prie à venir en Normandie.

Le Cardinal de PRIE
René de Prie, second fils d’Antoine de Prie et de Madeleine d’Amboise, se destina de bonne heure à l’Eglise, montrant dès son plus jeune âge les meilleures dispositions et faisant paraître déjà une très grande piété. Il commença ses études dans cette abbaye de la Prée, au bailliage d’Issoudun, dont il devait, en 1515, devenir abbé commendataire et pour laquelle il eut toujours une très grande affection, la choisis[choisis1. les Mémoires de Martin du Bellay – Vieilleville et Montluc.] sans même pour le lieu de sa sépulture. Cette abbaye, fondée en 1145 par Raoul II, seigneur d’Issoudun, appartenait à l’ordre de Cîteaux. Elle était située à deux lieues d’Issoudun, sur l’Arnon, dans ce Berry où la famille de Prie possédait depuis longtemps de grands et magnifiques domaines et occupait depuis plusieurs générations une place très importante parmi la noblesse du pays.
René de Prie quitta là Prée pour l’abbaye de Lyre, au diocèse d’Evreux, où il continua ses études avec le même Succès. Il en devint aussi abbé et devait y mourir en 1519, comme on le verra plus loin.
Dès son entrée dans le sacerdoce, René de Prie dut beaucoup à la faveur de son cousin germain, le cardinal d’Amboise, archevêque de Rouen, tout – puissant auprès de Louis XII, dont il était l’ami et le conseiller. Cet appui le suivit toujours, aussi bien à ses débuts que quand lui – même fut arrivé au premier rang des princes de l’Eglise. Compagnon du duc d’Orléans dans les mauvais jours, René d’Amboise devint son premier ministre lorsque celui – ci fut monté sur le trône et si sa politique extérieure ne fut pas toujours très heureuse, son administration à l’intérieur rendit à la France un peu de paix et de bien – être. Cependant, le cardinal d’Amboise ne fut pas insensible aux richesses et laissa à sa mort une fortune considérable. Il usa aussi de son influence en faveur de ses parents et nous voyons entre autres ses cousins de Prie, arriver aux premières places.
Successivement archidiacre de Bourges, de Blois et de Chartres, René de Prie était en 1473 abbé comandataire de l’abbaye de Notre – Dame du Landais, dont les de Prie, pendant plusieurs générations, avaient été les bienfaiteurs. En 1474 et 1478, il est abbé de Sainte – Marie de Levroux et doyen de Saint – Hilaire de Poitiers. Comme doyen de Saint – Hilaire de Poitiers, il eut à soutenir un procès contre Guillaume Chauvin, qui avait été nommé par une bulle du Pape en date du 14 janvier 1483, doyen de Saint – Hilaire. Louis XI dans une lettre au chancelier, du 23 février 1483, écrivait à ce sujet : Monsieur le Chancelier, je vous prie que vous voyez et visitez le procès qui est pendant par devant vous et les gens de mon grand Conseil entre maistre Guillaume Chauvin, frère de notre aimé et féal conseiller, le sire de la Muse, contre René de Prie, à cause du doyenné de Sainct – Hyllaire de Poictiers, car, il me semble qu’il en doit bien joyr, attendu la provision que lui a donné nostre Saint Père et aussy que le dict Chauvin, en a eu sa main levée à l’encontre de laquelle le dict de Prie s’efforce faire séquestrer et pour ce à la plus grande dilligence que pourrez, faictes que le dict procès soit widé en y gardant le bon droict d’icelluy, Guillaume Chauvin et luy faisant bonne et briefve justice – Escript au Plessy du Parc, ce XXIII février. LOYS [Lettres de Louis XI. Bibl. nat. man. f< » 2893 f° 85, pub. par J. Vaescn et Et.’ Charavay].
René de Prie, malgré Louis XI, gagna son procès, car, d’après M. de Longuemar, dans son Essai historique sur Saint – Hilaire le Giand à Poitiers, Guillaume Chauvin n’était plus mentionné le 18 mars 1483, que comme chanoine dans les registres capitulaires [Gallia Christiana, passim.] En 1489, il était encore doyen de Saint Hillaire de Poitiers, et protonotaire apostolique, quand il fut nommé aumônier de Louis XII, avec qui il récitait souvent le bréviaire, Geoffroy de Pompadour exerçant la charge de grand aumônier.
Le 21 septembre, René de Prie fit donation à son frère Aymar, de ses droits sur la succession de ses parents.
Certains auteurs prétendent que René de Prie fut évêque de Lectoure avant de l’être de Bayeux, où il fut nommé en 1498. D’après les auteurs de la Gallia Christiana, il ne put être nommé évêque de Lectoure avant la mort de Bertrand de Lustrac, décédé en 1511 : il est probable, ainsi que ledit M. l’abbé Guéry; dans l’Histoire de l’abbaye de Lyre, que, nommé à Limoges en 1510, et à Lectoure en 1513, il opta pour l’évêché de Limoges. Quoiqu’il en soit, il fut nommé évêque de Bayeux, le 27 septembre 1498, après la mort de Charles de Neufchâtel, son prédécesseur. La protection et la recommandation de Louis XII le fit préférer pour occuper cet évêché à Charles du Bec, archidiacre de Caen, président à la Chambre des Enquêtes de Paris. Devant le désir du roi, les capitaines nommèrent René de Prie à l’unanimité. Le nouvel évêque donna procuration à Charles de Martigny, évêque de Castres, qui prit possession en son nom de son siège épiscopal, le 31 octobre 1498, et le 24 mars 1499, René de Prie y faisait son entrée solennelle. M. Hersant, dans son Histoire du diocèse de Bayeux, raconte ainsi les fêtes qui furent données à cette occasion : Cette cérémonie se fit avec beaucoup de pompe et de solennité. Il y eut un si grand concours de peuple à cause des indulgences que le Pape avait accordées à notre prélat en forme de jubilé, pour tous ceux qui se trouveraient à son église le jour qu’il en prendrait possession, qu’il fut obligé à monter à la tour de l’horloge, accompagné des évêques de Lisieux et de Porphyre et de tout son clergé, où il célébra la messe pontificalement et y donna la bénédiction à plus de vingt mille personnes qui y étaient accourues de toutes parts.[ M. Hersent : Histoire du diocèse de Bayeux, in – f°.]
Mgr de Prie résida fort peu dans son diocèse, étant continuellement chargé par le Roi de missions diplomatiques : quelques mois avant son entrée à Bayeux, en janvier 1499, il avait été envoyé près du roi d’Angleterre, et la même année, il signait au mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne.
En 1501, René de Prie fut nommé abbé du Bourg – Dieu ou Bourg Déols. Cette abbaye, dont les moines, par leurs abus, en devaient amener cent vingt ans plus tard (1622), la sécularisation, avait été une des plus riches du royaume, honorée de la visite et du séjour de plusieurs papes. René de Prie était aussi abbé de Saint – Mesmin, d’Issoudun et de Miseray.
Le 20 janvier 1502, Jean du Couldrai le choisit, comme exécuteur testamentaire ; il était à cette époque maître de la chapelle du Roi. Le 17 octobre 1502, René de Prie dit une messe pour le repos de l’âme du duc Pierre de Bourbon qui venait de mourir, et en décembre de la même année.

Mgr Loys de Luxembourg, comte de Ligny, meurt à Lyon, et René de Prie célèbre une messe pour lui à l’église Saint-Jean de Lyon, assiste aux obsèques et accompagne le corps à Ligny, où eut lieu l’inhumation. Le 20 décembre 1502, il impose la tonsure à Jean Goyon de Matignon (Gallia Christiana, XI, 384).
Louis XII, après l’avoir fait élire évêque de Bayeux, ne cessa de le protéger et sur sa recommandation, le Pape Jules II, pour reconnaître tous ses mérites, le fit cardinal au titre de Sainte – Sabine, dans la troisième création faite à Boulogne, le 4 janvier 1506. Le pape lui envoya le chapeau à Lyon, et ce fut son cousin, le cardinal d’Amboise, légat du Pape, qui le lui remit, le 5 août 1507, en présence du Roi et de toute la Cour. Jean d’Aucton [ Chronique de Louis XII, par Jean d’Aucton, IV, 385.], dans la Chronique de Louis XII, décrit ainsi la cérémonie : Le Ve jour d’aoust, le Roy fut ouyr messe à Nostre – Dame de Confort, colliège de Sainct Dominique, à Lyon, où le chappeau rouge pour bailler à maistre René de Pryze, evesque de Bayeulx, fut là apporté avec ques les bulles du Pape adroissantes à maistre Georges, cardinal d’Amboise, pour bailler le dict chappeau. Là fut ung docteur en théologie suivant la court, nommé Frère Anthoyne, de Furno, evesque de Marceille, de l’ordre des Jacoppins, lequel dist la messe en note chantée par les chantres de la chapelle du Roy, et après la messe dicte, celui de Furno fist ung sermon en latin, où le Roy estoit présent et toute la court, par lequel sermon, élucida et esclaicit (sic) la généalogie d’Amboise et de Prye dont ceulx des dictes maisons estoient entre eulx proches parents et alyez, et monstra comment plusieurs issus jadis des dictes maisons d’Amboise et de Prye avoient lors faict grand secours et loyaulx services au Royaume de France, en déclarant aussi le souverain honneur apostolicque et de cardinalité ramenant au propos les quatre vertus cardinales, c’est assavoir : Prudence, Magnanimité, Continence et Justice, en remontant comme tout honneur mondain et toute vye humaine tandant au bien souverain doivent estre régiz et gouvernez selon la moralité de ces vertus, lesquelles sont de telle efficace que tous ceulx qui d’elle sont armez ne peuvent estre de vices soubmarchez ne vaincus par fortune. Et ce faict, le dict maistre René de Prye receupt Nostre Seigneur très dévotement puys luy fut mis sur la teste le chappeau rouge par la main du dict maistre Georges cardinal d’Amboise et légat de France. A chief de ces solennelles choses, 1 e Roy avec que grande suyte de princes, de cardinaulx, arcevesques et évesques et toute sa maison, s’en alla disner céans où le nouveau cardinal fi st. le banquet auquel chascun fut treetc a souheet et honnorablement servy. Quelque temps après, Jules II changea son titre de Sainte – Sabine contre celui de Saint – Vital.
Depuis la conquête du Milanais, Gênes était devenue possession française, mais les habitants s’étant révoltés contre le roi de France, celui – ci dut aller à la tête de 50.000 hommes châtier les rebelles. Dans cette expédition, qui fut plutôt une promenade militaire, puisque Louis XII n’eut qu’à paraître pour rétablir l’ordre, René dé Prie accompagna le roi x [ Chronique de Louis XII, par Jean d’Aucton, IV, p. 215 – 311 – 325 – 351.] ; il fut logé, ainsi que le cardinal d’Amboise, au monastère de Saint – Benoît au pied de la montagne sur main dextre où là avait beau logis et dévote église et grains jardins clous de bonnes murailles. Lorsque le roi entra dans la ville soumise, il était immédiatement suivi de quatre cardinaux : de Prie, évêque de Bayeux : Georges d’Amboise, archevêque de Rouen : Louis d’Amboise, évêque d’Albi, et le cardinal de Final. Moyennant une forte indemnité, Louis XII pardonna aux Génois et leur accorda des lettres de rémission promulguées le 11 mai 1507, lettres qui furent contresignées par les quatre cardinaux déjà cités. (Bibl. de l’Université de Gênes ms V. fol. 216).
Gênes soumise, Louis XII se rendit à Milan où des fêtes superbes furent offertes en son honneur. Son chroniqueur Jean d’Aucton a conservé le souvenir d’une de ces fêtes où figurèrent les cardinaux de Prie et d’Amboise et où le spectacle fut superbe et la chère sans pareille . Les mets étaient exquis servis dans des plats d’or et d’argent.
En juin 1507, le Roi étant encore à Milan envoya René de Prie au – devant du cardinal Pallaviecini, venu le saluer, et lui fit assister à l’entrevue qu’il eut à cette époque avec le Roi d’Aragon.
Le 20 mai 1508, l’évêque de Bayeux signe une quittance de 20 livres à Jean Lallemant scellée d’un sceau rond de 42mm, L’écu est écartelé au 1 et 4 trois tierce feuilles au 2 et 3 un aigle éployé, couronné timbré du chapeau de cardinal, avec la mention en exergue :
EPI BAIOCEM (Clair. Z 133, p. 1755).
De 1509 à 1511, René de Prie résida de moins en moins dans son diocèse ; mais fut presque toujours en Italie. A cette époque, le Pape furieux de voir le roi rétablir la pragmatique sanction, souleva contre les Français toute l’Italie et ne tarda pas à se mettre à sa tête. Il fit alors arrêter à Rome le cardinal de Clermont et défendit à René de Prie de sortir de la ville, le menaçant de le priver de ses bénéfices. Cette défense fut vaine car malgré l’interdiction de Jules II, le cardinal de Prie quitta Rome avec plusieurs autres cardinaux dévoués aux intérêts français, préférant mettre entre eux et le Pape la distance et se trouvant plus en sûreté hors des murs de la Ville Eternelle. Le sort du cardinal de Clermont, arrêté arbitrairement, pouvait en effet leur donner à réfléchir, et ils n’étaient pas à l’abri de traitements plus durs encore. Aussi se retirèrent – ils à Gênes.
Louis XII ne tarda pas à s’apercevoir des ennuis et des difficultés que le Pape pouvait lui créer. Il réunit à Tours les principaux membres du clergé français, afin d’étudier les moyens d’y remédier. L’Assemblée, composée d’un très grand nombre de prélats estima que le Roi avait raison contre le Pape et déclara qu’il pouvait l’attaquer pour se défendre. Cependant, on jugea préférable d’envoyer à Jules II des députés qui lui prêcheraient la paix et la concorde. S’il ne voulait pas les écouter, on le sommerait de réunir un concile selon les décrets du Concile de Bâle. Naturellement, lé Pape refusa de se soumettre. Alors, le Roi de France et l’Empereur d’Autriche envoyèrent à Milan Bernard de Carvajal, François Borgia et Guillaume Briçonnèt comme ambassadeurs chargés de demander aux cardinaux de Sainte-Croix, de Cosence et de Saint – Malo, s’ils consentiraient à réunir un Concile. Ceux – ci acceptèrent moyennant certaines conditions, le 16 mai 1511, et les trois cardinaux déjà cités proposèrent en leur nom et au nom de six autres dont René de Prie, de se réunir à Pise, le 5 septembre suivant. Ce qui fut décidé.
Le Pape, pour répondre à cette provocation, interdit le Concile et en réunit un autre à Rome, le 1er avril 1512. Malgré des pourparlers et des menaces, le premier Concile se réunit à Pise le 1er novembre 1511. Composé de quatre cardinaux, les cardinaux de Sainte – Croix, Briçonnèt, de Prie, et le cardinal d’Amance d’Albret, cardinal diacre du titre de Saint – Séverin, et de nombreux prélats, docteurs en théologie, docteurs en droit et députés des Universités de France le Concile dut quitter Pise pour Milan, à cause des moqueries et des querelles dont les Pisans ne se privaient pas vis – à – vis de tous ses membres. L’empereur ayant abandonné les Français, le Concile vint se terminer à Lyon sans obtenir de résultats définitifs. Dans le Concile, René de Prie prit, sans grand succès d’ailleurs, la défense du livre de Gerson contre le cardinal Cajetan.
Le Concile de Latran se réunit sur ces entrefaites (10 mai 1512), beaucoup plus nombreux et plus autorisé, condamna le Concile de Pise ainsi que ceux qui le composaient, mit le royaume de France en interdit, cita le Roi et les prélats à comparaître devant lui dans les soixante jours. Jules II voulait même déposséder Louis XII de la couronne de France, et le remplacer par le roi d’Angleterre, il était prêt à publier ce décret, lorsqu’il fut enlevé par une fièvre lente, le 29 février 1513.
Son successeur, Léon X, changea de politique et rechercha l’amitié du roi de France, dans le cas où il aurait à lutter contre les Turcs dont les victoires menaçaient l’Italie. D’un autre côté, Louis XII, ne désirant qu’une chose, se réconcilier avec le Pape, renonça au Concile de Pise et adhéra à celui de Latran. Sur sa prière, les cardinaux qui avaient pris part au Concile de Pise furent pardonnes et rétablis dans leurs dignités.
Après le Concile de Pise, la carrière diplomatique du cardinal de Prie fut à peu près terminée.
En 1512, il fut, comme on l’a vu précédemment, nommé tuteur des enfants de son frère Gabriel et René de Prie, barons de Busançais.
Nommé la même année abbé commendataire de l’abbaye de Lyre, au diocèse d’Evreux, il fit en cette qualité les présentations suivantes [1. Histoire de l’abbaye de Lyre, par l’abbé Guery, p. 209 – 210.] : Celle de Michel Dolivet à la cure de Bois Panthon le 31 janvier 1512 ; celle de Pierre de Gouy, prêtre, à la cure des Bottereaux vacante par la mort de Révérendissime en Dieu Mgr Martin d’Orgis, évêque d’Hébron, dernier curé (25 août 1513) ; celle de frère Jean Darthoys, religieux de Saint – Benoit à la cure de Breteuil 4 avril 1516.
Le 1er mai 1515, le cardinal de Prie permettait aux paroissiens de la Vieille – Lyre de construire un petit clocher sur leur église avec ordre de n’y mettre que les anciennes cloches. Mais au lieu de construire un petit clocher, on en commença un grand. La permission fut retirée le 18 juillet. Enfin, le 22 mars 1518, l’abbé permettait de couvrir le clocher à condition de clore et d’étouper les fenêtres du côté du monastère [2. Histoire de l’abbaye de Lyre, par l’abbé Guéry, p. 209 à 210.].
Rentré en 1513 en possession de ses titres et dignités par le pardon de Léon X, il fut transféré le 18 août 1513, à l’évêché de Limoges, dont il prit possession le 26 septembre par la cession de Foucault de Bonnevalle.
Le 9 janvier 1513, il célébra en grandes pompes à Saint-Denis les obsèques de la Reine Anne, décédée peu après la réconciliation du Pape et du Roi, réconciliation qu’elle avait beaucoup désirée. En 1514, il renonça à son titre d’archidiacre de Blois en l’église de Chartres, en – faveur de Philippe de Montmorency [4. André du Chesne, tourangeau, géographe du Roi. Hist. généalogique de la Maison de Montmorency et de Laval (Paris WDCXIII1).]

Le 15 avril 1515, René de Prie réunit à Bayeux un synode où il publia certains règlements de discipline ecclésiastique. 11 mourut le 9 août 1516, suivant certains auteurs [2. Gallia Christiana. Hersent.]
, où le 5 septembre. 1519, au monastère de Lyre, où il s’était retiré après s’être démis des évêchés de Bayeux et de Limoges. Il fut enterré selon son désir à l’abbaye de la Prée sur Arnon où il avait fait une grande partie de ses études et repose près des reliques de Sainte Fauste. On lit. sur son tombeau cette épitaphe [3. Moréri.] :
Hic jacel, heu Mortales, Eminentissimus et reverendissimus DD Renatus de Prie, filius Anlonii baronis de Prie domini de Busancois et Magdalenoe d’Amboise SRE Cardinalis Titulo Sanctoe Sabinoe, episcopus Bajocensis et Lemovicensis, Abbas Sanctoe Marioe de Pratea ab humanis discedens animam Deo Oplimo Maximo tradidit uumque cadaver jussil
humililer recondi juxla Sanclam Faustam obiit V Idus semptembris 1519.

Branche de TOUCY

IX – Aymard de Prie ou Emar ou Marc, troisième fils d’Antoine de Prie et de Madeleine d’Amboise et frère du Cardinal de Prie est l’auteur de la branche de la famille de Prie qui a subsisté jusqu’au commencement du XIX° siècle. Il était seigneur de Montpoupon, Lezillé, La Motte, Thémillon, etc. Baron de Busançais en Berr}’ et de Toucy. Il commença à servir en qualité d’homme d’armes dans Iv compagnie de Gilbert de Chabannes, seigneur de Curton, gouverneur du Limousin, qui fit montre de 90 lances à Mézières – sur – Meuse, le 10 mai 1474. Il reçut en juillet 1489, des lettres de rémission où il est qualifié chevalier et qui lui furent accordées par le roi. Louis d’Orléans, dont il était chambellan, lui remit les droits de rachat dus pour le trépas de Michel d’Etampes, seigneur de la Ferté – Imbault et de Valençay. Le 27 janvier 1494, Aymar de Prie fit montre de sa compagnie de 40 lances des ordonnances du Roi à Pois de Nadion en Italie et donna quittance à Jean le Gendre, trésorier des guerres, de 120 livres tournois pour son état de capitaine. Echanson de Charles VIII, il l’accompagna en Italie lorsque celui – ci partit à la conquête du royaume de Naples et ce prince lui accorda en mai 1497 à Amboise des lettres roj’aux pour son droit de haute et basse justice dans la seigneurie de Lezillé.
Louis d’Orléans, en montant sur le trône à la mort de Charles VIII, sous le nom de Louis XII (1498), lui conserva la place de chambellan qu’il occupait avant et lui accorda, comme à son frère, toutes sortes de faveurs, grâce, sans doute, au crédit dont jouissait auprès de lui, le cousin d’Aymar de Prie, le cardinal d’Amboise. Il le fit capitaine de 50 lances, gouverneur de Pont – Saint – Esprit, grand maître des Arbalétriers, bailly du Cotentin en 1514. Il lui confia en outre en Italie le commandement de la citadelle d’Alexandrie avec 30 hommes d’armes à pied [1. Titres originaux Prie n 7 – 11 – 13, ms. fr., 25783, n 68. Bibl. Nat.] et du château de Tortone avec 5 hommes d’armes à pied [2. Manuscrits français, 25784, n° 104.]
Dans une quittance qu’il donna à Jean Rousselet, trésorier des guerres le 11 octobre 1500, i1 est qualifié seigneur de Montpoupon et capitaine de 50 lances des ordonnances du Roi. Cette quittance est scellée en cire rouge avec 3 tierces feuilles et une bordure (Père Anselme).
Il accompagna Louis XII, comme Charles VIII en Italie. Présent en 1501, à la prise de Capoue, il fut blessé en quittant Novarre et en approchant de Morterre. L’auteur de la Chronique de Louis XII, Jean d’Aucton, le raconte ainsi [3. Chronique de Louis XII, par Jean d’Aucton, I, 221.] : Les français qui ce journt s estoieaillez de Novarre
en approchant la vallée de Morterre sceurent par aventure la mêlée et là le plus tost qu’ils peurent, se trouvèrent. A leur venue, fut derechef, l’escarmouche recomencée, d’ung côté et d’autre moult dure ; car les Allemans et a gens de cheval du Seigneur Ludovicx voyans leurs ennemis de nombre ramforcez de vertueux courage firent leurs escus, et si adroict se deffendirent pour autant qu’ils étoient que nul d’eulx fasoit à reprendre, Messire Aymar de Prie sceut bien à quoy s’en tenir car euydant avceques eulx avoir meslée tant empesché entre eulx se trouva que nonobstant que à toutes mains deffence luy fut secourable, chargé fut de toutes parts et luy prompte ment rebouté avecque un coup de hacquebute que au travers de la cuisse en emporta.
De Prie ne recevait pas toujours les subsides nécessaires pour payer ses cinquante hommes d’armes et Jean d’Aucton raconte l’aventure qui lui arriva en février 1503 et comment sa troupe fut prise ainsi que son lieutenant Saint – Bonnet, par les habitants de Castallanet. L’histoire est assez plaisante pour mériter d’être racontée : . Dedans la ville de Castallanet, dit le chroniqueur, estoient les 50 hommes d’armes de Messire Aymar de Prie soubs la charge d’un nommé Saint – Bonnet, lieutenant d’iceluy de Prie. Les quels gens d’armes avoient des villages de la près ordonnez pour les approvisionner et s’y prenoient en la ville ce qui mestier leur faisait et tout entaille par deffaut d’argent ; dont furent ainsi que par aucuns d’eulx, j’ai sceu, plus de dix mois sans être payez, et ce par le deffault de ceux qui leur argent avoyent et la charge pour le Roy de faire le payement, ce qui du tout désuni et descourage les gens d’armes et mutine le pays contre eulx et fait le peuple rebeller, comme en advint au ditlieu de Castallanet, on avoit lors quatre ou cinc des plus notables des habitants de là, lesquels ne se peurent (contenter) de la manière de vivre des François qui ne payèrent qu’en promesse ou en papier, ce que ne demandent ceulx de par delà. Que . [ dit de More].
quessoit iceulx mal contantz s’en allèrent aux Espaignolz et leur promyrent de les mettre dedans leur ville de Castallanet et leur les françois qui dedans estoyent, et que par une porte qui estoit droict à la venue de Tarente les feroyent entrer. Dont les François par quelque voix en sceurent nouvelles ; ce qui les advisa de faire la nuyct bon guect à la dite porte ce que firent et le jour se tindrent tous ensemble et tous jours armez et pour avoir rainfort mandèrent au duc de Nemours leur dangereulx affaire. Lequel, pour ce, ne fist autre chose, mais leur manda que, sur leur vie, ne fissent bruyt ni chose dont la ville eust cause de faire plaincte. Ainsi demeurèrent nos pauvres gens d’armes, sans argent pour payer leur escot sans secours pour obvier aux ennemys. Dont en advint que le vingt et troisième jour de fuevrier ainsi qu’ils estoyent au disner chascun à son logis. Les villains tous armez avecques grand bruyt se misrent par grosses bandes et tous à la foys donnèrent sur les logys des Fran çais et par force entrèrent sur eulx et les prinrent tous puis les mirent entre les mains des Espaignolz, lesquels les emprisonnèrent estroictement sans plus les vouloir randre par quelque ranson. (III, 36.)
Leur captivité dura, quatorze mois, durant lesquels ils eurent beaucoup à souffrir. Le même auteur raconte plus loin : Après la trêve acceptée par le capitaine Loys d’Ars, Barthélémy d’Alvyane délivra les cinquante hommes d’armes de Messire Aymar de Prie dont estoit Loys de Sainct Bonnet et les mist hors de Tarante oùilsestoient prisonniers, puis s’en alla assiéger le Marquys de Belonte à Conversane et sachant celuy Marquys les gens de Messire Aymar de Prie estre hors de prison envoya, prier le dict de Sainct – Bonnet leur lieutenant que pour l’onneur du Roy dont il estoit serviteur et luy pour soustenir sa querelle…. luy donna secours ce qu’il lui promist de faire et premier transmist devant le capitaine Loys d’Ars…, lequel lui envoya cent escuz dont il achapta pourpoints et chausses à ses gens qui estoient nudz comme arabes, a car prisonniers avoient esté plus de 14 mois sans changer d’abillements. Quequessoit au secours du Marquis de Belonte s’en allèrent et furent de si près suivis des Espai gnols qui là tenoient le siège que à l’entrée de la ville ung d’eulx fut. pris et les autres entrèrent dont Barthélémy d’Alviane leur manda que très mal s’acquitoyent veu que au moyen de la tresve les avoyt et que si la ville pouvoyt prendre, que de les tuer de glayve ne leur ferait l’honneur, ( ains honteusement les feroyt tous pendre aux crenaulx de la ville, mais pour ce menace ne désemparèrent la place de trois jours durant lesquels la deffendirent à toutes forces et ce faict, voyant que la ne pouvoient rien gaigner et le capitaine Loys d’Ars s’en retourner, se mirent en mer et. s’en allèrent. (III, 24).
Le 3 décembre 1549, Aymar de Prie fit montre à Chaumont en Bassigny. En 1513, il était au ravitaillement de Thérouenne. Des lettres du 10 janvier 1514, le confirmèrent dans son office de conseiller et chambellan ordinaire du Roi. Après Louis XII, François Ier lui continua sa confiance ; il l’envoya à la tête de 4.000 hommes retrouver les Génois qui lui aidèrent à s’emparer d’Alexandrie, de Tortone et de toute la contrée qui est au – delà le Pô [1. Mezeray : Histoire de France.]. De Grenoble où il s’était arrêté en se rendant à Gênes, le roi l’envoya à Marseille où il prit la mer avec 300 hommes d’armes pour aller retrouver les Génois (1515) [2. Journal de Jean Baridon, secrétaire du chancelier Duprat, I, 67.]. En avril 1515, il prenait le titre de grand maître des Arbalétriers ; en 1516, celui de condestable de la Portegeaire et de la Porte – Marie à Alexandrie et de Seigneur de Prie et de Montpoupon, baron de Toucy, conseiller et chambellan ordinaire du Roi, grand maître des arbalétriers et capitaine de Pont Saint – Esprit dans ses quittances des années 1516 – 15171518. On trouve aussi diverses quittances de lui des 26 – 27 janvier 1521, 22 septembre 1522, 28 juillet 1523. Certaines sont écartelées au 1 et 4 un aigle à deux têtes, au 2 et 3 trois tierces feuilles; sur d’autres sceaux l’aigle porte un petit écusson, les tierces feuilles sont entourées d’une bordure ; d’autres enfin sont aux armes des de Prie sans écartelure mais avec une bordure (cabinet de M. de Clairambault). L’aigle à deux têtes dont Aymar et les autres de Prie accompagnaient leurs armes est l’écusson de la seigneurie de Busançais.
Si Aymar de Prie accompagna François Ier en Italie et lui aida à conquérir le Milanais au début de son règne, le Journal d’un Bourgeois de Paris sous François Ier [1. Journal d’un Bourgeois de Paris sous François 1″, tome I, p. 154.]
nous apprend qu’il ne lui fut pas toujours d’une fidélité absolue, ayant été mêlé à la conjuration du duc de Bourbon car ce même jour (16 septembre 1523), le Roy écrivait de Lyon des lettres à l’hostel de ville de Paris parlant de la conspiration faite par le seigneur de Bourbon, avec l’Empereur, le Roi d’Angleterre, pour prendre le roi, le mettre prisonnier, piller Lyon, Paris et autres, faire descendre les Anglais et les Bourguignons en France. Alors, le roi fit prendre Messire Marc de Prie avec M. de Saint – Vallier et d’autres et les envoya au chasteau de Loches. De Loches, les prisonniers furent amenés à Paris, et mis à la Bastille où ils restèrent jusqu’en mai 1525. A cette époque, le Roi manda à la Régente de délivrer tous ceux qui étoient prisonniers touchant le discord de M. de Bourbon et le Roi et qui étaient les complices de Messire de Bourbon, c’est à savoir : M. d’Escars, chevalier qui était prisonnier chez de Joy, huissier à la Cour du Parlement et Messire de Prie, aussi chevalier qui était prisonnier en l’hostel de Nevers. Les dicts d’Escars et de Prie élargis jusqu’à un an à leurs cautions pendant lequel temps le peuple pourrait faire et ravoir le roi et fut leur délivrance à la charge aussi de retourner prisonci niers après le dict an passé, s’il plaist au Roi et à Madame la Régente.
On ne sait pas la date exacte de sa mort, mais il ne vivait plus en 1527, car à cette époque François de Blanchefort seigneur de Saint – Janvrin, était tuteur des enfants mineurs d’Aymar de Prie, son beau – père. Aymar de Prie fut. le dernier grand maître des arbalétriers : les charges de grand – maître de l’artillerie et de colonel général de l’infanterie avaient beaucoup diminué cet office qui fut un des plus importants de la couronne. Le cabinet des médailles possède une médaille représentant Aymar de Prie sous un costume très pacifique et qui ne rappelle en rien sa carrière militaire. Il est coiffé d’un mortier ou bonnet en usage de son temps et revêtu d’une robe à fourrure. Dans le champ de la médaille, on lit la date de 1485. La légende est en latin et tous les mots sauf le nom de Prie, sont écrits en abrégé. Voici cette légende :
MAR. DE. PRYA. AR. CAP. CIT. PA. GY. EOS. PROHISP. RE. GRA. CREA.
Nous traduisons ainsi : Aymar de Prie, capitaine des Arbalétriers, gouverneur de la Province Citerieure, créé Chevalier à la recommandation du Roi d’Espagne. Nous interprétons comme on le voit, les abréviations CIT PA par ces mots literiorum partium. Notre médaille enrichirait la biographie du vaillant Aymar de Prie de deux faits ; à savoir qu’il fut gouverneur d’une importante province au royaume de Naples, celle qu’on appelle encore aujourd’hui la Principauté Citerieure et qu’il était assez avant dans les bonnes grâces du Roi d’Espagne, Ferdinand le Catholique, pour avoir été gratifié de l’ordre de Saint – Michel à sa recommandation [1. Magasin pittoresque, t. XVIII, p. 351 – 352.]
. Le revers de la médaille offre les armes et le cri de guerre ou la devise de la maison de Prie: Prie a chant d’oiseaulx. L’écusson est ecartelé : au 3 et 4 trois tierces feuilles (de Prie), au 2 et 3 un aigle à deux têtes (seigneurie de Busançais).
Aymar de Prie obtint pour lui et sa femme une bulle de Léon X, d’après laquelle il lui accorde pour lui et toute sa maison la permission d’avoir un autel portatif, d’y faire célébrer l’office divin partout où il jugerait à propos, même dans les lieux non consacrés, lui accorde aux siens et aux 12 gentilshommes qu’il aura à sa suite de même qu’à la dame Claude de la Baume sa femme et aux 12 nobles demoiselles qu’elle aura auprès d’elle pour soutenir le rang de sa qualité plusieurs indulgences, et le droit à ces dernières d’entrer dans quelque couvent de filles que ce puisse être accompagnée de trois ou quatre dames de ses amies et d’y prendre leur réfection corporelle et spirituelle, etc. [1. Histoire généalogique et chronologique de la Maison de Prie. Manuscrit conservé chez M. le Commandeur Henri Le Court, manoir de Lierremont, près Trouville, f° 37 V.] Cette bulle, conservée dans le Chartrier de M. de la Garanderie, est ornée sur trois côtés d’enluminures bleues et rouges ; au coin à gauche est peinte une Picta, au « centre une Sainte Véronique, montrant la Sainte Face, et au coin, à droite, saint Pierre et un autre saint, le tout relié par des arabesques. Sur le côté, à gauche, un écusson d’argent aux sept tourteaux de gueules.
Aymar de Prie se maria deux fois ; en premières noces, il épousa en 1493, Claude de Choiseul dite de Traves, dame de Givry (d’azur à une croix d’or cantonnée de 18 billettes de même), fille de Liebaut de Choiseul et d’Isabelle de Chalon. En secondes noces, Aymar de Prie épousa Claude de la Baume (d’or à la vivre d’azur mise en bande), fille de François de la Baume, comte de Montrevel.

De son premier mariage, Aymar de Prie eut deux filles :

    1. Renée de Prie, fille d’honneur de Claude de France, fille de Louis XII, épouse par contrat de février 1509, François de Blanchefort, seigneur de Saint – Janvrin, fils de Jean de Blanchefort, seigneur de Saint – Clément, maire de Bordeaux. François de Blanchefort fut nommé tuteur des enfants mineurs du second mariage d’Aymar de Prie son beau – père, par arrêt du Parlement du 5 août 1527, obtint un autre arrêt en cette qualité contre Claude de Prie, sa belle – soeur, le 1er février 1530 et transigea au nom de sa femme le 10 juin 1531, avec Jean le Coeur, seigneur de Mailly. Il plaidait encore en 1540, et était mort en 1542.
    2. Claude de Prie épouse en premières noces (23 août 1517), François de la Baume, seigneur de Mont – Saint-Solin et de Villesin, frère de Claudine de la Baume, qui avait épousé Aymar de Prie, son père. De ce mariage, Claude de Prie n’eut pas d’enfants.
    3. Elle épousa en secondes noces sans le consentement de ses parents, Claude de Sainte – Maure (d’argent à la fasce de gueules)} chevalier de l’ordre de Saint – Jean de Jérusalem, fils d’Adrien de Sainte Maure, chevalier, comte de Nesles et de Charlotte de Chalon. Il prenait la qualité de comte de Joigny, et tout en appartenant à l’ordre de Malte, se maria deux fois. L’état de ses filles fut contesté au Parlement, et elles transigèrent avec le marquis de Nesles leur cousin – germain, qui les reconnut pour légitimes et habiles à succéder à leurs père et mère. Enfermé par ordre du Roi au château de Dijon, le 2 février 1531, il y mourut le 9 décembre suivant.

      De Claudine de la Baume, Aymar de Prie eut aussi deux enfants :

    4. Edme de Prie seigneur de Montpoupon, qui suit ;
    5. Claude de Prie femme de Gaspard de Mailly, seigneur de Clinchamp en 1543, se remaria par contrat du 12 novembre 1546, à Claude de Gournay, seigneur de la Talange.

X – Edme de Prie, chevalier, seigneur de Montpoupon, de Lézillé, etc., chevalier de l’ordre du Roi, lieutenant général du Roi de France en Touraine, Blaisois et Vendomois. Après la mort de son père, il eut pour tuteurs François de Blanchefort seigneur de Saint – Janvrin son beau – frère et Philibert de Beaujeu, en 1527 – 1531 – 1539 – 1540, ainsi qu’en témoignent des arrêts du Parlement relatifs à des procès avec Claude de Prie, sa sœur, pour ses droits paternels et maternels. Edme de Prie fit hommage des seigneuries de Thémillon et de la Grange Fossegilet, située en la paroisse de Sogères (19 juin 1542), donna procuration le 26 juin 1543 à Jacques Vaslin, seigneur de Bleré pour transiger tant en son nom qu’en celui de Renée de Prie, veuve de François de Blanchefort, et de Gilbert de Blanchefort son neveu, au sujet de la curatelle et administration des biens que François de Blanchefort avait eue de lui et de Claude de Prie, alors femme de Gaspard de Mailly, seigneur de Clinchamp, et au sujet de la vente et aliénation faite par le même François de Blanchefort de la terre et seigneurie de Busançais dont Edme et Claude de Prie avaient hérité de leurs cousins Gabriel et René de Prie [1. Edme de Prie fut le dernier de la famille à posséder la seigneurie de Busançais, qui fut vendue en 1530 à Philippe Chabot. Edme de Prie ayant alors comme curateur Gilbert de Blanchefort.].
Edme de Prie était guidon de la Compagnie de 50 lances des ordonnances du Roi sous le comte de Montrevel, lorsqu’il donna le 17 mars 1544, quittance sur ses gages à Guy de la Maladière, trésorier des guerres ; elle est signée E. de Prie, et scellée d’un sceau en placard aux armes pleines de Prie. Il donna une autre quittance le 17 avril 1547, en qualité de lieutenant de la même compagnie, à Nicolas de Troyes, trésorier des guerres. C’est un signet rond de 16 millimètres. L’écu porte trois tierces feuilles sans légende (quitt. de gages nktZClair, z. 189, p. 7203). Après avoir rasé Térouanne, les Impériaux, sous les ordres de Philibert de Savoie, Prince de Piémont, firent le siège d’Hesdin (1553). La ville défendue par le duc de Bouillon, ne put résister aux troupes de Charles – Quint. Elle tomba au pouvoir de l’ennemi, et fut rasée entièrement. Furent faits prisonniers avec le duc de Bouillon, le comte de Villars, Riou, gouverneur, Prie et autres [2. Histoire universelle, par Agrippa d’Aubigné, t. I, p. 47.]
. Trois ans après, le 25 octobre 1556, Edme de Prie passait une obligation de 3.500 écus d’or au soleil pour le paiement de sa rançon envers le trésorier et receveur général des finances du Roi d’Angleterre, en ses Pays – Bas.
Ecuyer d’écurie du Roi en 1557 et 1559 et lieutenant de 50 lances d’ordonnances de la compagnie du comte de Villars suivant des quittances du 7 novembre 1557 et des années 1559 – 1561 – 1564 (même seing et même sceau), il fit hommage le 26 novembre 1560 [3. Titres du château de Chastillon – sur – Loing, d’après le P. Anselme.]
de la terre et seigneurie de Prie à Gaspard de Coligny, amiral de France, comparut par procureur, le 16 juin 1561, à l’Assemblée des nobles pour la rédaction des coutumes du comté et baillage d’Auxerre, ayant rang après le duc de Nivernais et le comte de Saint – Fargeau, et fut retenu gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi par lettres données à Paris le 23 décembre 1562.
En 1564, Edme de Prie, à cause de sa baronnie de Toucy, avait, obtenu un arrêt pour ses prétentions sur les dimes de la paroisse de Villiers Saint Benoit au diocèse de Sens ; mais noble homme Mre Hubert de Prie 1, abbé commendataire de l’abbaye de Charon au diocèse de Saintes et curé de la paroisse de Villiers, demeurant à Saint – Janvrin en Berry, donna procuration le 15 juillet 1564, pour mettre opposition à cet arrêt.
Edme de Prie est qualifié chevalier de l’ordre du Roi dans un contrat de vente passé par sa femme à qui il avait donné procuration le 3 mars 1565 de la terre, justice et seigneurie de Thémillon pour 4.500 1. à Germaine de Pougues veuve de Guillaume Barault. On le trouve toujours depuis avec cette qualité et le collier de l’ordre autour de ses armes qu’il écartelait alors et depuis de celles de Busançais qui sont un aigle à deux têtes. Le Roi lui accorda le 10 avril 1568 des lettres de garde gardienne et protection pour lui, sa famille, ses droits, biens et possessions dans lesquelles il est qualifié capitaine de 50 lances.
Pourvu de la charge dé gouverneur et lieutenant pour le roi de la ville d’Auxerre et le pays Auxerrois sous le duc d’Aumale, par lettres du 15 mai 1568, il fut reçu en la maison de ville le 29 suivant. Lieutenant général en Touraine en 1570, suivant des lettres du 19 juin 1570, il donna quittance de 300 livres à Etienne Galmet, trésorier des guerres, le 17 octobre 1572 pour son état de capitaine de 50 hommes d’armes des ordonnances du Roi. Il transigea le 17 mars 1573 avec les religieux de Sainte – Croix de Busançais ; dans cette transaction sont nommés : Gilbert de Blanche1.
Blanche1. Mémoires domestiques le disent bâtard (P. Anselme). fort, seigneur de Saint – Janvrin, son neveu ; Gabriel et René de Prie, chevaliers, barons de Busançais, ses cousins dont il était héritier principal ; Antoine de Prie, chevalier, seigneur de Busançais, son aïeul ; Jeanne de Salazard et Louis de Prie, son mari, fils aîné d’Antoine de Prie, René de Prie, cardinal, tuteur de Gabriel et de René ses neveux ; Priam de Prie, neveu du cardinal, Louis de Prie et Edmond, fils de Louis. Il fit une fondation de messes au chapitre de Toucy, le 26 novembre 1573 et mourut en 1576.
Edme de Prie épousa Charlotte de Rochefort (d’azur chargé de billettes d’or, au chef d’argent chargé d’un lion passant de gueules) fille de haut et puissant seigneur, Jean de Rochefort, chevalier, seigneur du dit lieu et d’Antoinette de Chateauneuf, par traité de mariage passé devant Jacques Jasu, procureur du roi en la ville de Tonnerre et garde des sceaux en la prévôté de Crusy – le – Chatel le 12 septembre 1538, portant que la future aura 25 livres en mariage. L’official de Sens donna dispense le 19 décembre suivant à cause de la parenté pour la célébration du mariage (Antoinette de Chateauneuf descendait d’Isabeau de Prie, dame de Gargilesse [1. Histoire généalogique et chronologique de la Maison de Prie (Manoir de Lierremont, communiqué par le Commandeur H. Le Court).]

De ce mariage naquirent plusieurs enfants :

    1. 1. René de Prie, baron de Toucy, qu’on verra plus loin.
    2. 2. Edme de Prie, seigneur de Montpoupon, servait en qualité d’archer de la compagnie ordinaire du comte de Villars en 1565 et 1566 et fut un des chambellans du duc d’Anjou, depuis Henri III. Il épousa Anne.de Bérulle, dame de Nancray, fille de Galeas ou Gelay de Berulle (de gueules au chevron d’or accompagné de 3 molettes de même) et de Louise de Neuf vis. En secondes noces Anne de Berulle, épousa François de Rochechouart, seigneur de Jars (fascé onde d’argent et de gueules de six pièces brisé d’une bordure d’azur chargée de 8 besants d’or). Edme de Prie eut une fille Antoinette qui épousa en présence de René de Prie, son oncle, par contrat du 15 juillet 1577, Jacques du Perreau (d’or au cheveron d’azur accompagné de 3 roses de gueules), seigneur de Castillon les Orieux et de Villiers. Ils plaidaient en 15791581 – 1582, contre René de Prie leur oncle. Antoinette de Prie renonça à la communauté de biens avec son mari, en 1582, était veuve en 1584, affermait la terre de Prie le 24 décembre 1586. Elle épousa en secondes noces Paul de Cugnac, baron d’Imonville, qui reprit le procès contre René de Prie. Leur fils, Edme de Cugnac, poursuivait la même cause contre Aymar de Prie, fils de René, en 1613.
    3. 3. Louis de Prie était mort en 1581.
    4. 4. Renée de Prie épousa : 1° Charles de Varie, vicomte de Bridiers ; 2° Charles de Bellefontaine, seigneur du Cormier et de Puigiraut. Autorisée par lui, elle transigea avec son père Edme de Prie, le 20 octobre 1572.
    5. 5. Françoise de Prie, mariée par contrat du 8 octobre 1572, à Claude Braehet, seigneur de Palluaxi et de Villars, chevalier de l’ordre du Roi, lequel transigea avec René de Prie son beau – frère. Françoise de Prie fut présente au mariage de sa nièce Françoise en 1590.

XI – René de Prie, baron de Toucy, seigneur de Montpoupon, etc., était homme d’armes dans la compagnie du comte de Villars et écuyer d’écurie du roi Charles IX en 1566 ; il donna des quittances sur ses gages en qualité de lieutenant de la compagnie de 50 hommes d’armes de son père les 8 mars, 15 mai et 27 décembre 1569 (signet rond de 18 millim., sans légende. Clair. 2. 189, p. 7204), elles sont signées R. de Prie et scellées de son sceau chargé de trois tierces feuilles. Il se qualifiait en 1577, chevalier de l’ordre du Roi et gentilhomme ordinaire de sa Chambre, et plaidait en 1579, comme nous l’avons vu précédemment contre Jacques du Perreau, mari de isa nièce Antoinette de Prie. Il rendit hommage le 22 novembre suivant à François de Bourbon de ses terres et fief s de Thémillon et de Fossegilet. Le 9 mars 1582, le Roi lui accorda des lettres patentes pour rentrer en jouissance et possession du château, terre et seigneurie de Prie que Jacques du Perreau avait pris par force et occupé par des arquebusiers et gens de guerre. Le 22 juillet 1586, René de Prie donna aveu et dénombrement de ses terres à Jacques Amyot, grand aumônier de France. Le 7 mars 1589, le roi lui
donna la garde des villes et château de Saint – Aignan ; il en prêta serment à Tours le 2 juin suivant. Le 24 janvier ….il obtint un arrêt du Conseil au sujet de ses différends avec Paul de Cugnac, second mari de sa nièce Antoinette, suivant une déposition des habitants de Toucy au sujet, de cercueils qui avaient été dans la voûte sous la chapelle de Prie dans l’église Notre – Dame de cette ville. Il fut inhumé en cette voûte l’ an 1605. Il avait reçu le 3 janvier. .. . hommage du fils de Jean Hodeneau (d’azur à un chevron d’or accompagné de 3 étoiles de même posées deux en chef et la troisième sous le. chevron), et de Huguette de Courtignon (d’Hozier, Arm. gêner., II, 539.) René de Prie épousa Jossine de Selles, fille unique et héritière d’Antoine de Selles, seigneur de Beuzeville et de Madeleine de Ravenel, suivant contrat du 19 novembre 1559. Autorisée par son mari, Madame de Prie fit, le 26 février 1581, donation des biens, immeubles qui lui appartenaient dans le bailliage de Caux et de Rouen à René, Françoise, Madeleine, Charlotte, Anne et Louise de Prie, ses enfants puinés mineurs. Elle fit une vente au nom de son mari le 11 janvier 1590 et un échange le 14 janvier 1591.

De ce mariage, naquirent sept enfants :

    1. – Aymar de Prie, IIe du nom, marquis de Toucy, qu’on verra plus loin.
    2. – René de Prie, seigneur de Beuzeville en 1590,chevalier de l’Ordre du Roi, vendit le fief de Bardeau en 1600 et était mort en 1627.
    3. – Françoise de Prie, mariée par contrat du 25 février 1590 [1. Cet acte est aussi cité avec la même date dans une sentence arbitrale du 28 mai 1625. Conservé en original dans le cabinet du juge d’armes(Arm. génér., d’Hozier, III, 832).] à Jacques d’Orléans, seigneur des Bastardes et de Balaine, capitaine et gouverneur de la ville et château de Romorantin. Jacques d’Orléans était mort le 6 juillet 1596, ainsi que le prouve une quittance datée de ce jour. Françoise de Prie reçut le 26 août 1611 aveu de Philippe de Menou, écuyer, seigneur de Mantelan pour les héritages que la demoiselle du Chèvre, sa femme tenait d’elle à cause de la seigneurie de la Bastarde ; elle y est qualifiée de haute et puissante dame. Elle mourut avant le 28 mai 1625, laissant trois enfants [Armoriai général, d’Hozier, III, 832.]
    4. gouey

    5. 4° Madeleine de Prie, mariée par traité du 19 avril 1596, reconnu le 18 août suivant à Jacques de Houeteville, seigneur de Maigremont, fils de Louis de Houeteville, gouverneur de Louviers et – de Marguerite d’Espinay, dame de Magnitot.
    6. – Charlotte de Prie femme de François Allemand, seigneur de Guépéan et de Concressault, président au Grand Conseil , plaidait contre son cousin Edme de Cugnac, suivant une requête de 1623. Elle fit hommage le 1er mai 1632 de la terre de Pricelle et était veuve lorsqu’elle fit une vente le 16 juillet 1638.
    7. – Anne de Prie, seconde femme de Charles de Chenu, seigneur d’Autrui la Ville.
    8. – Louise de Prie vivant en 1581, mariée à Charles Aubert {d’argent à trois fasces de sable accompagnée de quatre roses de gueule posées 2, 1 et 1), seigneur d’Auboeuf et de Vertot,. gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, mariée le 21 février 1605.

XII – Aymard de Prie, IIe du nom, marquis de Toucy, baron de Montpoupon, seigneur de Thémillon, chevalier de l’Ordre du Roi, fut présent au contrat de mariage de Madeleine de Prie, sa sœur en 1596, est qualifié Chevalier de l’Ordre du Roi, et capitaine de 50 hommes d’armes des ordonnances du Roi, dans un acte du 27 décembre 1613. Il fut un des députés de la noblesse du bailliage d’Auxerre aux Etats Généraux et plaidait en 1623 contre Edme de Cugnac, son cousin. Le 28 mai 1637, il reçut un aveu de Joseph du Mottet, seigneur d’Artez, où il est qualifié capitaine de cet homme d’armes ; il est mentionné dans des arrêts de 1641 – 1642 – 1649.
Aymard de Prie épousa Louise de Hautemer. (d’or à 3 fasces ondées d’azur), dame de Fervacques et de Plasnes, veuve de Jacques de Hellenvilliers, seigneur d’Aurilly. Elle, était fille de ce fameux Guillaume de Hautemer qui laissa un souvenir si mauvais qu’en 1793, cent quatre-vingts ans après sa mort, pendant qu’on transportait à la fosse commune ses restes, retirés du tombeau où ils avaient été déposés dans la chapelle de la Vierge à Lisieux, un homme lui trancha la tête d’un coup de bêche. Guillaume de Hautemer était comte de Grancey, baron de Mauny, seigneur de Fervacques, lieutenant général au gouvernement de Normandie. Il servit successivement Henri III, le duc d’Alençon qu’il accompagna dans son expédition aux Pays – Bas (1581 – 1583). On l’accuse même d’avoir été de ceux qui conseillèrent le pillage d’Anvers, ce qui est bien dans son tempérament. Après la mort du duc d’Alençon, il s’attacha à Henri de Navarre qui, une fois monté sur le trône, récompensa sa fidélité en le comblant de faveurs, le créa chevalier du Saint – Esprit en 1595, maréchal de France en 1597, lieutenant général de Normandie en 1605. Il mourut en 1613 à Rouen, n’ayant pas pu faire enregistrer les lettres patentes de 1611 qui créaient sa terre en duché pairie.
Louise de Hautemer apporta à Aymar de Prie la terre de Fervacques (près Bernay), qui devait aller après elle dans la famille de la Motte Houdancourt. De ce mariage naquirent quatre enfants : Henri, Louis, François et Aymar. Le premier et le dernier moururent jeunes et ne laissèrent pas de postérité ; Henri qui avait été baptisé en l’église Saint – Pierre de Lisieux, mourut d’un accident de chasse. Aymar fut tué en 1621 au siège de Montauban. Le second fils d’Aymar de Prie, Louis de Prie, marquis de Toucy, baron de Montpoupon, seigneur de la Motte, épousa Françoise de Saint – Gelais de Luzignan, fille d’Artus de Saint – Gelais seigneur de Lansac et de Françoise de Souvré. En 1642, elle était dame d’honneur de la Reine Régente. Elle mourut le 29 août 1673 au château de Montpoupon. Une épitaphe en marbre, placée dans le chœur de l’Eglise paroissiale de Ceré, concernant son cœur et ses entrailles, indique la date de sa mort. Les deux filles qui naquirent de ce mariage ont occupé une telle place dans les chroniques de l’époque qu’il est intéressant d’en parler un peu longuement.
L’aînée Charlotte de Prie, fut mariée le 27 février 1639 à Noël de Bullion, marquis de Gallardon, seigneur de Bonnelles, commandeur et greffier des Ordres du Roi. Le 3 août 1694, haute et puissante dame Charlotte de Prye veuve de haut et puissant Seigneur Messire Noël de Bullion, chevalier seigneur de Gallardon, Bonnelles et autres lieux, conseiller du Roy en ses conseils et d’honneur en son Parlement, dame et patronne de Fervacques et autres terres demeurant à son hostel, rue Platrière, paroisse Saint – Eustache. à Paris , nommait à la cure de Saint Martin de la Croupte appartenant au Seigneur de Fervacques, à cause de son fief du Poirier, Pierre Rioult, prêtre, pour remplacer Michel Lebreton, décédé [1. Abbé Piel, Insinuations Ecclésiastiques de l’ancien diocèse de Lisieux, t. I, reg. 11 – 127.](de Bullion : Ecartelé au 1 et 4, au lion naissant d’or mouvant de trois fasces ondées d’argent en pointe (Bullion), au 2 et 3, d’argent à la bande de gueules accompagnée de 6 coquilles de même rangée en orle (Vincent). Elle mourut le 14 novembre 1700 à 78 ans.
La seconde fille de Charlotte de Prie fut Louise de Prie, marquise de Toucy, qui épousa le 26 novembre 1650 à Saint – Bris – en – Auxerrois, Philippe de la Motte Houdancourt (Ecartelé au 1 et 4 d’azur à la tour d’argent, au 2 et 3 d’argent au lévrier rampant de gueules accompagné de trois tourteaux aussi de gueules 2 en chef 1 en pointe, le chef chargé d’un lambel de 5 pendants de gueules.) Louise de Prie occupa pendant longtemps la charge de gouvernante des Enfants, de France. Nous trouvons dans les Insinuations Ecclésiastiques de l’Ancien diocèse de Lisieux, de l’abbé Piel, les renseignements suivants sur la maréchale de la Motte Houdancourt : Le 5 mai 1700, très haute et puissante dame Louise de Prie, veuve de très haut et très puissant seigneur Philippe de la Motte Houdancourt, duc, pair et mareschal de France et elle gouvernante des Enfants de France, surintendante de leurs maisons, comtesse de Beaumont et autres lieux, ayant la collation de la cure de Prêtreville vacante par le décès de Philippe Mailloc, dernier titulaire , nomme Etienne Le Bas, à la cure de Saint – Pierre de Prêtreville. Fait et passé en l’appartement de ma ditte dame la mareschale de la Motte au château de Versailles [1. Abbé Piel, t. I, reg. V – 485.]
. En 1701, Louise de Prie nommait curé de la Croupte messire Jean – Baptiste de Bonnechose : Le 19 décembre 1701, nous duchesse de la Motte, mareschalle de France, gouvernante des enffants de France, surintendante de leurs maisons, ayant droit de nommer alternativement à la cure de la Croupte, estant à prît à mon tour, avons par ces prîtes onmmé et prîté au bénéfice de la Croupte pour enestre curé la personne de Me Jean Baptiste de Bonne Chose, du diocèse de Lisieux, vacante, parce que Me Pierre Rioult est curé d’une autre cure. Fait à Versailles et signé Louise de Prye, mareschalle de la Motte. Madame de la Motte Houdancourt jouissait alternativement avec son neveu Charles Denis de Bullion, fils de Charlotte de Prie, du droit de nommer à la cure de la Croupte, ainsi qu’en témoigne l’acte suivant fait et passé au chasteau de Versailles, le Roy y estant en l’appartement de Madame de la Motte, le 12 janvier 1702, très haute et puissante dame Madame Louise de Prye, veuve de très haut et très puissant seigneur Philippe de la Motte Houdancourt, vivant, duc, pair et maréchal de France, vice – roi de Catalogne, gouvernante des enffants de France, – surintendante de leurs maisons, comtesse de Beaumont – sur – Oise, marquise de Fossaire, Thoussy et autres lieux, ayant droit de patronnage et nomination à la cure de la Croupte, diocèse de Lisieux alternativement avec M. de Bullion nomme au dit bénéfice la personne de Mre J. B. de Bonnechose [1. Abbé Piel, t. I, reg. V1 – 339.]. Elle mourut à Versailles le 6 janvier 1709, à l’âge de 85 ans et fut inhumée à Paris dans l’église des Feuillants, rue Saint-honoré. Madame de la Motte Houdancourt laissa trois filles qui furent la duchesse d’Aumont (d’argent au chevron de gueules accompagné de sept merletles de même, quatre en chef et trois en pointe) ; la duchesse de Ventadour (ecartelé au 1er bandé d’or et de gueules de 6 pièces qui est ThoireVillars, au 2 d’or à 3 chevrons de sable qui est Levis ; au 3 de gueules à trois étoiles d’or qui est Anduze ; au 4 d’argent au lion de gueules qui est Layre. Sur le tout échiqueté d’or et de gueules qui est Ventadour) et la duchesse de la Ferté Senneterre (d’azur à 5 fusées d’argent mises en fasce), qui hérita de la terre de Fervacques du chef de sa mère. Saint – Simon a tracé de Mme de la Motte Houdancourt le portrait suivant : La Maréchale de la Motte Houdancourt était cousine germaine du père de Madame de Louvois. Elle était belle ; c’était la meilleure femme du monde qui avait le plus de soin des enfants de France, qui les élevait avec le plus de dignité et de politesse, qui elle – même en avait le plus, avec une taille majestueuse et un usage imposant et qui avec tout cela n’eut jamais le sens commun et ne sut de sa vie ce qu’elle disait, mais la routine, le grand usage du monde la soutint [2. Saint – Simon : Mémoires, t. VII, p. 33. Edition de Boislille].

XIII – François de Prie, chevalier baron de Plasnes et de Themillon, troisième fils d’Aymar de Prie et de Louise de Hautemer, hérita de sa mère de la Baronnie de Plasnes, située en Normandie, aux environs de Pont – 1’Evêque. Il épousa par contrat du 13 septembre 1626 Marie Brochard, fille de Pierre Brochard, seigneur de Marigny, conseiller du Roi en ses Conseils d’Etat et privé, Maître des requêtes ordinaire de son Hôtel et de Suzanne Prat ou Rat. Il mourut le 23 août 1651, et fut enterré dans l’église paroissiale de Beuzeville.

De ce mariage naquirent 5 enfants :

    1. – Aymar Antoine de Prie, seigneur et baron de Plasnes qui suit.
    2. – N. de Prie tué au siège de Sainte – Menehould, sans avoir été marié.
    3. – Edme de Prie, mort sans alliance en. 1694 ou 1695.
    4. – Jean de Prie, seigneur de Hautemer, de Marigny et de Themillon, fut enterré à Saint – Pierre de Semantron, le 18 janvier 1720. Il avait épousé Anne – Marie Michau, dont il eut trois enfants :
      1. – Edme de Prie, baptisé à Saint – Pierre de Semantron, le 4 septembre 1665, garde – marine, puis lieutenant et capitaine dans le régiment de Grancey, tué à la bataille de Staffarde, le 28 août 169Q.
      2. – Melchior de Prie, né le 5 juin 1668, baptisé le 9 à Saint-pierre de Semantron, servit dans les Cadets, mourut à Charlemont où il fut enterré.
      3. – Charlotte – Louise de Prie, née le 7 septembre et baptisée le 16′, à Saint – Pierre de Semantron.
    5. – Louise de Prie, fille d’honneur de Madame la Grande-duchesse et de Mademoiselle de Montpensier, épousa François de Valboc, seigneur de Gonneville et de la Rivière en Normandie.

XIV – Aymar de Prie, seigneur et baron de Plasnes, de Coquainvilliers, du Chesne, de Marigny, etc., dit le marquis de Prie [1. Dictionnaire de Moréri.] , maréchal des camps et armées du Roi, mort le 11 août 1714, et enterré dans le chœur de l’église paroissiale de Saint – Sulpice de Plasnes (diocèse de Lisieux).

Le 26 octobre 1694, messire Aymard Antoine de Prye chevalier baron Haut Justicier de Plasnes et d’Echanfrey, seigneur et patron de Coquainvilliers, le Chêne Lessard et autres lieux nommé Pierre Mallet, prêtre de Saint – Germain de Lisieux à la cure de Saint – Sulpice de Plasnes (2e portion laissée vacante par la démission de Pierre Hamel (Abbé Piel, t. I, Reg. II, 129).
Le 6 mars 1710, Messire Marc Antoine de Prye, chevalier, seigneur et marquis de Prye, etc., seigneur et patron de la 2e portion de la cure de. Plasnes, nomme à ce bénéfice vacant par la mort de Me André Thuret, dernier titulaire la personne de Léonor Secard, prêtre, chapelain en la cathédrale (Abbé Piel, t. II, Reg. IX, 212 bis).
Aymar – Antoine épousa par traité du 5 mai 1667, reconnu le 2 juin suivant, Jacqueline de Serres, fille de Jean de Serres, seigneur de Coquainvilliers, du Chesne – Lessard et de Cécile de Ruault. Elle mourut en septembre 1732, et fut enterrée le 21 septembre 1732, dans le chœur de l’église de Coquainvilliers. Un inventaire de ses biens fut dressé le 15 octobre 1732 et jours suivants à Courbépine et à Coquainvilliers (voir Pièces justificatives n° 1).
Le 24 septembre 1720, Haute et puissante dame Jacqueline de Serres, veuve de haut et puissant Seigneur Messire Aymard Antoine de Prye, dame de Coquainvilliers, le Chesne Lessard et autres lieux nomme à la cure du Chesne, vacante par la mort de Pierre Maillet, dernier titulaire, la personne de Messire Jacques Buchard, prêtre, curé de Plasnes, 2e portion. Un an après, Mre Jacques Buchard donne sa démission entre les mains de Messire Louis de Prye, fils de Jacqueline de Prye, que nous verrons plus loin. (Abbé Piel, t. II, Reg. XIII, 330).
Le 12 janvier 1699, Monsieur et Madame de Prie vendaient une pièce de terre appelée la Cerizaye, située en la paroisse de Norolle, bailliage d’Orbec, à M. le Chevallier, conseiller de Grande Chambre au Parlement de Normandie. Un acte était passé devant M 08 Jean Conard et Robert Drieu, tabellions royaux aux sièges de Cambremer et Bonnebosc, vicomte d’Auge (voir Pièces justificatives n° 2).

Le 22 octobre 1708, M. et Mme de Prie certifiaient ainsi que Edme de Prie, leur frère et beau – frère, Louis et MarieThérèse de Prie leurs enfants et différents serviteurs que le fils aîné de Louise de Prie et d’Alexandre Le Jolis de Villiers est né à Coquainvilliers, le 1er décembre 1693. (Voir Pièces justificatives n° 3).
A citer encore un arpentage de trois bois situés en la paroisse de Coquainvilliers, le 19 décembre 1674 et appartenant à Messire Antoine de Prye Marquis de Prye .
Aymar Antoine de Prie et Jacqueline de Serres eurent huit enfants, qui furent :

    1. Léonor de Prie, mort sans alliance, près de Huningue en 1691, et enterré à Strasbourg.
    2. Louis de Prie, marquis de Plasnes, dit le marquis de Prie, qui suit.
    3. Louis Jean de Prie, dit le Chevalier de Prie, baptisé le 8 octobre 1679 à Coquainvilliers à l’âge de quatre jours. Il mourut de la petite vérole étant capitaine, au camp près de Strasbourg, après avoir fait le 10 novembre 1704, son testament (Voir Pièces justificatives 4. Il fut enterré aux jésuites de cette ville en 1704.
    4. – Robert Aymar de Prie, prieur de Saint Etienne de Peyrat, diocèse de Périgueux, abbé d’Airvault, diocèse de la Rochelle, avait été baptisé neuf jours après sa naissance, à Coquainvilliers, le 6 février 1681 – Le 17 décembre 1723, par devant Me Jacques Crochon, prêtre, notaire royal apostolique du diocèse de Lisieux, demeurant à Lisieux, paroisse Saint – Germain, Aymar Robert de Prie, clerc tonsuré du diocèse de Lisieux, bachelier en théologie de la faculté de Paris et nommé par le Roy à l’abbaye de Saint Pierre d’Airvaux, ordre de Saint – Augustin, diocèse de la Rochelle, demeurant à Courbépine, donne sa procuration pour consentir en cour de Rome la création de 322 et demi ducats d’or de pension annuelle sur les revenus de la ditte abbaye en faveur de son frère messire François Léonor de Prye, chevalier de N. – D. du Mont Carmel et de Saint Lazare [1. Abbé Piel, t. II, reg. XIV – 348.]
      . Le 4 octobre 1727, il donne, en qualité de prieur commendataire de – Saint Etienne du Pairat, diocèse de Périgueux, procuration pour nommer en son nom aux bénéfices du prieuré du Payrat [2. Abbé Piel, t. II, reg. XV – 413.]
      , et le 31 mai 1692, il avait déjà donné sa procuration en qualité de prieur de Saint Etienne du Pairat pour requérir de M. l’Official de Périgueux la fulmination des provisions qu’il a obtenues en cour de Rome du dit prieuré et en prendre possession en son nom [3. Abbé Pie), t. II, reg. XIII – 125.]. L’abbé de Prie avait reçu la tonsure le 31 mai 1692 ; il résida très peu dans son abbaye et dans son prieuré préférant rester le plus souvent au château de Courbépine où il se plaisait beaucoup dans la société de sa belle – sœur, la fameuse marquise de Prie. M. A. Gardin, dans sa brochure sur la Marquise de Prie, dame et châtelaine de Courbépine, raconte sur l’abbé de Prie, l’anecdote suivante : Il était très grand amateur de melons. A cette époque, le fumier d’âne était très recherché pour la culture de ce fruit ; or, il apprend qu’un père Mercier, habitant le village du Mesnil, tout près de Courbépine, possédait quatre ânes ; il envoie un de ses domestiques demander pour lui le fumier de ses ânes :
      — C’est impossible, répond le bonhomme, dites à Monsieur l’abbé que chez moi tous les ânes sont curés.
      La réponse ayant été rapportée à l’abbé de Prie, qui se fâche : Oh ! morbleu ! c’est trop fort, chez moi, les ânes sont tous curés, allez me chercher cet insolent.
      Le père Mercier ayant été amené, explique ses paroles en disant : Je ne puis satisfaire vos bons désirs, mon bon Seigneur, hier j’ai curé tous mes ânes.
      — A la bonne heure ! reprend l’abbé en riant, va dîner à la cuisine.
    5. Léonor François de Prie, seigneur de Themillon, dit le Chevalier de Prie, dont il sera question après son frère Louis
    6. Aymée Cécile de Prie, née à Coquainvilliers, le 15 août 1668, religieuse bénédictine de l’abbaye de Saint Désir de Lisieux.
    7. Louise de Prie, baptisée le 26 août 1670, mariée en 1693, à François Alexandre Le Jolis de Bouillon, seigneur de Villiers, capitaine de dragons au régiment de Marsan, puis capitaine de cavalerie dans le régiment de Fôurquevaux.
    8. Il fut tué à la bataille d’Hoeshetaedt le 13 août 1704, ainsi que le constate une attestation conservée dans le chartrier de M. de la Garanderié (voir pièce n° V).
      Le 2 mars 1693, ils signaient leur contrat de mariage par devant Mes Martin et Drieu (voir pièce n° VI) et le 9 mars, ils obtenaient dispense pour la publication de leurs bans (Abbé Piel, tome I. Reg. I, p. 76). De ce mariage, naquirent plusieurs enfants.

    9. Marie – Thérèse de Prie, baptisée le 18 novembre 1676.

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XV – Louis de Prie, marquis de Plasnes, dit le marquis de Prie, seigneur baron haut Justicier de Plasnes et d’Echanffrey, Courbépine, Coquainvilliers, etc., naquit le 9 mars 1673 et fut baptisé le 2 avril suivant à Saint – Sulpice de Plasnes. Il commença ses services dans la première compagnie des mousquetaires du Roi, où il entra en 1693, fut fait capitaine dans le régiment de dragons de Marsan le 16 mai 1694, servit aux sièges de Gironne et d’Ostalrie, de Valence en 1696 et d’Apt en 1697. Le 29 avril 1702 le roi lui accorda un brevet d’aide de camp de ses armées ; il en remplit les fonctions la même année, sous le duc de Bourgogne, à l’affaire de Nimègue et au siège de Brisach (1703). L’année suivante, il fut nommé aide de camp du duc de Bourgogne, puis maistre de camp réformé à la suite du régiment des dragons de la Reine. Fait prisonnier à la bataille d’Hochstedt, il fut conduit en Angleterre où il resta quatre ans. Un congé de la reine Anne lui permit de revenir en France en 1707, mais il ne fut échangé qu’en 1709, contre le comte de Ribeira. Nommé colonel d’un régiment à son nom, puis brigadier des armées du Roi, il commandait en Flandre une brigade chargée d’observer l’ennemi à l’arrière – garde (1710). L’année suivante, il eut, sous les ordres du comte de Coigny, un cheval tué sous lui, à l’attaque d’un camp volant des ennemis qui furent battus sous Douai. Il acheva la campagne, sous les ordres du duc de Berwick, en Savoie, où il commandait un régiment de dragons.
Le 8 mars 1712, il tint le roi Louis XV, alors duc d’Anjou, sur les fonts baptismaux ; la marraine était la duchesse de la Ferté, sa cousine. Au commencement de la campagne de 1713, il commandait quatre régiments de dragons, et il était, au siège de Fribourg à la tête d’une brigade de dragons. La lutte entre la France et la maison de Savoie touchait à sa fin et le traité d’Utrecht (11 avril 1713), qui donnait à Victor Amédée la dignité royale, rétablissait entre lui et Louis XV les relations diplomatiques. Le roi de France chargea le marquis de Prie, qui au dire de Saint – Simon, avait de l’esprit et du savoir de le représenter à la cour de Savoie. Louis de Prie quitta donc Paris le 12 mai 1714, s’embarqua le 18 juin sur le Diamant et débarqua à Messine le 14 juillet, d’où il suivit Victor – Amédée en Piémont.
Quelques mois avant de s’embarquer pour l’Italie, le marquis de Prie avait épousé la fille d’un riche financier, dont la fortune s’était faite dans la fourniture des vivres pour Parmée, Etienne Berthelot de Pleneuf, et d’une femme très lancée dans la coquetterie, Anne Rioult de Douilly de Cursay.
La dispense des bans avait été accordée sur l’attestation du Sr Secard, prêtre, curé de Plasnes, le 18 décembre 1713, pour le mariage entre haut et puissant Seigneur Monseigneur Louis de Prye, nommé ambassadeur du Roy auprès du Roy de Sicile, fils de haut et puissant Seigneur Mgr Aymar Antoine de Prie Cher Sgr baron haut justicier de Plasnes et d’Echanfray et de puissante dame Jacqueline de Serres, dame de Coquainvilliers, du Chesne, de Lessart, de la Lande Montfort et autres lieux, domiciliée au dit lieu de Plasnes d’une part et dle Agnès Berthelot, fille de Mre Etienne de Berthelot, Sgr de Pleneuf et autres lieux, conseiller du Roi en ses Conseils, directeur général de l’artillerie et de dame Agnès de Rioult d’Ouilly, domiciliée à Paris, paroisse Saint Eustache d’autre part. Suit la dispense de l’interdit du temps d’Avent donnée à la condition qu’il ne sera fait aucune – nopce ny assemblée . (Abbé Piel, Insinuations Ecclésiastiques, T. II, Reg. X, p. 576).
La jeune marquise de Prie qui, selon Saint – Simon, était extrêmement jolie et bien faite avec beaucoup d’esprit et une lecture surprenante, réussit fort à Turin où elle était très entourée. Son mari l’envoya en France demander des crédits sans se soucier des dangers qui pouvaient se rencontrer sur son chemin ; elle fit sensation à la cour, se laissa aller au plaisir d’être admirée, et bientôt devint la maîtresse du duc. de Bourbon.
Je n’entreprendrai pas ici de décrire le rôle que joua la marquise de Prie, ni de raconter les luttes qu’elle dut soutenir pendant les quelques années qu’elle passa à la cour. Cela sortirait du cadre de cette étude et m’entraînerait beaucoup trop loin. On a beaucoup parlé d’elle, on en a dit beaucoup de mal et trop peu de bien. Sans doute, elle ignorait complètement toute morale, mais elle était très bonne : témoin les libéralités qu’elle fit aux pauvres de sa paroisse ; très intelligente et très artiste : elle créa les concerts populaires, protégea les arts. Enfin, elle mourut avec piété, après s’être confessée et avoir reçu les secours religieux, ainsi que l’atteste son acte mortuaire, conservé aux archives de Courbépine [1. La Seigneurie de Courbépine et la Marquise de Prie, par P. E. Lambert. Rouen, Haulard, 1868.]
Elle fut enterrée dans l’église de Courbépine, à l’entrée du chœur. Une pierre tombale, enlevée il y a une quinzaine d’années, recouvrait sa sépulture. Je ne retiendrai sur elle que ce jugement porté par un de ses contemporains qui me semble être l’opinion qu’on doit avoir sur cette femme dont la fin si terrible expie bien des erreurs et bien des fautes : La de Prie valait mieux ; malgré ses vices, elle en imposait à tous ; et chose bizarre, quoiqu’impure et maudite de tous, on l’aima jusqu’au bout. Elle avait le don de fasciner tous ceux qui l’approchaient [1. Cité par M. A. Gardin, dans La Marquise de Prie dame et châtelaine de Courbépine.]

Voici le portrait qu’en traçait Duclos : La Marquise de Prie avait plus que de la beauté, toute sa personne était séduisante. Avec autant de grâce dans l’esprit que dans la figure, elle cachait, sous un voile de naïveté, la fausseté la plus dangereuse. Sans la moindre idée de la vertu qui était à son égard un mot vide de sens, elle était simple dans le vice, violente sous un air de douceur et libertine par tempérament.
Louis de Prie n’avait guère de fortune. Il avait cherché dans le mariage le moyen de soutenir noblement un vieux nom et de pouvoir marcher de pair avec les alliances de sa famille. Mais sa femme dépensa beaucoup et son ambassade à Turin, si elle lui apporta beaucoup d’honneur, ne releva pas sa fortune.
Rentré en France en 1719, le marquis de Prie fut compris dans le nombre des seigneurs attachés à l’éducation de Louis XV (état du 1er janvier 1719) et fut nommé le 1er février 1719 brigadier des armées du Roi.
En 1722, eut lieu à Reims le sacre du Roi et le marquis de Prie, avec les marquis d’Alègre, d’Estaing et de Beauveau, comme Baron Otage de la Sainte Ampoule [2. Mémoires de Villars, t. IV, 226.] . Le 28 octobre 1722, il fut nommé gouverneur de Bourbon Lancy.
Louis de Prie, le 18 mars 1715, avait acheté à Jean-Baptiste – Louis de Matignon, comte de Gacé, la seigneurie de Courbépine, située aux environs de Bernay. Le château beaucoup plus somptueux que celui de Plasnes, habité par la famille de Prie, avait été construit d’après M. Auguste Le Prévost, par Léonor II de Matignon, évêque de Lisieux, de 1676 à 1714, et était entouré d’avenues, de jardins, de bois et de plaines qui en faisaient un magnifique domaine que le roi, par lettres patentes de février 1724, érigea en marquisat en le réunissant à celui de Plasnes.
Le marquis de Prie fut reçu chevalier des Ordres du Roi le 3 juin 1724 et nommé lieutenant général du Bas Languedoc en 1725. Pendant ce temps, Mme de Prie obtenait la place de dame du palais de la Reine en 1725. Mais ses ennemis n’allaient pas tarder à revenir au pouvoir, et le 11 juin 1726, ils réussissaient à la faire exiler dans sa terre de Courbépine, où elle mourut le 6 octobre 1727, du chagrin que lui causa sa disgrâce. (Voir Pièce n° VI).

De ce mariage, naquirent deux enfants [2. Mémoires de Villars, t. IV, 226.] :

    1. Marie – Victoire de Prie, née à Turin, le 29 novembre 1717, baptisée le 17 mai 1718, elle eut pour parrain le roi de Sardaigne et pour marraine Madame Royale. Mariée le 21 décembre 1732, au fils du maréchal de Tallard, le duc d’Hostu’n (de gueules à la croix engrêlée d’or), elle mourut en août 1738, des mauvais traitements que lui avait fait subir son mari, à la suite d’une lettre anonyme, où on lui dénonçait l’inclination de sa femme pour M. de Créquy, menin de M. le Dauphin.
    2. 2° Louis de Prie, né à Paris, le 23 février 1720, fut baptisé aux Tuileries, le 3 juin 1720, et eut pour parrain et marraine Louis XV et Madame de Ventadour. Il mourut en 1730, trois ans après sa mère.

Le marquis de Prie épousa en secondes noces le 9 juin 1744, Anne Brandos, fille de Jean Brandos, marquis de Casteja, gouverneur de Toul et de Marie Midot, dont il n’eut pas d’enfants.
Le caractère de M. de Prie n’est guère sympathique. Son ambassade à Turin se passa sans éclat et sans aucun fait remarquable. Lorsque sa femme fut devenue une favorite à la mode, il joua consciencieusement son rôle de mari complaisant, se livrant avec passion aux plaisirs de la chasse. Et quand vint pour lui le moment de mourir, il reçut fort mal le curé de sa paroisse, lui disant : Soyez le bienvenu dès lors que vous venez de la part du Roi, si vous étiez venu de la vôtre ou de celle de mes parents, je vous aurais fait jeter par la fenêtre. Puis il se tourna du côté de la muraille. Le curé se retira et M. de Prie mourut peu après. Il mourut à Versailles, dans l’appartement qu’il avait conservé au château, en mai 1751 [1. Journal historique de Charles Collet, de 1748 à 1772, t. I, p. 390.].
Nous relevons dans les Insinuations Ecclésiastiques de l’ancien diocèse de Lisieux, publiés par l’abbé Piel, les renseignements suivants concernant Louis de Prie :
Le 19 décembre 1716 Mre Louis marquis de Prie, chevalier Sgr Baron de Plasnes, etc., patron de la paroisse et terre de Plasnes, nomme à la cure de Plasnes, l ère portion vacante par la mort de Mre Claude Regnault, dernier titulaire décédé la personne de Mre Léonor Secard, prêtre, curé de la 2e portion. Fait à Turin les jours et an que dessus. (T.. II. Reg. XII, p. 124). Le 4 novembre 1717, il nomme Mre Nicolas de Bonnechose, prêtre du diocèse de Lisieux, pour la 2e portion de l’Eglise de Plasnes, vacante par la démission de Mre Léonor Secard, dernier titulaire. Cette nomination est faite à Turin au palais qu’habite S. E. l’ambassadeur de S. M. très Chrétienne, paroisse Saint Eusèbe. Mre de Bonnechose n’accepta pas la cure et le 1er février 1718 fut remplacé par Alexandre Siard qui remit son bénéfice le 18 juillet ; le 19 août 1718, Jacques Buchard fut nommé par M. de Prie. (Abbé Piel, T. II, Reg. XII, p. 341).
Après le décès de Léonor Secard qui laissa vacante la cure de Plasnes, Louis de Prie nomma Mre Mathieu Barrey de Montfort, prêtre du diocèse de Lisieux, licencié en Sorbonne de la Maison et Société navale de Navarre. (Abbé Piel. T. II, Reg. XIII, p. 558). Mais les curés des deux portions de Plasnes ne vivaient pas toujours en bonne harmonie et les rivalités qui existaient entre eux, arrivèrent sans doute à un tel degré que le marquis de Prie dut intercéder auprès de l’Evêque de Lisieux pour réunir sous une seule tête les deux bénéfices. Le 25 mars 1722, Mgr Henri Ignace de Brancas, évêque et comte de Lisieux, vu la requête à lui présentée par Mre Louis marquis de Prie, seigneur et patron de Plasnes, par laquelle il expose que pour le bien de la paroisse de Plasnes, qui souffre de la désunion qui est souvent entre les curés à cause de leurs intérêts différents il serait à propos d’éteindre le titre de la deuxième portion vacante par la démission de Mre Jacques Buschard et de le réunir au titre de la première portion possédée par Me Mathieu Barrey de Montfort ; vu l’enquête de commôdo et incommoda sur le dit objet ; vu l’intervention des Sre Boitard et Levavasseur, prêtres, desservant et vicaire de Plasnes, certifiant qu’ils ont publié la dite requête au prône de la messe paroissialle trois dimanches de suite ; vu le consentement du sieur Barrey qui accepte les conditions fixées par le Seigneur évêque, celui – ci a cause de la mésintelligence qui se rencontre ordinairement entre deux curés servants sous le même toit, laquelle divise les peuples, que ceux – ci seraient mieux instruits, les sacrements mieux administrés, les malades et les pauvres mieux assistés, et en égard à la modicité du revenu des deux portions , réunit à perpétuité les deux dites portions en un seul et même titre de bénéfice en faveur du dit sieur Barrey de Montfort avec obligation pour lui et ses successeurs d’acquitter les charges des deux portions et d’entretenir à ses frais un vicaire lequel ne pourra être chapelain de la Charité, mais sera obligé de tenir les petites écoles, instruire la jeunesse, faire le catéchisme les dimanches et fêtes et dire une première messe . En outre le curé sera tenu d’aider par luy – même autant qu’il le pourra ou tout au moins par son vicaire, à chanter gratuitement les Services de la Charité. (Abbé Piel. T. II, Reg. XIV, 88).
Le 1er août 1738, le marquis de Prie nomme Mre Mathieu Barrey, curé de Plasnes, à la cure de Courbépine, vacante par la mort de Me Mathieu Delaborne, dernier – titulaire. (Abbé Piel. T. III, Reg. XVI, 548). Le 10 avril. 1739, Mre Barrey de Montfort remet son bénéfice entre les mains de Mre Louis de Prie qui logé en son appartement au château de Versailles nomme à la dite cure Me Isaie. Richot de Champré, prêtre, curé de Biéville.

Le 7 juillet 1733, le marquis de Prie faisait un accommodement avec ses frères et sœurs et ses neveux Le Jolis de Villiers, fils de sa sœur Louise dé Prie, concernant la succession de leur mère et grand – mère Jacqueline de Serres. {Abbé Piel, T. III, Reg. XVII, 71), et treize jours plus tard, le 20 juillet, il laissait à son frère François – Léonor Comte de Prie l’usufruit de sa terre de Coquainvilliers. (Voir Pièces justificatives nos VIII et IX).

XVI – François Léonor, dit, le Comte de Prie, chevalier, marquis de Plasnes et de Courbépine, après son frère Louis, seigneur haut justicier de la Chaussée en Normandie et de Thesmillon en Bourgogne, seigneur et patron de Coquainvilliers du Chesne et de Lessard, capitaine de cavalerie au régiment de Rufi’ec, reçu en 1723 chevalier de justice des ordres royaux, militaires et hospitaliers de N. D. du Mont Carmel et Saint Lazard de Jérusalem, épousa dle Marie Madeleine Geneviève Coquet de Tolleville (d’azur à 10 rocs d’échiquier d’or posés 4, 3, 2 et 1) (27 septembre 1731) et mourut, à 90 ans le 11 novembre 1772 (voir Pièces justificatives 10).
Le 7 juillet 1733. le comte de Prie intervient dans l’accommodement conclu entre ses frères et sœurs et ses neveux Le Jolis de Villiers (voir pièce justificative n° 8) – et le 20 juillet son frère Louis, lui cède l’usufruit de la terre de Coquainvilliers (voir Pièces justificatives vi 0 9). Le S mars 1739, il nomme à la cure du Chesne vacante par la mort de Me Charles Buchard, prêtre, dernier titulaire, la personne de Mre Guillaume Gosset, prêtre du diocèse de Lisieux (Abbé Piel, T. III, Reg. XVI – 58). Le 19 mai 1744, François Léonor de Prie achète à Messire Jacques Desperiers escuier, seigneur haut justicier de Saint Marc, de Fresne, Conseiller du Roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage d’Orbec, le fief de Lysambarderie, situé en la paroisse de Coquainvilliers (Voir Pièces justificatives n° 10) et le 6 avril 1746, il recevait de Mre Jacques Desperiers et de plusieurs autres, aveu du tennement nommé le tennement Cambremer, dépendant du fief de Lysambarderie, et situé dans la paroisse de Coquainvilliers (Voir Pièces justificatives n° 12).
Le 2 août 1747, il obtenait un debitis ordonnant de lui faire payer toutes dettes de quelque nature qui lui seraient dues. (Voir Pièces justificatives n° 13.) Le 1er décembre 1751, il nommait à la cure de Notre – Dame de Lessard Louis lie Villain, vicaire de Coquainvilliers, à la place de Mre Pierre Quetier, dernier titulaire décédé. La nomination fut faite à Lisieux, paroisse Saint Germain, en la maison et demeure dud. M1S de Prye.
Mme de Prie déposa le 5 août 1774 son testament à l’étude de Me J. P. Varin, notaire à Pont l’Evêque, bailliage d’Auge et mourut en 1774.
De son mariage François Léonor de Prie eut deux enfants :
1° Louis II marquis de Prie, qui suit.
2° Marie – Thérèse épouse de Mre Pierre Jean – Marie Le Jeune, baron de Créquy (de gueules au créquier d’argent et sur la première feuille du créquier à droite, un petit écusson aussi d’argent à deux fasces de sable). Capitaine au régiment de Vivarais Infanterie, chevalier de Saint – Louis, de la paroisse de Hulié, diocèse d’Angers, fils de François le Jeune, marquis de Crequy, baron de Saint – Germain, Raie, Craon, seigneur de Daumeray, de la Roche Jacquelin, Le Plessis, Aubigné et autres lieux, colonel d’artillerie, Chevalier de Saint – Louis et de haute et puissante dame Lancelote Philbert Renée Richer de Villeneuve. Dispense de bans leur fut accordée le 25 juillet 1773. (Abbé Piel. T. V! Reg. XXXIV, p. 113).
Le 22 mars 1779, Mme de Créquy, épouse civilement séparée du baron de Créquy, par suite d’arrangements avec son frère, nomme à la cure de Lessard, vacante par la mort de Mre Louis Le Villain, Louis André Lorieult, prêtre du diocèse de Lisieux. Cet acte est fait à Lisieux en la maison de Mme de Créquy, rue du Bouteiller. (Abbé Piel. T. V. Reg. XXXVI, p. 306). Le 28 décembre 1779, agissant comme curatrice de son frère interdit, elle nommait à la cure de Saint – Martin de Courbépine vacante par la mort de Me Isaie Puchot de Champré, dernier titulaire, la personne de Mre Louis André Lorieult, curé de Lessard. Le marquis de Prie s’était réservé la première nomination à ce bénéfice, lors de la vente qu’il fit au sieur Duclos Lange de ses terres fiefs et seigneuries de Courbépine et de Moulin Chapelle selon le contrat passé devant les notaires de Bernay en 1777. (Abbé Piel. T. V. Reg. XXXVII, p. 38). Le marquis de Prie ayant été interdit, Mme de Créquy fut nommée curatrice de ses biens.

XVII – Louis IIIe du nom, chevalier, dit le comte puis le marquis de Prie, marquis de Plasnes et de Courbépine, seigneur de Moulin – Chapelle en Normandie, de Thesmillon en Bourgogne, né le 25 février 1734, mousquetaire dans la première compagnie de la garde du Roi, gouverneur depuis le 8 octobre 1752, des ville et château de Bourbon Lancy, commandeur et grand croix des ordres de feu l’Electeur de Cologne, est le dernier du nom et l’héritier de son oncle, le marquis de Prie.
Il épousa en premières noces Louise – Camille – Victoire de Villette, née le 20 mai 1740, fille de Pierre Charles de Villette, écuyer, marquis du Plessis Villette, seigneur et patron d’Avenay, du Portail, etc., conseiller du Roi en ses conseils, commandeur de Saint – Louis par brevet du 13 janvier 1752 (d’azur à 6 tours d’argent posées 3, 2 et 1), et de Thérèse – Charlotte Cordier de Launay. Les dispenses de bans furent du 18 novembre 1754 et le mariage fut célébré le 24 du même mois. A cette époque, Louis de Prie demeurait à Versailles en sa qualité de mousquetaire, et ses parents habitaient Lisieux, paroisse Saint – Germain, tandis que M. et Mme de Villette demeuraient à Paris, paroisse Saint – Roch et leur fille au monastère des religieuses de la Ville l’Evêque, paroisse de la Madeleine. (Abbé Piel. T. IV, Reg. XXIV, p. 373).
De cette union naquit mie fille, le 29 juin 1757, Anne Thérèse – Charlotte de Prie, qui mourut à Paris, au couvent des Bénédictines de Notre – Dame de Grâce de Ville L’Evêque. Sa mère était décédée le 18 décembre 1758 et fut inhumée au cimetière de la Madeleine, ainsi qu’en témoigne une plaque de cuivre, haute de 0,15 large de 0,11, conservée au Musée de Cluny (non comprise au catalogue), et signalée par M. F. de Guilhermy, dans les Inscriptions de France.
DAME LOUISE
VILLETTE EPOUSE DE MM
LOUIS DE PRIE COMTE DE PRIE COLONEL AUX GRENADIERS DE FRANCE GOUVERNEUR DE BOURBON LANCY DECEDEE
LE MARDY 19 7bre 1758 E
EN LA PAROISSE DE LA MADELEINE DE LA VILLE LEVESQUE
REQUIESCAT IN PACE.
Le 19 mai 1759, son oncle, l’abbé de Prie, étant mort, Louis de Prie nomma comme prieur de l’Hermitage de Plasnes, Mre Léonor Viel, prêtre, vicaire de Courbépine. (Abbé Piel, T. IV. Reg. XXVII, p. III). A cette époque, il habitait à Paris, paroisse Saint – Roch et était de passage à Courbépine.
En 1771, Louis de Prie se remariait et épousait Madeleine Antoinette – Julie de Mauville et Ward, veuve de Guillaume Shirley, gouverneur général de l’Ile de Bahana en Amérique, colonel d’un régiment à son nom, et lieutenant général des armées d’Angleterre. A l’occasion de ce mariage des fêtes splendides furent données à Courbépine ; la nouvelle marquise fut conduite à l’église par de nombreux vassaux, habitants de Plasnes et de Courbépine ; le soir, de grandes réjouissances eurent lieu qui se prolongèrent très tard dans la nuit. Cette fête fut troublée par un incident qui donna lieu à une enquête judiciaire. Des individus s’étant glissés parmi les gens qui fêtaient les noces du marquis de Prie, avaient tué un des sangliers que celui – ci conservait dans les fossés du château et blessé un autre. Louis de Prie porta plainte et de nombreux témoins furent entendus. Je ne sais si l’enquête donna des résultats.
La vie que menait la famille de Prie était très onéreuse, et le marquis de Prie déjà très endetté, se vit l’objet de poursuites de la part de ses créanciers. Il prit alors le parti de se réfugier avec sa femme en Angleterre, ce qui donna lieu à l’apposition des scellés sur ses effets, titres et papiers. Pour rentrer en France, M. et Mme de Prie abandonnèrent leurs biens à leurs créanciers (27 août 1772). Mais dès leur retour, ils attaquèrent de nullité cet acte et furent repoussés par arrêt du 29 octobre 1773.
Le 3 juin 1761, le marquis de Prie avait donné à Philippe Duclos – Lange [1. Jacques – Gedeon – Charles – François – Philippe du Closlange, né à Argentan, le 24 avril 1723. Entra dans la carrière financière et se livra à des spéculations hasardeuses. Il acheta des immeubles à Paris, des domaines en province qui portèrent son actif à plusieurs millions. Directeur des domaines du Roi en 1760, il acheta du marquis de Prie en 1777, les seigneuries de Plasnes et de Courbépine. Des papiers que possède mon père, M. de la Garanderie, il résulte que du Closlange se livra yis – à – vis du marquis de Prie à des opérations malhonnêtes, et poussa peu à peu celui – ci à la ruine. Il acheta les biens de son client, mais cette acquisition ne lui réussit pas et en 1782, il était déclaré en faillite, ses biens furent vendus à la suite d’un long procès et il mourut au Châtelet en pleine déconfiture, le 7 juillet 1787.] , une procuration pour vendre tout ou partie de ses biens par traités généraux ou particuliers. Celui – ci se fit nommer fondé de pouvoir des créanciers du marquis de Prie et en 1777, vendit les biens de celui – ci par adjudication devant les notaires de Bernay. Homme d’affaires peu scrupuleux, Duclos – Lange fut acquéreur des biens de son client. Il acheta les seigneuries de Plasnes et de Courbépine pour 500.000 1. Cette malhonnêteté ne lui réussit pas, car en mars 1782, il fut déclaré en faillite et en 1786, ses immeubles furent saisis par sa femme et lui – même accusé d’abus de confiance et de malversations dans les affaires du marquis de Prie, fut enfermé au Châtelet où il mourut de misère. Les autres terres furent aussi vendues. Après la ruine de Duclos – Lange, Plasne fut adjugée en 1792 pour 370.000 livres, Moulin – Chapelle pour 439.000 livres, etc.
La marquise de Prie mourut le 6 septembre 1774, à Paris, en son hôtel, paroisse Sainte – Eustache (Cet hôtel était situé
sur l’emplacement des marches qui conduisent de la rue Baillif à la rue de Valois). Elle fut enterrée dans le chœur de l’église de Courbépine, le 14 du même mois. Quant à son mari, interdit par sentence du bailliage de Pont – 1’Evêque du 26 avril 1779, il eut pour curatrice la baronne de Créquy sa sœur. Il mourut à Huillé, chez les Lejeune de Créquy, au commencement du XIXe siècle (1812). Le marquis de Prie, d’après tous ses démêlés avec Duclos – Lange, nous apparaît comme un homme très faible, destiné à être la. dupe et le jouet de tous les exploiteurs qui en voulaient à son immense fortune. (Voir Pièces justificatives n° XIV).
Le château d’Estimauville fut acheté en 1792, par M. de Fontenay, pour le prix de 262.000 livres. Il avait épousé en 1789, Thérèse de Cabarrus, âgée de 14 ans. Quelques années plus tard, Mme de Fontenay devait divorcer pour épouser Tallien, sur qui elle exerça une grande influence. Mme Tallien était aussi bonne que jolie et usa de son pouvoir près de son mari pour empêcher la mort de beaucoup de gens. Divorcée avec Tallien, elle épousa en troisièmes noces le Prince de Caraman.
La terre de Coquainvilliers retourna à la baronne de Créquy, sœur du marquis de Prie. Elle était venue dans la famille de Prie par le mariage de Aymar Antoine de Prie et de Jacqueline de Serres. La famille de Serres la tenait par une alliance avec les de Boùcquetot (de gueules à 2 fasces d’or au franc quartier d’hermine). François de Rabodanges, tuteur des mineurs de Jacques de Boùcquetot, Pavait achetée le 3 février 1582, à Madame Catherine de Lorraine, duchesse de Montpensier et d’Estampes, comtesse de Senlis, Compiègne et épouse de très hault et très puissant prince Mgr Loys de Bourbon, duc de Montpensier, Pair de France, Comte de Mortaing et Vicomte hérédital d’Auge. Laquelle agissait au nom de son mari qui tenait cette terre par confiscation à la suite de la condamnation à mort de Jacques de Boùcquetot (1572). Cette cession était faite pour une somme de 4.666 écus 2Z3, payable 2.000 écus le jour de l’acte, 666 écus 213 à la Saint – Michel suivant (1582), 1.000 écus à Noël (1582) et à la Saint – Jean – Baptiste (1583).
En outre, il y avait une rente de 5 écus 10 sols à payer au Receveur du Domaine de la Vicomte d’Auge et différentes charges.
Dans l’église de Coquainvilliers, la cloche portait cette inscription [1. M. de Caumont. Statistique monumentale du Calvados (1862).] : J’ay été bénite par M. Léonor Dumesnil ptre des de ce lieu et nommée Louise par Louis de Prie, fils de haut et puissant Louis de Prie, M1S de Plasnes et de Courbépine, Sgr de Coquainvilliers, Cr des Ordres du Roy, Lnt génerl. du Languedoc et par noble dame Françoise Dosmont, Femme de Pre Chéron, écuyer des fiefs Bretagne, de la ditte paroisse, Mtres Claude et Nicolas. lies Dubois m’ont faite en l’an 1726.
1725
P. DUPONT
Le manoir de Coquainvilliers que l’on nomme le manoir de Prie, écrit M. de Caumont [2. M. de Caumont. Statistique monumentale du Calvados (1862).] en 1862, se composait de bâtiments épars dans une enceinte formée par la rivière de Touque et par des fossés. Il est maintenant dans un état de ruine très avancé. Deux époques se partagent les constructions existantes : là XVIe siècle et le règne de Louis XV. De la première époque date la construction principale avec ses encorbellements à moulure prismatique ; encore s’est – on efforcé sous le règne de Louis XV de faire disparaître ce caractère trop gothique par des badigeons imitant la brique. A l’intérieur, on a rétréci les vastes cheminées primitives, on a abaissé leurs manteaux de pierre pour les envelopper dans des panneaux de chêne. Une seule a conservé son caractère. Des portes intérieures en sapin, un vieux bahut de chêne sculpté dans le goût de la Renaissance, dont les panneaux déjoints sont éparpillés sous les ombles, voilà tout ce qui reste de la première période.

Le surplus a été refait sous Louis XV ; mais ce qui mérite seul l’attention, ce sont des fragments de carreaux en faïence dont était formé le pavage [1. Mon père possède à la Goupillière, commune de Saint – Romphaire, un bahut de la Renaissance dans lequel il y a un tiroir à secret qui contenait des lettres et différents papiers du dernier marquis de Prie. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que ce meuble qui vient dans ma famille par les de Villiers et les de Prie soit celui dont parlait M. de Caumont. Mon père possède aussi venant de la famille de Prie, un grand tableau représentant le marquis de Prie, le mari d’Agnès Berthelot de Pleneuf.]

B. DE LA GARANDERIE.
APPENDICE

PIÈCE n° 1 – Extrait de l’Inventaire dressé à la mort de Madame de Prie, née de Serres (octobre 1732).
L’an mil sept cent trente deux le mercredy, huit heures du matin, quinze jour d’octobre au château de Courbépine furent présents haut et puissant seigneur Louis de Prie, chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant général de la Province de Languedoc, Gouverneur de Bourbon Lancy, Marquis de Plasnes, seigneur de Courbépine, etc., demeurant à Paris en son hôtel, paroisse St – Eustache; haut et puissant seigneur Aimard de Prie, abbé commandataire des abbayes de Prairac et d’Ervaux tant en son nom que comme fondé de procuration de haut et puissant SB François Léonor de Prie, S&r de Themillon en Bourgogne passée devant Bertrand t Tremeau, notaires du duché et pairie de Nivernois, résident a Lingy (Luzy ?) le premier de ce mois. François Alexandre Le Jollis, écuyer, Sr de Villiers tant en son nom que comme porteur de procuration d’Alexandre Léonor Le Jollis ecuier chevalier de Villiers, de dragons son frère passée devant les nottaires royaux de Saint – Lo le neuf de ce mois. Jacques Edme Le Jollis ecuier sieur de Mailly, de cavalerie, Louis Aimard Le Jollis ecuier, sieur de Sainct Clair. Lesdits seigneurs Le Jollis représentans feu haute et puissante dame Louise de Prie fille de feu h1 et puissant S. Aimar Antoine Deprie, Seigneur de Plasne Echanfrey et autres lieux et de hte et puissante dame Jacqueline de Serre et Mlle Marie Thérèse de Prie fille puisnée de la dite dame
[1. Mon père possède à la Goupillière, commune de Saint – Romphaire, un bahut de la Renaissance dans lequel il y a un tiroir à secret qui contenait des lettres et différents papiers du dernier marquis de Prie. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que ce meuble qui vient dans ma famille par les de Villiers et les de Prie soit celui dont parlait M. de Caumont. Mon père possède aussi venant de la famille de Prie, un grand tableau représentant le marquis de Prie, le mari d’Agnès Berthelot de Pleneuf.]

Mise. Prie, lesquels pour prendre connaissance des forces et de la succession de la ditte dame marquise décédée le vingt et un de septembre dernier ont….
Ses objets de toutes sortes, argent, or, tapisseries, linge, etc., trouvés à Courbépine, furent estimés à une valeur de 7097 l 8 sols.
Le 23 octobre 1732, Marie – Thérèse de Prie et Edme Le Jollis ecuier Sr de Mailly reçurent pouvoir des autres héritiers pour faire l’inventaire et l’estimation des meubles qui se trouvaient à Coquainvilliers. Ils choisirent à cet effet Jacques Lefebvre, maître tapissier, demeurant à Lisieux. Les objets furent estimés à 1851 1 11 sols. La valeur totale des meubles effets et argent monnayé fut estimée à 16552 1. 3 sols. Les charges étaient de 2662 1. 2 sols. Louis de Prie recueillit toute la succession et dut acquitter les charges et payer à Mrs„ de Villiers 2315 ! a valloir et en attendant la liquidation du mariage qui leur est due à la représentation de la dame leur mère : et que finalement le dit Sr de Prie tiendra compte aux dits Seigneurs et demoiselles de Prie ses puisnés de chacun 2893 l 15 s 8 d. Le Mis de Prie conservait par préciput le fief, terre et seigneurie de Coquainvilliers qui lui a été donné par avancement de succession et abandonnait le reste à ses frères et sœur, lesquels se réserveront à prendre préciput ou à partager ainsi qu’ils aviseront pour procéder ensuite à la succession de la dame de Villiers en faisant tenir compte de ce que la dite dame de Villiers a trop reçu sur la succession paternelle. Signé : Le Mis DE PRIE, l’abbé DE PRIE, Marie Thérèse DE PRIE.
Suit quittance des sommes reçues donnée par les Le Jollis de Villiers.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° II.— Vente d’une pièce de terre située à Norolle et appelée la Cerizaye, par M. et Mme de Prie à M. le Chevallier, conseiller de Grande Chambre au Parlement de Normandie – Acte passé le lundi 12 janvier 1699 avant midi au de Coquainvilliers, devant Jean Conard et Robert Drieu, tabellions royaux au siège de Cambremer et Bonnebosc, Ve d’Auge. Messire Emafe Anthoyne de Prye chevallier, Sgr et haut justicier de Plasne et d’Etchamfrey et à cause de noble dame Jacqueline de Serres son épouse deument authorizée à faire et passer ce qui ensuit demeurants ordinairement en leur terre et chasteau du dit Coquainvilliers lesquels volontairement et sans aucune contraincte pour eux, leurs hoirs ou ayant cause onts par le présent vendu sollidairement à Monsieur Guillaume le Chevallier Cer du Roy en ses Conseils et son avocat général au Parlement de Normandie, demeurant à Rouen, paroisse S’ Laurent, a le présent et acceptant pour lui les siens ou ayant cause une pièce de terre en herbage située en la paroisse de Norolle, baillage d’Orbec nommée la Cerizaye d’une contenance de 5 vergées environ affermée pour 50 livres par an. Laquelle pièce de terre’ est exempte de toute servitudes et relevé pour 3 vergées de la seigneurie de Coquainvilliers et les 2 autres vergées de celle de Fàuguernon. Icelle pièce bornée des deux côtés et d’un bout deux rivières qui coulent le long d’icellé et d’autre bout le dit sieur acquéreur à cause d’héritages acquis par la dame sa mère au décret des héritages de la prairye Pique. La présente vente ainsy faite par le prix et somme de OC 1. Signés CONARD et DRIEU avec paraphe. Copie collationnée par le Sr Robert Parnuit marchand à Rouen y demeurant rue et paroisse Saint Eloy. 5 Décembre 1748.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° III – Attestation de naissance du fils aîné de Louise de Prie et d’Alexandre Le Jolis de Villiers.
Nous soussignez Messire Emar Anthoine de Prye, chevallier, Sr Baron haut justicier de Plasne et d’ – Eschamfrey, noble dame Jacqueline de Siere espouse du dit Sgr de Prye, ayeul et ayeulle maternels du fils aine. d’Alexandre Le Jolly, Chevallier, Sr de Villiers et de dame Louise de Prye son espouse, Messire Edme de Prye, chevallier, grand oncle maternel du dit fils .aîné du dit Sieur de Villers, Messire Louis de Prye chevallier, fils aisné du dit Seigneur de Prye, frère de la ditte dame de Villers et oncle maternel du dit fils aisney du sieur de Villers, damoiselle Marie – Thérèse de Prye, fille du dit Ssr de Prie soeur de la ditte dame de Villets, tante maternelle du dit fils aisné d’icelluy sieur de Villers. Suzanne Lebarbier damoiselle suivante de la ditte dame de Prye, Michel Grantie cuisinier dans la maison du dit seigneur de Prye, déclarons avoir connoissance certaine que le fils aisné du dit Alexandre Le Jolly Escuyer Ssr de Villers (Villiers) et de dame Louise de Prye est né en la paroisse de .Coquainvillers, diocèse de Lisieux, le premier jour de décembre mil six cents quatre vingt treize suivant le registre de M. et Mme de Villers, père et mère, et fut ondoyé deux ou trois jours après par maistre Jean Baptiste Gosset, curé de la dite paroisse de Coquainvillers sur la permission que luy en donna Mr FEvesque de Lisieux qui fut mesme prolongée quelques temps après ; attestons en outre que la sage femme qui a assisté à l’acouchement de la dite dame de Villers du dit fils aisné du sieur de Villers et la nourrisse qui a noury le dit fils sont décédez. En foy de quoy nous avons signé le présent pour valloir en deffault de l’Enregistrement qui n’en a point esté fait sur le registre des baptêmes de la ditte paroisse. Le présent faitdouble pour valloir et servir qu’il appartiendra ce jourd’huy jour d…mil sept cens huit. (suivent les signatures des personnes mentionnées ci – dessus) ….Suit la certification des signatures cidessus par Claude Renault, curé de la Ie portion de la paroisse de Plasnes et André Huret, curé de la seconde portion,., et celles de Claude Renault et de André Huret ainsi que des autres signatures ci – dessus apposées par Jacques Léfebvre, licentié – es – lois, Vicomte faillival de la haute justice de Plasnes et scelle à Plasnes du scel de la haute justice de Plasnes.
Signé : LENAIN.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° IV – Testament de Louis Jean de Prie, Chevallier fils d’Emar Antoine de Prie et de Jacqueline de Serres décédé au camp près de Strasbourg.
Estant fort incommodé je judge à propos de faire une donation à Madame de Villier ma sheùr pour cheze enfants et que que vie les Ustansile is : qu’il ma etté ad juger par une ordre de Mr le Count de Boove avec les resciements bons de la dit Companie jusg. à la mort je les donne à ma sheur de Villier et anviron quent livre poure le decount de campaige je luis done les tout, je luis dois anviron 500 > d’inventere de meuble de defeunct son mary. Je dois à Mr de Mannac 24 pistoles vallant 200 quarante ‘ du l’oter part 200 . Je dois à mon vallet Collin 60 ‘ je lui don de plus 50 ‘. Je a deus ostre vallet 20 > à chacune, je dois à Mr de Mes Ion 30 ‘ je dois à Dillour Gosset 40 ‘, au sieur Jarbonne 12 1 à Made d’Ogevil 20 sols à la fortuness 12 sols fait a reste à ma présence.
Frère André O’KELLY, aumônier du Reg’ d’Hodincourt le l0 Nbre 1704.
Lé Chevallier DE PRIE.
(Chartrier de M. de la Garanderie.)

PIÈCE N° V – Attestation constatant que François Alexandre de Villiers (époux de Louise de Prie fut tué à la bataille d’Hochstaedt (13 août 1704).
Nous Major commandant le Régiment de cavalerie de Fourquevaux certifions que le sieur de Villiers capitaine au dit Régiment a esté perdu ou tué à la dernière bataille d’Hostedt donnée le 13 août 1704 et qu’il ne s’est point trouvé dans la liste des blessés ni des prisonniers et qu’il y a toutes les apparances qu’il a esté tué. Fait au camp d’Haguenau, ce 4°et 8 bre 1704.
VlGOUROUX.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° VI – Contrat de mariage de Messire François Alexandre Le Jolis Chevalier Seigneur de Villiers, Nantoue, Bouillon et autres terres et seigneuries, capitaine de dragons dans le Régiment de Morsan fils de Messire Jean Le Jolis Chevalier Seigr de Bouillon et de noble dame Suzanne Decajeul ses père et mère demeurant à Villiers d’une part et demoiselle Louise de Prye fille de noble Seigr Messire Aymar Antoine de Prie, Chevalier Seigr haut Justicier de Plasnes et d’Eschamfrey et de noble dame Jacqueline de Serres, dame de Coquainvilliers Le Chesne Lessard et autres. Ce contrat a été passé le 2 mars 1693 en la présence de Paul de Pierres, écuyer Seigneur de Thuillon et. de Jean – Baptiste Patey avocat par devant François Martin et Robert Drieu, tabel ions royaux en la vicomte d’Auge pour lé siège de Bonnebosc, Sergenterie de Pont l’Evêque, et ont signé : DE VILLIERS LE JOLIS, Antoine AYMAR DE PRYE, Louise DE PRIE, p. DE PIERRES et PATEY, J. DE SERRES.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° VII – Acte d’inhumation d’Agnès Berthelot de Pleneuf, Marquise de Prie :
L’an 1727, le huitième jour d’octobre a été inhumé dans le choeur de l’Eglise de Courbépine par M. de Bellemare, curé de Berthonville et doyen de Bernay, noble dame Agnès de Berthelot ci – devant dame du Palais, épouse de haut et puissant seigenur Messire Louis Marquis de Prie chevallier des ordres du Roy, ancien ambassadeur près du Roi de Sardaigne, seigneur et patron de Courbespine, de Plasnes et autres lieux. La dite dame morte du jour d’hier après avoir reçu avec piété les saints sacrements de l’Eglise. Présents etc.
Suivent sept signatures : Me Jean DE LA NOE, Curé de N. D. de la Couture de Bernay, maistre L. DE BELLEMARE, curé de Berthouville, etc.
(Extrait des Registres de la paroisse de Courbépine publié par M. Thirion, dans Madame de Prie, 1698 – 1727, p. 133. (PlonNourrit, éditeur).

PIÈCE N° VIII – Accommodement entre le Mis de Prie et ses frères et soeurs portant par le même moyen la situation de la fortune due à M. de Villiers.
Ce jourd’huy 7 de juillet 1733, entre haut et puissant Ssr Mre Louis Marquis de Prie, Chevalier des Ordres du Roy, L1 Gal de la province de Languedoc, Gouverneur de Bourbon Lancy, Mis de Planes, Ssr de Courbépine, Echanfrey et Coquainvilliers d’une part, hauts et puissants Seigneurs Mres Aimard de Prie, Abbé commandataire des abbayes royales Dervaux et du Pairat et François Comte de Prie, chevallier Ssr de Thémillon en Bourgogne et dlle Marie Thérèse de Prie réservée à partage sur la succession de feue haute et puissante dame Jacqueline de Serres, mère des dits Seigneurs et demoiselle de Prie d’une seconde part et Messires François Alexandre Le Jolis, Ecer, S8r de Villiers, Capitaine de dragons dans le Régiment Darmenonville Jacques Edme Le Jolis Ecer Sieur de Mailly, Lieutenant de cavalerie, Louis Aimard Le Jolis, Ecer Sieur de Saint Clair et Alexandre Léonord Le Jolis tant en son nom que comme porteur de procuration du S&r de Villiers aine passée devant Boullot notaire à Saint – Lô ce huit du mois de juin dernier, tous héritiers de feue haute et puissante dame Louise de Prie leur mère, autre soeur des dits Seigneurs de Prie d’une troisième part. Il a esté arresté ce qui suit pour régler ce que chacun des seigneurs et damoiselles susnommés peuvent prétendre à la succession immobilière de la dame de Serres reconnaissant ci – devant avoir réglé de la succession mobilière scavoir que la légitime de la dame mère des Seigneurs de Villiers s’estante trouvée morte, déduction faite de la somme de quatorze cents livres qui ont été payées à Messire François Alexandre Le Jolis Chevalier Ssr de Villiers et à la dite dame Louise de Prie son épouse pour la dite dame de Serres plus qu’ils ne pouvaient prétendre de la succession paternelle la somme de seize mil six cents livres suivant l’arbitration que Messire Formenlin et de Martimbos conseillers du Parlement de Rouen ont bien voulu prendre la peine de faire de la ditte légitime après amples instructions des forces et charges de la succession cy – après déclarée, M. le Mis de Prie aine, ayant choisi par préciput suivant la déclaration qu’il en a passé par exploit du treize de ce mois le fief, terre et seigneurie de Coquainvilliers en circonstances et dépendances avec tous les honneurs, dignités et prérogatives y attachées vallant de revenu trois mille six cents livres demeure chargé de faire et continuelles rentes suivantes de la nature qu’elles peuvent estre, scavoir 65 livres à l’abbaye du Bec, de 15 au domaine d’Auge de 25 livres de dixmes insolides et payer en outre ou faire l’intérêt de la somme d’onze mille quatre cent vingt huit livres aux seigneurs de Villiers, à valoir sur les 16.600 livres qui leur restent dues et que les S& » et dlc de Prie puisâmes pour les fiefs terres et seigneuries du Chesne Lassart et la Lande Monfort à – eux abandonnés par le S&r Marquis avec cent onze livres de rente tant foncières qu’hypotecques dues par divers particuliers, le tout valant 3388 livres de revenu demeurants chargés des autres rentes cy – après, aussy de la nature qu’elles sont scavoir : 60 livres à l’abbaye du Becq, de 12livres aux dames de Chaise Dieu de. 25 de rente viagère à Ma demoiselle de Martainville, de 40 livres de rente aussi viagère à la demoiselle Danot, de 211 livres 2 sols 4 deniers en deux parties au sieur des Varvieux et de payer enfin ou faire l’intérêt aux Seigneurs de Villiers de la somme de 5.172 livres pour le restant de la légitime sauf néantmoins à la demoiselle’de Prie à ne pas contribuer à la légitime pour la part qu’elle prendra à la succession lorsqu’elle partagera avec les Seigneurs de Prie puisnés comme n’y estant pas sujette, laquelle part consistera en un lot sur le nombre de six qui seront présentés par la demoiselle aux Seigneurs puisnés lesquels en choisiront quatre de leur chef et un autre au droit de la dame de Villiers. Fait quadruple et l’original du présent signé de M » de Formentin et de Martimbos et reste’ aux mains de Monsieur le Marquis de Prie ce jour et an. Signé aussi le M. DE PRIE, l’abbé DE PRIE, C. DE PRIE, Marie Thérèse DE PRIE, LE JOLLIS DE MAILLY, LE JOLIS Chevalier DE VILLIERS.
Le Marquis DE PRIE.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° IX – 20 juillet 1733 – Cession Usufruitière delà terre de Coquainvilliers par M. le Marquis de Prie à M. le Comte de Prie son père.
Par devant Robert Pierre Seurent et Louis Gilles Froudière, notaire à Bernay et dépend. Vicomte de Montreuil soussigrtez comme ainsi soit que par le traitté de mariage de haut et puissant Seigneur François Léonord, Comte de Prie, ‘Ssr de Thémillon en Bourgogne avec haute et puissante dame Marie Madeleine Genevieuve Coquet de Tolleville du 16 juillet 1730 et au reconnu devant les tabellions royaux de Pont L’Evesque le 27 d’aoust suivant hault et puissant Seigneur Louis, Marquis de Prie, Chevalier des Ordres du Roy, Lieutenant général de la province de Languedoc, gouverneur de Bourbon Lancy, Marquis de Planes, Ssr de Courbépine et de Coquainvilliers avoit donné, cédé et abandonné en faveur du dit mariage par donation entre vifs la propriété du fief, terre et seigneurie de Coquainvilliers en toutes circonstances et dépendances ou la somme de cent mille livres au choix du dit, Seigneur Comte sestant seullement le dit Seigneur Marquis retenu sa vie durante l’usufruit de la ditte terre et seigneurie ou des dits cent mille livres et que le dit Seigneur Marquis désire aujourd’hui donner des nouvelles marques de son amittié pour le dit. Seigneur son frère, il a par ces considérations reconnu et reconnoist par ces présentes avoir cédé et abandonné l’usufruit de la ditte terre et seigneurie de Coquainvilliers non seulement de ce jour a l’avenir mais mesme dès le premier janvier dernier en tous fruits, revenus, honneurs et prérogatives atribués sans en rien excepter ny retenir au dit Seigneur Comte de Prye. A la charge par luy de faire et payer du dit jour premier de janvier dernier les rentes suivantes de la nature qu’elles sont, scavoir soixante et cinq livres à l’abbaye de Bec, quinze livres au domaine d’Auge et vingt – cinq livres pour sommes insolites dont le dit fief et terre demeure chargez par la transaction ci – devant faittes entre les dits Seigneurs de Prye et autres intéressés à la succession de haute et puissante dame Jacqueline de Serres, leur mère, à la charge aussy de bien et dûment acquitter le dit Seigneur Marquis des arrérages qui pourront eschoir pendant sa vie de la partie de trois cents livres de rente viagère qu’il s’est obligé payer aux mains de demoiselle Marie Thérèse de Prye leur soeur en faveur de Marie Munier dite Neptes suivant et aux termes du Contrat de constitution passé devant Marchand et son confrère, notaire au Chatelet de Parts, le 16 juin 1728. Reconnaissant le dit Seigneur Comte que le dit Seigneur Marquis est vallablement quitte des arrérages de la d/tte rente escheues jusqu’à présent suivant les quittances de la ditte demoiselle de Prye qui luy ont esté cy – devant représentées et dont il a déclaré estre saisy. A la charge aussy pour le dit Seigneur Comte de faire cent livres de rente viagère à la demoiselle Samaison pour récompense de services, payable en deux termes égaux le premier à la Saint Michel prochain et le second à Noël ensuivant et ainsy continuer la vie durante de la dite damoiselle, par le décès de laquelle ladite rente demeurera éteinte au profit du dit Seigneur Comte, reconnaissant le dit Seigneur Marquis demeurer redevable des trois mille livres de capital de la dite rente de trois cens livres pour estre des arrérages qui eschoiront après son déceds de luy dit Seigneur Marquis recommencées à payer par ses héritiers par ce que néanmoins sy la ditte Neptis venait à décéder avant que d’avoir receu ce capital il restera en entier au profit du dit Seigneur Marquis ou des sieurs ses héritiers. La présente cession faitte du dit usufruit outre les charges cy dessus par le prix et somme de treize cens livres de rente viagère franchement venant aux mains du dit Seigneur Marquis et sans aucune diminution ni retranchement pour dixiesme cinqte iesme ou autres causes et prétexte que ce puisse estre et quelques événements qui puissent arriver et nonobstant tous édits, déclarations, et arrest du conseil et autres choses à ce contraire. A quoy le dit Seigneur Comte a expressément dérogé et renoncé par ces présentes, lesquelles treize cens livres le dit Seigneur Comte s’oblige de payer ou faire payer au dit Seigneur Marquis en son dit Château de Courbépine en deux termes et payements égaux, scavoir le premier à la Saint Michel prochain et le second à Noël ensuivant et ainsy continuer d’an en an jusqu’au déceds dudit Seigneur Marquis après lequel la dite rente demeurera entièrement éteinte ou amortie au profit du dit Seigneur Comte de Prye, lequel pour plus grande facilité du payement de la dite rente, s’oblige de déléguer les principaux fermiers de la ditte terre et de remettre les délégations en bonne forme après qu’il les aura fait accepter aux mains du dit Seigneur Marquis, parce que néanmoins indépendamment de cette précaution le dit Seigneur Comte demeurera toujours garant de la solvabilité des fermiers qu’il déléguera, estant stipullé que que le dit Seigneur Marquis ne soit pas exactement payé et qu’il luy fust du trois termes, il sera libre de reprendre la jouissance de la dite Terre qui luy demeure privillegiement affectée pour la mention de toutes les clauses cy dessus, s’obligeant le dit Seigneur Comte, d’entretenir les baux des fermiers actuels et de délivrer deux grosses du présent en forme exécutoire toutes ïois et quantes à ses frais et dépends, l’une au dit Seigneur Marquis et l’autre à la dite demoiselle Samaison dont de tout ce que dessus les dits seigneurs sont convenues et demeurez d’accord. En foy de quoy nous avons fait et scellé ces présentes du sceau royal de ce notariat pour le dit Seigneur sauf le droit d’autrui. Ce fut fait et passé au château du dit Courbépine le lundy après midy vingt iesme jour de juillet mil sept cent trente trois présence de maistre André le Carpentier, avocat demeurant à Bernay et de Jean Baptiste Le François du dit lieu de Bernay témoins qui ont avec les dits seigneurs Marquis et Comte de Prye et nous dits notaires signé la minutte des présentes demeurée.
A scurent des notaires, soussignez après lecture faitte suivant l’ordonnance et à la marge de la dite minute en écrit. Controllé à Bernay ce vingt six iesme jour de juillet mil sept cent trente trois receu soixante et douze livres. Signé POTTIER avec paraphe.
L’insinuation renvoyée où il appartiendra. Averty faire insinuer le présent devis trois mois à compter du jour de sa passation.
FROUDIÈHE SEURCUT.
Insinué au Pont l’Evêque ce 3 août 1733, reçu cent soixante dix livres et trente quatre livres plus 4 1
p. L. DELASUBAJDIÈRE.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° 10 – Acte d’inhumation de Léonor de Prie, 1772.
Le Mercredy onzième jour de novembre mil sept cent soixante et douze, le corps de Messire François Léonor, Marquis de Prye, Seigneur de Coquainvilliers, etc., décédé de lundy sur les quatre heures du soir, muni des sacrements de l’Eglise, âgé de quatre vingt neuf ans et quatre mois environ, a été inhumé dans le choeur de l’Eglise, au – dessous de la porte du sanctuaire, là ditte inhumation faite de notre consentement par Monsieur Gosset, curé du Chesne en présence de Messire Louis Pierre de Chéron, prêtre et d’un grand nombre de Messieurs, curés vicaires et gentilshommes, parents ou amis – Signé F. A. HUSSET, prêtre, vicaire de Coquainvilliers, et GOSSET, curé du Chesne avec paraphe.
Le présent certifié conforme au registre et délivré par moi François Gosset, maire de la commune de Coquainvilliers ce vingt six floral l’an treize de la République et le premier de l’Empire.
F. GOSSET.
Vu pour légalisation de la signature Gosset par nous juge, en l’absence du Président du Tribunal de Première Instance à Pont FEvesque, département du Calvados. Ce vingt sept floréal,an treize – GOUIN. (Extrait des Registres de la commune de Coquainvilliers, Calvados).
(Charirier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° 11 – Acquêt du fief dit La Luzambarderie, situé à Coquainvilliers par le comte de Prie de M. Desperiers. 11 mai 1744.
Par devant Jacques Pouchin, tabellion royal de la Ve d’Auge pour le siège de Bonnebosc et adjonction de la signature de Maistre Jacques Louis Daufresne, aussi tabellion royal en la dite Vicomte au dit siège de Bonnebosc et branche de Torquesne, soussignez fut présent Maistre Thomas Bourdon, Conseiller, premier et second procureur du Roi au bailliage d’Orbec dem’ à Lisieux paroisse Saint Jacques et de présent en ce lieu, lequel comme porteur de procuration de Messire Jacques Desperrières, escuier, Sr haut justicier de S1 Marc, de Fresne, Conseiller du Roi, Lieutenant général civil et criminel au bailliage du dit Orbec et y demeurant passée devant Charles Huet nottaire royal à Orbec… lequel Messire Jacques Desperriers a constitué pour son procureur général et spécial Maistre Thomas Bourdon, Conseiller premier et second avocat du Roy au dit bailliage d’Orbec, auquel il a donné et donne pouvoir de vendre un fief lui appartenant, situé dans la paroisse de Coquainvilliers et appelé le fief de Lizambarderie, avec les rentes seigneuriales et droits appartenant au dit fief.
‘ (Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° 12. – — Aveu rendu par Jacques Desperiers S&r de Saint Marc J. et P. F.ervay, Isac Baudel, Christophe Gosset le 16 avril 1746 pour le tennement Cambremer (7 vergées), à haut et puissant Seigneur, Messire François Léonor Comte de Prie, Commandeur de l’ordre militaire de Saint Lazare, ci – devant capitaine de. chevaux, haut justicier de Themillon, pays de Bourgogne, Seigneur et patron des paroisses de C esne Lessard, La Lande Montfort, Seigneur honoraire de. Coquainvilliers des nobles fiefs terres et seigneuries dit Carbonnel, Mevalain et autres lieux lequel tennement faisait partie de la seigneurie de Lizambarderie.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° 13 – Debitis en faveur de François Léonor de Prie.
2 août 1747 – Louis par la graçe de Dieu, roi de France et de . Navarre, au premier votre huissier ou sergent sur ce requis te mandons que toutes les dettes, qui t’aparoistront estre bien et légitimement dues à nostre bien amé François Léonor Compte de Prie S81 de Coquainvilliers et autres lieux tant pour fermages d’héritages, loyers de terres et de maisons, arrérages de rentes seigneurialles foncières ou hypothèques, obligations, délégations baux, sous baux, contracts, sentences condamnations et toutes autres pièces qui te seront représentés, tu les luy fasse payer incontinent et sans delay, contraignant à ce faire tous ses débiteurseux et chacun d’eux par la prise saisie et vente de leurs biens, meuble, mesme par l’emprisonnement de leurs personnes, s’ils y sont condamnés et au cas d’opposition notre main de justice garnie adjourne les oposants à comparoir à bref jour par devant les juges de ce ressort auxquels la connaissance en appartiendra pour voir, dire les causes de ce faire te donnons pouvoir, ces présentes après avoir vu ou non vallables car tel est notre plaisir Donné à Rouen le 2 août l’an de grâce 1747, de notre règne le 32e. Par le conseil, MARIGE. Collationné POCHON. En marge : Debitis. Visa BAZIN DE MONOVINE. Au dos, M. François Jacques DESFORGES. Procureur au Parlement. Scellé le 2 août 1747.
(Chartrier de M. de la Garanderie).

PIÈCE N° 13
– Dépôt du testament de Mme de Prie née Coquet de Tolleville, 5 août 1774.
Par devant Jean Pierre Varin, notaire tabellion royal au Pont l’Evêque Bailliage d’Auge soussigné. A Pont l’Evêque en l’Etude le vendredy 5 aoust 1774 après midy. Est comparu le sieur François Vanneharé ci devant vallet de chambre de Mme la Mise.de Prie, demeurant en la paroisse de Coquainviller lequel nous a fait la représentati n d’un acte écrit sur une demi feuille de papier commun et daté du 2 mars 1773. Signé Tolleville, marquise de Prie controllé et insinué à Toucques le 27 juillet 1774 par Me Quevillon intitulé : ceci est mes volontés et mon testament fait au château. d’Estimauville ce 2 mars 1773 et fait en faveur de François Vanhard, de Morel jardinier, de Marinier domestique, de Brair de André jardinier, du Faure domestique d’Estimauville et de MIle Chardon et de deux de ses filles et nous a requis de le recevoir en dépôt et de l’annexer à nos minutes aux fins d’y avoir recours et d’en être délivré expédition à qui il appartiendra, en conséquence ed laquelle réquisition, nous nous sommes saisis de la ditte demie feuille de papier contenant le dit testament et nous l’avons annexée à la minute paraphée dudit sieur Vannehard et de nous pour en assurer l’état, ce que le dit sieur Vannehard a signé à la minute aux présences des sieurs Jacquet, Troussel et Robert Alleaume l’un et l’autre demeurant au Pont l’Evêque témoins qui ont aussi [signé] la minute après lecture faite suivant l’ordonnance.
Suivent différentes attestations et expéditions du dit acte.
(Chartrier de M. de la Garanderie.)

PIÈCE N° XIV
– Cette pièce est assez curieuse parce qu’on voit la différence de ton que le notaire emploie lorsqu’il parle de M. de Prie comme créancier ou comme débiteur. Dans le premier cas, il l’appelle M. le Marquis de Prie… le dit Seigneur. Dans le second cas, il est simplement M. de Prie. Voici d’ailleurs l’Etat : Etat de la Recette faite par Thouret, ancien notaire à Pont l’Evesque des deniers appartenant à Monsieur Le Marquis de Prie depuis que le dit Seigneur a été interdit par l’autorité de la Justice.
Il a reçu de la veuve Antoine Letorey pour fermages de la ferme de la Gamarerie la somme de quatre cent soixante dix livres scavoir :
Le 21 juin 1779 150
Le 9 mars 1780 120 Î470
Le 23 octobre dit an 200 de Pierre Etienne de Drabec pour ce qu’il devait de sa contribution a une rente de 150 l. trente trois livres
sept sols six deniers le 4 juillet 1779 33 7 6
de Pierre Gossé tuteur des enfants mineurs d’un nommé La Planche qui avait épousé Jeanne de Couty, fermière de la Pescherie de Roucheville pour sa part
A reporter. 503 7 6

Report. 503 7 6
de ce qui était dû des fermages des années 1774 et 1775 de la ditte Pescherie sept cent trente huit livres •quatorze sols neuf deniers 738 14 9
de Pierre Courieult autre fermier de la ditte Pescherie le 10 mars 1780 la somme de cent vingt livres.. 120
de la Veuve de Fresné de S’ Ymer onze livres sept sols trois deniers le huit décembre 1779 pour la moitié qui revenait à M. de Prie dans les arrérages d’une rente de huit livres qui était en commun entre Madame de Prie et Madame d’Emalleville jusque et compris l’année 1768 qu’elle échu à Mme d’Emalleville par les lots de la succession de M. de Martimbos 11 7 3
Plus a été reçu à la recette des Tailles à Pont Févêque soixante neuf livres trois sols pour restitution de 20 l trop payés en l’année 1775 pour la ferme des Vignes, laquelle restitution a été faitte en conséquence d’une ordonnance de M; L’Intendant 69 3
Etat de ce que Thouret ancien Notaire à Pontl’Evesqué a payé a l’aquit de M. de Prie depuis qu’il a été interdit :
Le Ie may 1779 payé à la veuve Prentout à Pontl’évêque pour différentes marchandises fournies et livrées à l’usage de M. de Prie cent soixante quinze livres . » 175 •
Le trois du même mois payé à Jean Baptiste Hommet pour bois fourni à M. de Prie cinq cent dix sept livres 517
Le même jour trois de mai et le douze décembre 1779 payé à ‘Charles le Roy pour un mémoire de blanchissage, la somme de quatre vingt dix sept livres…. 97 •
Le même jour, trois de mai et le 26 de juillet 1779, Payé au nommé Prieur Boucher pour viande quatre cent sept livres seize sols 407 16
Le comptable a encore payé à Carrel la somme de neuf cent soixante livres à valoir sur ce qui luy étoit du par M. de Prie tant pour paiement que pour fournitures, scavoir :
Le 3 may 1779 600
Le 9 mars 1780 300 } 960
Le 3 avril 1781 60
Le quatre du même mois de may 1779 payé au Sieur Conguet perruquier à Toucques quatre vingt quatre livres 84
A reporter. 3681 48 8

Report. 3681 48 8
Le 20 juin 1779 payé à Louis Couet domestique de M. de Prie au temps de son départ cent cinquante livres 150
Le douze de juillet au dit an, payé au Sieur Férat receveur de M. de Brunoy seize livres six deniers pour deux années de neuf livres de rente 16 6
Le vingt deux septembre au dit an payé à Jean Vauquelin soixante cinq livres quatorze sols pour services rendus par sa femme 65 14
Payé au nommé Le Roy l’onze décembre, 1779 dix livres onze sols pour blanchissage du linge de M. de Prie 10 11
à M. Cambremer des Aulnées suivant sa quittance du 20 7bre 1774 trois livres treize sols frais 3 13
Le 19 mars 1780 payé à M. L. Gueq médecin à Rouen soixante douze livres pour les visites qu’il fit à M. de Prie à son arrivée à Rouen 72
Le 28 juin audit an payé au sieur La Pelletrie receveur de domaine d’Auge huit cent une livres 801
Le 3 janvier 1781 payé au Sieur Damour épicier à Toucques la somme de cinq cent quatre livres pour reste de son mémoire 504 t ;
Le 23 février suivant, payé sur la reconnaissance de M. Gelot pour acquitter un mémoire de henry deux cent^ cinquante livres 250
Nous Baronne de Créquy soussignée au nom et en qualité de curatrice de M. le Marquis de Prie notre frère avons examiné et arresté le présent état en recette pour la somme de quatorze cent quarante deux livres douze sols six deniers et en dépense pour celle de quatre mil cent treize livres quatorze sols six deniers d’où il suit que le comptable a payé deux mille six cents soixante onze livres deux sols plus qu’il n’a reçu, mais par le compte qu’il a rendu de sa régie pour le compte et avant l’interdiction de M. de Prie, étant redevable de deux mille quatre cent quatre vingt dix huit livres’ huit sols onze deniers, il s’est fait de droit une compensation au moyen de laquelle la somme dont le dit comptable se trouvait en avance sur le dit contrat se trouve réduite à celle de cent soixante douze livres treize sols laquelle somme nous paierons lorsqu’il nous sera rentré des fonds de l’appartenance du dit Seigneur notre frère et ont été les pièces justificatives du présent mises en nos mains, fait double à Coquainvilliers le vingte jour d’aoust mil sept cent quatre vingt deux.

SOURCES
Père Anselme : Histoire des grands officiers de la Couronne, In – f° – La Chesnaye des Bois : Dictionnaire de la Noblesse – Moreri : Dictionnaire historique – Thaumas de la Thaumassière : Histoire du Berry – d’Hozier : Armoriai Général – La Chronique de Jean le Bel, publiée par la Société de l’Histoire de France – La Chronique d’Arthur de Richemont, publiée par A. Levasseur (Société de l’histoire de France) – La chronique d’Enguerrand de Monstrelet, publiée par la Société de l’Histoire de France – La Chronique de Louis XII, par Jean d’Auton, publiée par R. de Maulde la Claverie – Société de l’Histoire de France – Le Journal de Nicolas de Baye greffier du Parlement de Paris (1400 – 1417), publié par la Société de l’Histoire de France. – — Journal de Jean Barillon, secrétaire du Chancelier Duprat (1515 – 1521), publié par la Société de l’Histoire de France – Journal d’un Bourgeois de Paris sous François Ier, publié par la Société de l’Histoire de France – Le Joùvencel, par Jean de Bueil. •— Introduction biographique, par Camille Favre – Histoire Universelle, par Agrippa d’Aubigné – Brantôme : Vie de Charles VII – Saint – Simon : Mémoires (Edition de M. de Boislille). Madame de Sévigné : Correspondance (Edition Hachette) – Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne, année 1911 – Inscriptions de la France, par M. de Guilhermy – Statistique Monumentale du Calvados, par M. de Caumont – Abbé Piel : Insinuations Ecclésiastiques de l’Ancien diocèse de Lisieux (1891), 5 vol – Lettres de Louis XI, Roi de France, publiées par MM. Joseph Vaesen et Etienne Charavay – Histoire du Diocèse de Bayeux, par M. Hersent . T. 1 – Gallia Christiana.
— Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, à la Bibliothèque Nationale – Procès de Réhabilitation de Jeanne d’Arc, publié par Quicherat – Georges de Soultrait : Dictionnaire topographique – Nièvre – Comptes du Budget de Milan – Comptes de l’Hôtel du Roi de France aux XIVe et XVe siècles, publiés par Douet d’Arcq – Journal de E. J. F. Barbier – Riedstap : Dictionnaire Héraldique – Voltaire : Histoire de Louis XV – Le Magasin Pittoresque, année 1850 – Mémoires de Villars – M. de Nicolay : Description générale du Pays et duché de Berry et diocèse de Bourges – R. de Brébisson : Les Fortin de la Hoguetle.
— D. Vaissette : Histoire du Languedoc – du Chesne : Histoire de la Maison de Chasteigner.

XVIII
DOCUMENTS CONCERNANT LE Thrésor ou « Esglise de Nostre – Dame D »ALENÇON

Sous ce titre, nous publierons plusieurs documents relatifs à l’église Notre – Dame d’Alençon, qui se trouvent dans les archives paroissiales de cette église, et qu’avec sa bienveillance habituelle, a bien voulu nous communiquer M. l’Archiprêtre de Notre – Dame, auquel nous sommes heureux d’adresser ici nos meilleurs et très sincères remerciements.
Pour aujourd’hui, nous donnerons des notes sur le Prieuré d’Alençon.
H. – M. LEGROS et H. TOURNOÛER.

I — EVECHÉ D’ALENCON
L’origine du prieuré d’Alençon est très obscure et la perte des titres originaux ne permet pas de l’éclaircir. Belard l’attribue sans preuve à Guillaume Talvas, le fondateur de l’abbaye de Lonlay [1. Inventaire des titres, papiers et enseignements concernant la cure d’Alençon, 1720, par P. Belard, pp. 115 – 120.]
. Odolant – Desnos, sans raisons plus sérieuses, à l’un des seigneurs de Larré, bienfaiteur de la même abbaye [2. Mémoires historiques sur Alençon, p. 37, et édit. 1858, p. 101, par Odolant – Desnos – Voir aussi Rapport à M. le Préfet de l’Orne sur l’abbaye et Véglise deLonlay, par L. de La Sicolière, p. 14.].

Ce prieuré fut visité trois fois, en 1250, 1255 et 1260 par Eude Rigaud, archevêque de Rouen, qui, sur son curieux registre \ a consigné des observations que l’on trouvera dans Belard, swprà cit, p. 115, et que M. de La Sicotière, p. 104, en note, résume ainsi : Il n’était habité que par trois et parfois deux moines. Leur conduite laissait à désirer ; ils n’observaient pas les jeûnes de la règle, mangeaient de la viande en tout temps, laissaient des femmes entrer et manger dans le couvent. Ils n’avaient pas non plus l’exemplaire obligé de la règle et des statuts du pape Grégoire. Rigaud prescrivit la réforme de ces abus 2.
Si nous n’avons pu nous procurer aucune pièce indiquant l’origine de ce prieuré 3, nous pouvons, du moins, offrir à nos lecteurs six documents in – extenso que Belard ne fait qu’indiquer :

  • I – 1475 – Transaction entre le Prieur et les habitants d’Alençon, au sujet du bastiment de la nef de Nostre – Dame (côté du Prieuré ou de L’Epitre).
  • II – Extrait du contrat (ci-dessus) passé entre le Prieur d’Alençon et les Marguiliers de Notre – Dame pour le bastiment de l’église en 1475, par P. Belard.
  • III – 1477 – Ratification du contrat ci – dessus de 1475, par Estienne Blosset, commendataire et économe de l’abbaye de Lonlay.
  • IV – 1571 – Transaction entre Me Chollet, curé d’Alençon et Anthoine Landry, prieur d’Alençon, au sujet de la portion congrue.
  • V — 1594, 3 février – Arrest du Parlement de Caen qui confirme la transaction entre le curé d’Alençon, Gervais

1. Registrwn visitalionum archiepiscopi Hothomagensis, pp. 80, 234, 373.
2. Mém. hist., ut suprà, édit. 1858, p. 104.
3. Dans ses notes inédites, Bibliothèque de M’ne de Saint – Hilaire, n 130, II, p. 130, Odolant – Desnos nous dit que de son temps la maison de M™ Morin était l’ancienne demeure des moines ou prieuré .

Chollet et le Prieur d’Alençon, Anthoyne Landry, au sujet de la portion congrue.
VI – 1656 – Traicté du bail à ferme du Prieuré d’Alençon.

I

1475 – TRANSACTION ENTRE LE PRIEUR ET LES HABITANTS D’ALENÇON AU SUJET DU BASTIMENT DE LA NEF DE NOSTRE – DAME (COTÉ DU PRIEURÉ OU DE L’EPITRE), PAR LAQUELLE LE PRIEUR DONNE UNE PLACE POUR FAIRE UNE CHAPELLE ET QUI REÇOIT EN CQNTRESCHANGE LA MAISON DE JEAN ROLLIN.

Bien que cette pièce soit déjà publiée dans notre étude sur les Cloches et Horloges de l’église Notre – Dame d’Alençon, dans le n° d’avril 1914, pp. 319 – 321, de là Soc. Hist. et Arch. de l’Orne, nous la donnons de nouveau ici. De la sorte, elle formera un tout avec les autres pièces concernant le thrésor ou esglise de Nostre – Dame [1. Notre – Dame d’Alençon rebâtie plus grande et magnifique en 1477, par P. Germain – Beaupré, dans le. Bulletin de la Soc. Hist. et Arch. de l’Orne, t. XXXIV, avec tir. à part de 16 pages.]
. Puis et surtout, ce document avec les deux suivants qui l’accompagnent, nous montreront que, même après l’article pourtant si documenté au point de vue architectonique de M. l’abbé Germain – Beaupré la question de l’époque de la construction de la nef et des bas – côtés de l’église Notre – Dame, loin d’être résolue, reste toujours ouverte.
Si, en effet, s’appuyant sur les documents que nous allons donner tout à l’heure, Odolant – Desnos, après P. Belard, a pu dire que le bas – côté donnant sur le Prieuré n’était pas encore commencé en 1477 alors que celui du cimetière était fini en 1475, nous ne savons sur quoi il se base pour avancer que la nef date du milieu du XIV° siècle. Et avec M. de La Sicotière nous préférons admettre qu’elle n’a été construite qu’au XV° siècle .
Mais à quelle époque précise ? Est – ce avant 1444, comme le veut, sans raison plausible, Mme Gérasime Despierres 2 ? ou bien, sans aucun doute, à la fin du XV° siècle , comme le prétend M. l’abbé Germain ?
Nous nous garderons bien de nous prononcer. Seul, un document précis et authentique pourrait nous renseigner. Et malgré l’aimable, mais attristante réponse du savant conservateur de la Bibliothèque Nationale, nous affirmant ne posséder en ses archives aucune pièce relative à ce sujet, nous persistons à croire que des érudits de notre Société, tels que MM. des Rotours, J. Besnard, le R. P. Ubald et d’autres, qui sont des assidus de cet établissement, finiront bien par découvrir une pièce qui viendra nous fixer.
Enfin, avant de produire nos documents, disons encore que plus tard nous donnerons quelques pièces qui prouveront que trois au moins des chapelles latérales de la nef ont été construites de 1501 à 1513.

II

1475 – EXTRAIT DU CONTRACT PASSÉ ENTRE LE PRIEUR D’ALENÇON ET LES MARGUILIERS DE NOTRE – DAME POUR LE BASTIMENT DE L’ÉGLISE EN 1475.
Le dernier septembre 1475, religieux homme et honneste
1. Mèm. hist. sur Alcnçon, par Odolant – Desnos, édit. 1858, p. 106.
2. La nef fut terminée avant 1444, puisque, à cette date, nous trouvons dans les registres de Notre – Dame des dépenses faites pour les fonts baptismaux, l’horloge, le pupitre de l’église et la couverture du clocher . Portail et vitraux de l’église Notre – Dame, 1891, par Mm Gérasime Despitires, p. 4.

frère Pierre Chance, prieur du prieuré d’Alençon, et membre dépendant de l’abbaye de Notre – Dame de Lonlay, désirant le bien et augmentation de l’église de Notre – Dame dudit lieu, veut, consent et oblige autant que toucher lui pouvoit, que les trésoriers de ladite église et les bourgois et habitants de la ville ayent et prennent à toujours par héritage sur l’héritage dudit prieuré du costè de la maison et jardin dudit prieuré, telle portion d’héritage qui leur sera nécessaire et selon la borne qui y est mise 1,.pour faire une aile et accroissement en ladite église d’Alençon semblable à celle qui y est de nouveau faite du costé du cimetière. Et fut ce fait moyennant et promis que Olivier Gasteligneul… et autres dénommés audict contract, tous bourgois, manants et habitants de ladite ville se sont submis et obligez bailler préalablement et pour récompense audit prieur la maison où demeure à présent Jean Rollin, comme ainsy qu’elle se poursuit, laquelle maison lesdicts bourgois et thrésoriers seront tenus de garantir audit prieur et successeurs franche et quitte de toutes rentes ; et moyennant les dites choses les dits thrésoriers seront tenus d’acquiter ledit prieur sa vie durant, autant qu’il sera prieur, de tel droit que les chapelains de ladite église demandent audit prieur pour les testes annuelles où ledit prieur est tenu de faire le service…
(Arch. par. de Notre – Dame, copie papier double feuillet in – 16). Cet extrait est écrit de la main de Me Pierre Belard, qui a ajouté : Le 13 juillet 1477, Estienne Blosset commendataire de ladite abbaye agrée tout ce que dessus. On remarquera que Pierre Belard commet deux légères erreurs de dates ; il parle des 30 septembre 1475 et 13 juillet 1477 alors que les documents mentionnent les dates des 2 septembre 1475 et 8 juillet 1477.
1. La borne dont il est question ici se trouve évidemment dans le terrain du côté du prieuré, et non pas du côté du cimetière. De même, aux yeux de M. Belard, le bas – côté longeant le cimetière était bien construit à cette époque.

III

1477 – RATIFICATION DE LA TRANSACTION DE 1475, FAITE EN 1477 PAR ESTIENNE BLOSSET, COMMENDATAIRE ET ÉCONOME DE L’ABBAYE DE LONLAY, PAR LAQUELLE IL RECONNAÎT ET RATIFIE TOUT CE QUI AVAIT ÉTÉ CONVENU EN 1475 AU SUJET DU BASTIMENT, COTÉ DU PRIEURÉ, DE LA NEF DE NOSTRE – DAME.
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut en Notre [Seigneur], Scavoir faisons que nous Estienne Blosset commendataire de l’abbaye de Notre – Dame de Lonlay au diocèse du Mans, étant l’économe d’iceluy lieu, d’un commun assentiment et mesme volonté et désirant le bien et augmentation de l’église de Notre – Dame d’Alençon et l’escroisement d’icelle, de laquelle nous sommes portions, louons, ratifiions et approuvons les lettres et consentement que frère Pierre Chance, relligieux de notre dite abbaye et prieur de notre prieuré d’Alençon, a fait et baillé par manière d’échange aux bourgeois et habitants d’icelle ville de telle héritage qui de sondit prieuré leurs est nécessaire à faire une aille et escroissement en ladite église de Notre – Dame d’Alençon, du costé dudit Prieuré, tel et semblable qu’est l’escroissement qui de nouvel à esté fait en ladite église du costé du cimetière, par les bornes [1. On remarquera que les bornes regardent le côté du prieuré et non celui du cimetière.] qui en ce ont esté mises et assises jouxte ce et pour les causes à plain desclarées es lettres dudit consentement passées devant Mes Jehan Guiton et Jehan Gaullart, tabellions d’Alençon, le deuxième jour de septembre l’an 1475, parmy lesquelles les présentes sont annexées ; iceluy consentement par nous donné moyennant et parce que lesdits bourgeois et habitants seront tenus fournir audit prieur d’Alençon pour récompense dudit héritage et autres choses contenues et déclarées esdites lettres annexées si fait ne sont ; en témoin desquelles choses nous avons seellé ces présentes des sceaux de notre [monastère] le 8e juillet 1477.
(Arch. parois, de Notre – Dame d’Alençon, copie papier double feuillet in – folio).
Au bas est écrit de la main de Me Pierre Belard :
L’original desdites copies est dans le chartrier de la confrairie de la Présentation de Notre – Dame, dont lesdites copies ont été tirées.

IV

1571 – TRANSACTION ENTRE Me CHOLLET, CURÉ D’ALENÇON, ET ANTHOYNE LANDRY, PRIEUR D’ALENÇON, AU SUJET DE LA PORTION CONGRUE, PAR LAQUELLE, EN DÉCHARGE DE LA PORTION CONGRUE, LE PRIEUR DONNE AUDIT CURÉ 40 LIVRES TOURNOIS PAR AN, ET LUI ABANDONNE LA MOITIÉ DES MENUES DIXMES, LES NOVALLES, LES MENUES DIXMES DU TRAIT DE LA BARRE, AVEC UN SEPTIER DE FROMENT, UN D’ORGE ET UN D’AVOINE.
Comme procedz fut pendant ou espéré de mouvoir entre frère Gervais Chollet, curé de l’église Nostre – Dame d’Alençon d’une part, et discret Me Antoine Landry, prieur dudit Allençon, pour raison de ce que ledit Chollet disoit que les charges de saditte cure estoieht grandes, parce qu’elle estoit départie en deux églises pour tous les habitans de laditte ville et forsbourgs dudit Alençon, et que pour satisfaire au service divin luy estoit nécessaire avoir plusieurs vicaires et commis, et touttefois n’estoit ladicte cure dottée de revenu suffisant pour subvenir à la nourriture et entretien dudict curé, ses vicaires et autres personnes nécessaires audict service, comme il estoit notoire, le voulloit informer mesmes que le revenu du dedans de l’église estoit cogneu grandement diminué, qui avoit contrainct ledict curé se pourvoir contre ledict Prieur duquel le revenu se montoit à grande somme et estoit fondé es grosses dixmes de laditte parrqisse et deux parts des menues et autres revenus et domaines ; lequel Prieur de sa part disoit le revenu dudict curé estre suffisant pour luy et autres entendans avec luy à sa charge, lequel ne pouvoit selon les ordonnances notoires demander plus grand revenu que la somme de six vingt livres selon lesdittes ordonnances, et icelle fournie n’y auroit lieu de demander autre pention congrue, et pour monstrer et déduire le revenu de laditte cure revenu à la ditte somme, plus disoit que ledit curé possédoit des maisons de grande valleur et commodité, avoit vingt – cinq livres de pension ordinaire assignée sur la recepte ordinaire du domaine de Monseigneur le Duc de tout temps et d’antiquité portée par les comptes de laditte recepte, la tierce partie des menues dixmes et légumages qui pouvoient monter à beaucoup pour la grande estendue de laditte paroisse et grand nombre de jardinages scituez es fauxbourgs et lieux circonvoisins de laditte ville, le revenu ordinaire des bienfaits et oblations du dedans de l’église, sauf des cinq festes principalles et solemnelles qui s’appellent rendables, dont encores ledict curé prend la tierce partie et le dit prieur les deux parts et auquel il appartient faire le service divin es dittes festes ; item a ledit curé le gros de plusieurs fondations de plusieurs confrairies, comme de la confrairie de Toussaint qui se monte douze livres avec les distributions manuelles des messes, obits et services de la ditte confrairie de valleur de plus de dix livres, et a semblablement de la confrairie de Nostre – Dame de pareil revenu, prend autre revenu en plusieurs autres fondations et confrairies ainsy que l’un des autres chappellains ; item les luminaires des obsèques et funérailles en chacune desdittes églises, les oblations qui se font en la chapelle Saint – Blaize, faubourg dudit Alençon, en partie les sallaires des mariages et autres revenus ordinaires avec plusieurs parties de rentes foncières attribuées à laditte cure dans les bienfaits ordinaires des paroissiens, touttes lesquelles choses peuvent revenir à grande somme de deniers plus que ne pouroit demander ledit curé.
Sur quoy les parties estoient pour entrer en grande involution de procès pour auquel obvier, nourrir paix et amitié entr’eux après avoir lesdittes parties communiqué de leurdits différents aux gens de Monseigneur le Duc et estre ouyes sur ce que dessus, ont desdits différents, circonstances et dépendances transigé, pacifié et accordé en la manière qui ensuit, c’est à scavoir que pour donner par ledict Prieur audit Curé meilleur moyen de s’entretenir honnestement, ledict Prieur lui a promis, promect et s’oblige payer par chacun an la somme de quarante livres, et à deux termes, à scavoir Pasques et Toussaint par moitié, premier terme de payement commenceant au jour de Pasques prochainement venant, en outre luy a quitté, ceddé et délaissé, quitte, cedde et délaisse la moitié des menues dixmes et toutes les novalles sy aucunne y a, avecques toutes les menues dixmes du trait de la Barre que ledit Curé prendra comme de coutume, d’avantage pour le passé luy donne un septier froment, un d’orge, un d’avoine, en considération que depuis le temps qu’il avoit fait ledict service, il n’avoit eu grand revenu.
Et moyennant ce, ledit Prieur demeure quitte et deschargé de’la portion congrue qui luy pouvoit estre demandée par ledict Curé, et sans que ores ny à l’advenir luy en puisse estre faict question ny demande.
Et en ce faisant lesdittes parties sont de leur consentement mises hors de cour et de procès.
Donné es présence de François Vasnier, Biaise Despierres et de Jehan Gillot d’Allençon. Le registre signé desdicts Chollet, Landry et tabellion.
Signé : GILLOT avec paraphe.
Collation faitte sur l’original en papier représenté par Me Louis Raimboult, procureur de Me Pierre Blard, presbtre, curé de Nostre – Dame d’Allençon, en la présence de Me Augustin Lhumé, procureur des sieurs presbtres et chapelains de ladite église en conséquence de la sommation faitte par ledict Lhumé audict Raimboult le 9 Aoust dernier. Ledict original rendu « audict Raimboult par moy huissier au Parlement de Rouen le 1er Dec. 1723.
RAIMBOULT. (Arch. de la fabrique de Notre – Dame d’Alençon. Copie papier 8 feuilles in – folio).
Aux mêmes Archives se trouve une autre copie sur papier 4 feuilles in – 8°, également contrôlée par Raimboult, et au bas de laquelle copie se trouve ce qui suit de la main de Bidou, notaire :
Collationné à l’original en papier représenté par vénérable et discrette personne Me Pierre Blard, presbtre, docteur de Sorbonne, curé d’Alençon, et à luy rendu par nous nottaire royal à Allençon soussigné le 1er May 1723.
P. BELARD. BIDOU.
Controllé à Alençon le 1er May 1723.
Reçu six sols. PIGNY.

V

1594 – ARREST DU PARLEMENT DE CAEN QUI CONFIRME LA TRANSACTION DE 1571 ENTRE LE CURÉ D’ALENÇON GERVAIS CHOLLET ET LE PRIEUR D’ALENÇON ANTHOYNE LANDRY, AU SUJET DE LA. PORTION CONGRUE.
Henry jjar la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Scavoir faisons qu’en la cause dévolute en notre court de parlement entre les Prieur, Religieux et Couvent de Saint – Dominique d’Argenthan, successeurs de frère Gervais Chollet vivant religieux et curé de l’église parroichial de Notre Dame d’Alençon, appellant de sentence donnée par le bailly dudict lieu ou un lieutenant le troysiesme jour d’Aoust mil cinq centz quatre vingz treze, et en principal demandeurs en exécution de l’arrest de notre dicte court du dix septiesme septembre mil cinq centz quatre vingtz douze, confirmatif de sentence donnée par ledict bailly ou son lieutenant le vingt quatriesme décembre mil cinq centz quatre vingtz dix et en liquidation des fruictz provenants de la moytié des menues dixmes de ladicte paroisse perceus ou empeschés percevoir es années 1590, 91 et 92 non comprins le traict de la Barre, ensemble pour audit payment de la rente de cent livres pour deux années et demie de traize escus un tiers de la pension accordée audict Curé par Me Anthoine Landry, prieur dudict Alençon.par transaction faicte entre luy et ledict deffunct Chollet en l’an mil cinq centz soixante et unze, mesmes d’autres cent livres pour les prédications faictes en ladicte église d’Alençon tant par ledict deffunct Chollet que demandeurs èsdictes années 1590, 91, 92 et de la somme de unze escuz pour respicés de raportz de procès et jugements d’iceulx par sentence des 16 d’Aoûst et 24 décembre 1590 ; et encores iceulx religieux demandeurs en réparration d’injures prétendues avoir esté employées aux escriptz desdicts défendeurs d’une part, et Thomas Le Moyne et François Moustier, fermiers, inthimés audict principal défendeur chacun pour son faict et regard d’autre part ;
Veu par notre dicte court le procès et extraict d’entre lesdictes parties, an – est d’icelle du 10 Décembre 1593 par lequel après que lesdictes parties eurent conclud audict procès comme à procès par escript joinct le relief desdicts appellans pour valloir qu’il appartiendroit, notre dicte court leur avoit ordonné clore dans trois jours, autrement seroit fait droit par ce qui seroit trouvé par devers icelle sentence dont est apellé dudict 3e jour d’Aoûst 1593, par laquelle ledict Le Moyne auroit esté condamné envers lesdicts Religieux en une quarte partye des menues dixmes et moitié de ladicte pension mentionnée en ladicte transaction de l’an 1571 pour l’année 1590, dont liquidation seroit faite aux despens dudict Le Moyne, lesdicts Religieux et Moustier pour Péquipolent d’icelluy Moustier qui est l’autre moitié de ladicte pension et quarte partye des dictes menues dixmes en ladicte année, renvoyez comptes ensemble, comme aussi ledict Le Moyne avoit esté condamné envers lesdicts Religieux au payment tant de ladite pension pour l’année 1592 que de unze escuz pour espices consommées èsdictes sentences du 16° d’Aoûst et 24 Décembre 1590, le tout en faisant par lesdicts Religieux vuider les arrestz faitz à l’instance tant du recepveur des décimes du diocèse de Sées que dudict Le Moyne et autres si auchuns y en av.oit ; et pour le regard desdictes menues dixmes pour les années 1591 et 92 et pension dudict an 1591 lesdicts Religieux en avoint esté déboutés, sauf à eux à exécuter l’arrest de main levée donné au proufict dudict Chollet à rencontre du recepveur du domaine ayant receu ou deu recepvoir avant ledict arrest le prix de l’adjudication des fruitz et revenus dudict bénéfice pour ladicte année 1591, à laquelle fin avoit esté ordonné à Jacques Touars et Martin Letourneur commissaires establis au régime du revenu du temporel de ladicte court, et Me Christofle Le Rouillé cessionnaire de Me Daniel Prevel fournir auxdicts Religieux les acquits dudict recepveur, autrement et à faute de ce faire ils avoient esté envers eux condamnez au payment de la somme de vingt six escuz à quoy se montoit l’adjudication dudict revenu, sauf aussy la récompense desdicts commissaires à eux adjugée à l’encontre dudict Rouillé, iceux Religieux condamnez aux despens envers lesdicts fermiers en ce regard, mesmes avoint esté déboutez de leur prétention et demande desdictes quarante livres par chacun an poulies prédications faites en ladicte église d’Alençon avec despens en ce regard adjugez audict Le Moyne, et quant à la réparation d’injures prétendues avoir esté employées aux escriptz desdicts deffendeurs au discours dudict procès les parties avoint esté envoyées hors de court et de procès sans interestz ne despens d’une part ne d’autre ;
Relief d’apel de ladicte sentence du 12 Août audit an 1593. Exploit d’icelluy ;
Autre sentence donnée par ledict bailly le 24 Décembre 1590 par laquelle lesdicts Lemoyne et Moustier avoint esté définitivement déboutez de l’effect du mandement par – eux obtenu pour deffendre audict deffunct Chollet la perception des menues dixmes et novalles de ladicte parroisse de Notre – Dame d’Alençon, et en ce – faisant adjugé audict Chollet la moitié desdictes menues dixmes comprins ledict traict de la Barre avec les novalles si auchunes y en avoit, lesdicts Le Moyne et Moustier condamnez à la restitution.